Werner Gitt

Questions qui reviennent toujours

L’auteur:

Werner Gitt est né en 1937 à Raineck, en Prusse orientale. De 1963 à 1968, il a étudié à l’Ecole Technique Supérieure de Hanovre et y a obtenu son diplôme d’ingénieur. De 1968 à 1971, il a été maître-assistant à l’Institut des techniques de régulation de l’Ecole Technique Supérieure d’Aix-la-Chapelle. Après deux années de recherches, il a obtenu son doctorat. Depuis 1971, il dirige le service du traitement de l’information à l’Institut National de Physique de Braunschweig, dont il fut nommé directeur et professeur en 1978. Il s’est beaucoup intéressé aux questions scientifiques en rapport avec l’informatique, les mathématiques numériques et les techniques de régulation. Il a publié de nombreux articles dans les revues scientifiques concernées. En 1966 il a épousé Marion. Deux enfants sont nés de cette union: Carsten en septembre 1967 et Rona en avril 1969.

1ère édition française 1992 2ème édition française 1996 3ème édition française 2001

Original d’Allemagne: Werner Gitt,«Fragen, die immer wieder gestellt werden» © 1989 par CLV «Christliche Literatur-Verbreitung»B. P. 110135 D-33661 Bielefeld Traduction d’Antoine Doriath Couverture: Gerhard Thiessen, Bielefeld Composition: CLV Impression et reliure: Ebner Ulm

ISBN 3-89397-197-1

Introduction

L’idée de ce livre: L’idée d’écrire ce livre est venue à l’esprit de l’auteur pendant une série de réunions d’évangélisation qu’il tenait dans le cadre très particulier d’un magasin de mode. En effet, Harro Mülhäuser, propriétaire du magasin du même nom à Munich, avait mis à disposition le premier étage de son magasin pour des réunions d’évangélisation tenues chaque soir de la semaine. Il fallait donc chaque soir: décrocher les vêtements, ranger les portemanteaux, disposer 250 chaises, annoncer l’évangile, ranger les chaises, remettre les portemanteaux pour que le personnel puisse dès le lendemain matin y suspendre les vêtements. Il n’y eut pas assez de chaises, mais la moquette du sol et les marches d’escalier étaient suffisamment confortables pour que de nombreux auditeurs acceptent de les utiliser comme sièges d’appoint! 350 personnes prirent ainsi place dans la salle. Le magasin était particulièrement bien situé dans la zone piétonne, à quelques pas de l’Hôtel de ville et de la Frauenkirche, et une très grande partie du public n’avait aucun lien avec les milieux chrétiens. Après l’exposé, l’assistance avait la possibilité de poser des questions dont la plupart ont été reprises dans ce livre. Elles témoignent manifestement d’un besoin d’éclaircissement préalable à toute profession de foi.

La nature des questions: Cet ouvrage comporte donc un grand nombre de questions posées à l’auteur lors de sa campagne d’évangélisation à Munich. Mais il en contient aussi d’autres qui lui ont été soumises lors de réunions organisées ailleurs. De plus, W. Gitt préside chaque année le moment réservé aux questions, lors de la grande rencontre de jeunesse à Ahlden. A cette occasion, de nombreux problèmes sont soulevés par les jeunes. Toutes les questions dans ce livre ont été réellement posées. L’ouvrage ne répond donc pas à un assortiment de questions sur la Bible n’intéressant que des «initiés». Non, l’auteur a eu en face de lui des sceptiques et des chercheurs qui lui ont fait part de leurs doutes et de leur embarras. Accessoirement, il s’attaque aussi à quelques points particuliers qu’il a estimé devoir aborder dans le cadre de cet ouvrage.

Méthode suivie: Les Grecs de l’Antiquité avaient développé une logique qui a fait ses preuves dans les sciences exactes; aussi était-il tentant de l’appliquer à d’autres domaines. La Renaissance a été marquée par cet esprit qui, il faut le reconnaître, a finalement favorisé le développement de la critique à l’encontre des vérités bibliques. Si les questions dont traite le présent livre avaient été uniquement de nature mathématique, on aurait pu faire usage de la logique mathématique. Mais le plus souvent, elles concernent des sujets existentiels qui échappent à un traitement purement logique. La philosophie ne peut pas nous être d’un grand secours non plus. Comme l’a déclaré le philosophe Hans Lenk, de Karlsruhe:

«La philosophie fournit rarement des solutions définitives; elle a pour champ d’action l’étude des problèmes, non celle de la matière ou des résultats. Pour elle, il est plus important de soulever un nouveau problème que de répondre, même partiellement, à une question déjà posée.»

Dieu veut et peut nous conduire dans toute la vérité, aussi bien dans le domaine de la pensée que dans celui de l’action et de la foi. C’est pourquoi la référence ultime et absolue à laquelle nous nous rapportons est la Parole de Dieu, transmise sous la forme des Saintes Ecritures. Aucun témoignage humain ne peut remplacer cette source unique. Comme toutes les questions y puisent leurs réponses, le livre se termine par un appendice détaillé consacré à la Bible: sa nature, sa formation, ses affirmations, son importance. C’est le seul endroit du livre où le lecteur trouvera des affirmations systématiques; celles-ci lui sont indispensables s’il veut poursuivre ses recherches dans la Bible.

Par manque de place, les réponses n’ont pas toujours le développement qu’elles mériteraient. Le sujet n’est donc pas épuisé dans les quelques lignes qui lui sont consacrées. Compte tenu du nombre de questions, il a fallu faire un tri arbitraire et ne garder que celles qui sont d’un intérêt général. Les problèmes sont parfois si proches que les réponses se recoupent. Pour des raisons de clarté, les questions sont regroupées par thèmes. Certaines trouvent une réponse biblique directe sous la forme d’un verset approprié. D’autres nécessitent le rapprochement de différents textes, et les conclusions qu’on pourra tirer dépendent en grande partie de la connaissance que l’on a de la Bible et de l’aptitude à adapter les réponses bibliques à des situations données.Là intervient naturellement la subjectivité de l’auteur. En général, les questions «Pourquoi?» n’obtiennent pas de réponse satisfaisante. Elles n’en recevront une que le jour où la foi sera changée en vue.

Remerciements: Je dois beaucoup à ma femme qui m’a fait part de ses sages critiques lors de la lecture du manuscrit et qui a patiemment saisi le texte sur notre ordinateur familial.

Notre prière est que le lecteur puisse trouver dans ces pages les réponses aux questions qu’il se pose sur l’existence et la foi.

Préface à la troisième édition

En tant qu’auteur, je me réjouis évidemment de ce que ce livre en soit à sa troisième édition française (quinzième en allemand). Des améliorations ont été apportées au contenu qui a également été augmenté. Le livre est actuellement traduit en quatorze langues. L’ouvrage allemand a pris la même image de couverture que les traductions en différentes langues. Le livre a trouvé de nombreux amis en Allemagne et en dehors de ses frontières. Au fil des ans, j’ai reçu un courrier abondant qui m’a encouragé et m’a rempli de reconnaissance pour le Seigneur. Plusieurs lecteurs sont venus au Seigneur par la lecture de ce livret, ou ont progressé dans leur vie chrétienne grâce à lui. Parmi les nombreuses lettres reçues, je me suis permis d’en citer une, avec la permission de son auteur. Elle est reproduite pp. 175-177. Puisse cette nouvelle édition augmentée être en bénédiction à beaucoup d’autres!

Werner Gitt Mars 1998

Appendice

Lettre d’un lecteur

Vendredi soir, vers 19 heures 30, juillet 1987. Je me dirige vers la zone commerciale, Marienplatz, moi habitant de Düsseldorf à Munich. Devant un magasin de mode, quelqu’un me tend un tract. C’est une invitation intitulée: «Pourquoi y a-t-il des étoiles?» Un professeur va traiter ce sujet dans quelques minutes dans le magasin Mühlhaüser. «Thème intéressant, me dis-je. Mais le conférencier n’en sait pas plus que moi sur cette question. Je vais aller l’écouter.»

Cher Monsieur Gitt,

Aujourd’hui, je le sais, ce fut le déclic! Je me souviens bien que quelques personnes glanées dans les rues, sont venues, comme moi, écouter votre conférence et ont contesté vos affirmations. Je me rappelle que le soir, je me suis dit: «Que veulent-ils donc? Ne voient-ils pas que cet homme dit la vérité? Peut-on être aveugle à ce point! Il a parfaitement raison!»

Jusqu’alors, je ne voulais rien savoir de la foi, de l’église ou de choses semblables. Pour moi, Jésus était un homme comme tous les autres. Mais votre exposé m’a conduit à la plus importante décision de ma vie. Votre conférence, le dernier jour, m’a amené à Jésus-Christ. C’est vous, cher Monsieur Gitt, qui avez été l’instrument de Dieu dans ma conversion. Aujourd’hui, dix ans plus tard, je tiens encore à vous en remercier.

J’avais alors vingt-neuf ans. Neuf mois plus tard, j’ai été baptisé dans l’église baptiste de Düsseldorf. Pourtant, les temps qui suivirent ne furent pas heureux pour moi. Je n’étais pas un enfant qui procurait de la joie à Dieu. Au contraire, je m’éloignais de lui, j’était pris dans les pièges du monde et vivais contrairement aux enseignements de la Parole de Dieu.

Aujourd’hui, je le sais, c’est par grâce que le Seigneur Jésus m’a protégé et m’a ramené sur le bon chemin. Je tiens à vous dire que cela s’est produit grâce à votre aide.

Sans but précis, ma femme et moi passions quelques jours en Hollande. Nous avions atterri sur la côte, à Noordwijk. Comme ce n’était pas encore la pleine saison touristique, nous n’avons eu aucune peine à trouver une location. Nous avons choisi une pension de famille parmi les nombreuses qui jalonnaient la route, et nous sommes montés dans notre chambre. Un livre et la revue «ethos» étaient posés sur la table à l’intention des pensionnaires. J’ouvris le livre et lus la première phrase de la préface:

«Idée du livre: l’idée de ce livre est venue pendant une série de réunions d’évangélisation que l’auteur avait tenue dans le magasin Mühlhaüser, de Munich. Le gérant du magasin Harro Mühlhaüser avait présenté…»

Tilt! Vous vous rendez compte! Pouvez-vous vous imaginer ce qui s’est tramé dans mon esprit? Non, certainement pas! Voilà que par la page imprimée, l’homme qui m’avait conduit au Seigneur Jésus-Christ, me parlait à nouveau! Et avec quel a propos! Les réponses que je trouvais dans ce livre «Questions» correspondaient à mon besoin précis à ce moment-là.

Cela s’est passé en 1993. Aujourd’hui, dix ans après votre exposé dans le magasin de Munich, j’ai trente-neuf ans, je suis marié à Christine et nous avons trois enfants âgés respectivement de quatre ans, deux ans et à peine un an. Il y a dix ans, ma vie n’avait aucun sens. Je n’avais aucune réelle perspective d’avenir. Aujourd’hui, j’en ai une. Et quelle perspective! Ma vie a un sens. Par la foi en notre commun Seigneur Jésus, je suis devenu un enfant du Dieu vivant. Je place ma confiance dans la Parole de Dieu, je suis solidement ancré dans la foi et j’ai trouvé ma place dans une assemblée chrétienne. Bref, j’ai trouvé le chemin, la vérité et la vie.

Cher Monsieur Gitt, merci de tout cœur!

Dietmar Schmidt

Grevenbroich, le 24 juillet 1997.

Témoignage personnel de l’auteur

Dans les lignes qui suivent, je vais retracer mon itinéraire et dire comment Dieu m’a trouvé par Jésus-Christ. Je me limiterai à quelques grandes étapes de ma vie pour montrer comment Dieu a agi dans ma vie, comment il m’a appelé, conduit et béni.

1. Enfance et adolescence: Je suis né le 22 février 1937 dans la ferme de mes ancêtres à Raineck, près d’Ebenrode, un petit village situé au nord de la Prusse-Orientale. Jusqu’à la fuite, j’ai vécu une enfance heureuse et sans souci dans un cadre rural. J’avais sept ans et venais d’entrer en deuxième classe de l’école communale, lorsqu’en octobre 1944 nous avons dû fuir Raineck pour trouver refuge à Peterswalde, dans la partie sud de la Prusse-Orientale. En janvier 1945 nous parvint - malheureusement trop tard - la nouvelle de l’entrée de l’Armée Rouge. Un vent de panique souffla sur nous tous. Sauve qui peut! Comme j’avais de la fièvre, on me transporta dans mon lit de la chambre directement sur un chariot. En toute hâte se forma un convoi de charrettes tirées par des chevaux. Hélas, il fut bientôt arrêté par les russes. Mon frère Fritz, alors âgé de 15 ans, fut emmené. Il ne revint jamais. Ma mère (Emma Gitt, née Girod) fut à son tour déportée en Ukraine où elle mourut peu après son arrivée dans les bras d’une autre déportée. Ce témoin revint à Schwerin quelques années plus tard et me communiqua les dernières paroles de ma mère: «Qu’adviendra-t-il de notre petit Werner?». En novembre 1945, j’ai connu l’expulsion hors de notre pays natal en compagnie de deux tantes, de ma cousine Rena et de mon grand-père, qui mourut après avoir passé une nuit glaciale dehors, peu avant que nous soyons acheminés vers Osterode, en Prusse-Orientale, dans des wagons à bestiaux. Le voyage dura 10 jours.

Après une halte à Sanitz, près de Rostock, nous sommes finalement arrivés à Wyk-sur-Föhr, une île de la mer du Nord.

Mon père était prisonnier de guerre en France et ignorait tout du sort tragique de sa famille. Il ne pouvait même pas se servir du papier à lettres qui était distribué une fois par mois, car, contrairement à tous ses camarades d’infortune, toute sa famille venait de Prusse-Orientale. Il ne savait pas où les membres de la famille s’étaient réfugiés. Une nuit, mon père fit un rêve étrange. Dans son rêve, il rencontrait un parent éloigné qui vivait en Rhénanie bien avant la guerre déjà. Au moment où, après l’entretien qui faisait suite à une si longue séparation, les deux amis allaient se séparer, l’autre dit à mon père: «Hermann, viens donc me rendre visite!» Toujours dans le rêve, mon père lui répondit: «Mais où demeures-tu? Je n’ai pas ton adresse.» Le parent lui dit calmement: «Bochum, 134a, rue Dorstener.» Sur ce, mon père se réveilla, alluma la lumière et s’empressa de noter cette adresse. Il raconta son rêve étrange aux camarades qui s’étaient réveillés entre-temps. Ils se moquèrent de lui. Mais mon père ne se laissa pas démonter et leur déclara sa ferme intention d’écrire à cette adresse. La lettre arriva à son destinataire: un oncle éloigné qui mit mon père en contact avec ma tante Lina et avec moi à Wyk-sur-Föhr. La nouvelle que mon père était en vie me remplit de joie. J’eus d’abord beaucoup de peine à me persuader que je n’étais plus orphelin de père et de mère, et que j’avais encore un père. Mon père revint de captivité en 1947 et me retrouva comme seul survivant de la famille. Il se mit aussitôt à chercher du travail; c’est ainsi que nous sommes arrivés tous les deux dans une ferme de Saasse, petit village des environs de Lüchow dans le Wendland.

Aussi curieux que cela puisse paraître, compte tenu des temps dans lesquels nous vivions, les enfants du village m’invitèrent à participer avec eux à un club d’enfants. Je n’avais aucune idée de ce que cela pouvait être. J’imaginais que quelqu’un raconterait des histoires ou des légendes. Je ne me fis pas prier et me rendis dans l’unique pièce qu’occupait une soeur de paroisse. Chaque dimanche matin, Soeur Erna racontait une histoire biblique avec beaucoup d’enthousiasme. Puis elle priait et nous apprenait beaucoup de chants joyeux. Dès la première heure, je compris que les histoires que Soeur Erna nous racontait n’avaient rien à voir avec des fables. Ses paroles m’allaient droit au coeur. Conquis d’emblée, je fréquentai assidûment ce club.

L’année suivante, mon père se remaria; je dus habiter chez sa femme, dans le village voisin de Jeetzel, pendant que mon père allait travailler dans les fermes de villages éloignés. Ma belle-mère me témoignait beaucoup d’affection, bien qu’elle dût travailler péniblement comme couturière à domicile chez les paysans pour un salaire de misère, mais elle était nourrie. C’était une catholique pratiquante, mais elle ne fit jamais pression, pendant tout ce temps où j’étais influençable, pour me faire changer de religion, ce dont je lui suis reconnaissant encore aujourd’hui. Je continuais à fréquenter régulièrement le club d’enfants, par n’importe quel temps. Par sa fidélité, Soeur Erna a semé dans mon coeur d’enfant les premières graines de la Parole de Dieu, et cette semence n’allait pas tarder à germer. En 1950, mon père trouva du travail dans une usine et nous avons déménagé à Hohenlimburg, en Westphalie. Il n’y avait pas de communauté chrétienne fidèle dans cette ville; au contraire, le catéchisme que je suivis, tout orienté sur la critique destructrice des vérités bibliques, me fit souvent pousser ce soupir: «C’est dommage que les histoires bibliques ne soient pas aussi vraies que celles racontées par Soeur Erna!» Pourtant, la petite flamme que cette chrétienne avait allumée n’était pas éteinte, l’aspiration à la vérité n’était pas étouffée. Même le fait d’aller à l’église ne me fit pas progresser dans ma quête de Dieu, car les sermons qu’on y entendait n’impliquaient aucun engagement et par conséquent, n’appelaient aucune réponse décisive.

2. Ma rencontre avec Dieu: Après avoir terminé mes études à Hanovre et à Aix-la-Chapelle, je fus engagé en 1971 à l’Institut National de Physique de Braunschweig en tant que responsable du département du traitement de l’information. S’il faut décrire ma situation d’alors, je dirais que sur le plan professionnel, j’avais connu une belle réussite. J’avais obtenu mes deux diplômes dans deux spécialités différentes avec la note «très bien»» presque sans effort, et je réussis mon doctorat avec mention, en recevant en même temps la médaille «Borchers» de l’Université Technique d’Aix-la-Chapelle. On me confia immédiatement un poste de responsabilité dans la recherche. Marié en 1966, nous formions un couple sans histoire et étions heureux avec nos deux enfants. Nous n’avions aucun problème conjugal ou familial, pas d’ennuis de santé, pas de soucis d’argent. Plusieurs penseront sans doute que nanti de tous ces bonheurs, je n’avais pas besoin de Dieu. Je souligne cet aspect, car j’ai souvent entendu le témoignage de personnes qui se sont intéressées à l’évangile à la suite d’épreuves personnelles. Ce ne fut pas mon cas. Les voies de Dieu sont aussi différentes qu’il y a d’individus sur cette terre.

A l’automne 1972, deux campagnes d’évangélisation successives, de type différent, eurent lieu à Braunschweig; ma femme et moi avons assisté fidèlement à toutes les réunions. Il y eut d’abord un petit groupe chrétien qui évangélisa dans une salle du cours complémentaire proche de notre appartement. La méthode employée était simple: chaque visiteur recevait à l’entrée une Bible et un crayon rouge. Le responsable sollicitait l’active participation des auditeurs; il leur faisait lire et souligner les passages importants de la Bible. A la fin de cette semaine d’évangélisation originale mais efficace, nous eûmes le droit de garder les Bibles. Ma femme et moi avions ainsi chacun la même Bible; lors de notre lecture biblique, nous tombions souvent sur des passages déjà soulignés qui nous devenaient ainsi familiers. L’autre campagne d’évangélisation fut organisée peu après la première. Tous les jours, 2000 personnes se pressèrent dans la salle des fêtes. Les messages étaient bien ciblés; les évangélistes cherchaient visiblement à provoquer des décisions dans l’auditoire. Chaque soir, ils lançaient un appel pressant à se tourner vers Jésus-Christ et à croire en lui. Après la prédication de Leo Janz sur Luc 17:33-36 vint le moment de la décision: il fallait choisir entre le salut et la perdition. La lumière se fit dans mon esprit, et lorsque l’orateur invita les personnes désireuses de se convertir à s’avancer vers l’estrade, je surmontai mon appréhension et ma crainte et me dirigeai vers le devant de la salle. Ma femme m’accompagna. Nous eûmes chacun encore un entretien avec un conseiller différent; leurs paroles et leurs prières furent très utiles pour nous communiquer l’assurance du salut.

Curieusement, les deux personnes qui nous avaient aidés appartenaient au même groupe, auquel nous n’avons d’ailleurs pas tardé à nous joindre. Certains soirs, le pasteur Heinrich Kemner prêchait dans l’église St Martin bondée. Je me souviens encore très bien de son sermon sur la source du temple, d’après Ezéchiel 47. Son message fit sur moi une impression si forte que je voulus en savoir davantage sur cet homme, en particulier d’où il venait, car j’avais hâte de l’entendre à nouveau. Dans ce but, je me rendis à Krelingen, un village idyllique situé dans les landes, près de Walsrode. Les journées passées au camp de jeunes sous le grand chêne de Krelingen et celles vécues lors d’une mission de réveil eurent un impact décisif sur le développement de ma foi. Les livres du pasteur Kemner contribuèrent aussi et de façon sensible à mes progrès spirituels.

Tous ces événements m’encouragèrent à étudier sérieusement la Bible par moi-même et gravèrent profondément en moi la conviction que la Bible est la Parole de Dieu et qu’elle est marquée du sceau de la vérité. J’adhère de toute ma force à ce principe applicable à toute question de vie pratique et de doctrine. Cette confiance toute simple en la Parole de Dieu, que j’avais éprouvée au club d’enfants de mes premières années, n’était pas seulement revenue, elle s’était aussi consolidée et enracinée au point que je brûlais du désir de la partager autour de moi. En plus du témoignage personnel, je commençais aussi à prendre une part active dans les réunions d’étude biblique de notre église. J’ai rapidement compris la nécessité de faire partie d’une église fidèle et le devoir de s’engager personnellement dans la vie communautaire, si l’on veut vraiment grandir en Christ.

J’ai reconnu publiquement Jésus comme le Christ, le Fils de Dieu, mon Sauveur personnel. Bien que Dieu de toute éternité, Jésus-Christ est venu du Père, s’est fait homme pour nous racheter selon un plan qu’aucune intelligence humaine ne peut concevoir. Le Nouveau Testament nous révèle qu’en Jésus, Dieu a créé l’univers, la terre et la vie qu’elle renferme: «Dieu a fait toutes choses par lui; rien de ce qui existe n’a été fait sans lui» (Jn 1:3). Il est non seulement l’auteur de tout, il en est également le but (Col 1:16).

Pour moi, le fait que le créateur de toutes choses et l’homme qui meurt sur une croix soient une seule et même personne est une des réalités les plus exaltantes qui soient. Qu’est-ce qui a bien pu pousser le Seigneur des seigneurs et Roi des rois à gravir la croix pour moi? Ma raison ne peut le comprendre, mais Dieu me le dit dans Jn 3:16: son amour illimité a tout accompli pour que je n’aille pas dans le lieu de perdition éternelle.

3. Bible et science: J’ai toujours été fasciné par un aspect de

l’Ecriture: le lien qu’il peut y avoir entre les affirmations bibliques et les explications fournies par les sciences de la nature, notamment à propos de la création. J’avais remarqué que cette question était la vraie pierre d’achoppement pour la foi des intellectuels de notre temps. Si la théorie évolutionniste est vraie, le récit biblique de la création ne l’est pas. Mais si le récit inspiré relate la vérité historique, alors la thèse évolutionniste est l’erreur la plus grave et la plus dévastatrice de toute l’histoire du monde. Pour juger la théorie évolutionniste, je me suis penché sur un domaine que je connais bien, celui de l’informatique. Le modèle évolutionniste est faux, non pas sur quelques détails seulement, mais dans son principe fondamental. Un point essentiel de la vie se trouve dans l’information que contient la cellule; mais l’information n’est pas un phénomène matériel; elle appartient au domaine de l’esprit et résulte d’un acte intelligent et volontaire. Une nouvelle information ne peut donc provenir que d’un nouveau processus créationnel de la pensée, et non par sélection ou mutation. C’est ce qu’exprime la Bible sous différentes formes, par exemple: «Par sa sagesse le Seigneur a formé la terre, il a créé le ciel par son intelligence» (Pr 3:19).

4. Au service de Jésus: En 1976, nous avons passé nos vacances avec une famille amie sur une île de la mer du Nord; lors de nos discussions, nous avons souvent abordé la question de la création. L’ami me proposa d’exposer mon point de vue dans son église. En 1977, je tins donc ma première conférence publique. En dehors du bouche à oreille, aucune publicité n’avait été faite; pourtant, je fus surpris par le nombre de personnes présentes, dont beaucoup étaient extérieures à l’église. De toute évidence, le sujet passionnait. D’autres conférences suivirent. Au fil des ans, la demande devint telle que je ne fus plus en mesure de les satisfaire toutes.

Un jour, après avoir lu dans une revue chrétienne un article dans lequel l’auteur mêlait les idées évolutionnistes au récit biblique de la création, je pris la décision d’écrire un article de conception foncièrement biblique, et de le soumettre à la revue. Mon article fut refusé parce que la rédaction partageait «un point de vue théologique différent du mien». Avec le concours d’un co-auteur, je révisai mon article qui parut sous forme de petit brochure en mai 1977; 3000 exemplaires furent tirés. Peu après, un éditeur nous demanda d’étoffer notre premier texte pour pouvoir le présenter au public sous la forme d’un livre de poche.

Une nouvelle perspective s’ouvrit grâce à la collaboration avec l’association «Wort und Wissen» («Bible et science»). Depuis 1981, je fais partie des instances dirigeantes de ce mouvement qui s’est fixé comme objectif de répandre la Parole de Dieu en particulier dans les milieux scientifiques et de promouvoir des sciences qui respectent les données bibliques. Les thèses évolutionnistes ont influencé différents domaines de la pensée et des sciences de la nature, au point qu’il est souvent difficile à des intellectuels de retrouver le chemin de la Bible. Il est donc indispensable de leur venir en aide. On constate en plusieurs endroits un retour à la Bible. Des explications qui s’appuient sur le récit biblique de la création rendent souvent mieux compte de la réalité des faits que l’hypothèse évolutionniste. Ce travail contribue à faire connaître la Parole de Dieu comme un fondement solide et parfaitement fiable dans toutes ses affirmations, même scientifiques. Par le moyen de livres, de séminaires et de conférences, cette association s’adresse aux lycéens, aux étudiants, aux intellectuels, et aux églises pour faire connaître son point de vue. En regardant en arrière, je suis surpris de constater comment on devient auteur sans l’avoir voulu ni imaginé. Quand je songe à la manière dont Dieu a conduit ma vie, je ne peux m’empêcher de penser à une réflexion de Heinrich Kemner: «Nous ne poussons pas, nous sommes poussés.» Quand Dieu fraie un chemin, nous devons nous y engager, car c’est le seul sur lequel ilbénit.

En 1980 parut mon deuxième livre de poche «Logos oder Chaos» (Logos ou chaos» qui, comme je l’appris par le courrier abondant qu’il me valut, aida de nombreuses personnes à renoncer à la théorie évolutionniste pour adopter les vues créationnistes. La demande de textes écrits faisant suite à mes conférences ne faiblit pas, si bien qu’à côté de mon activité de conférencier, j’ai commencé à écrire des ouvrages. Si on m’avait dit dans mon enfance qu’un jour j’écrirais des livres, je ne l’aurais jamais imaginé. Pendant mes années scolaires, j’avais beaucoup de mal à faire des rédactions! Je préférais résoudre dix problèmes de mathématiques que de faire une seule composition!

Au fil des ans, j’ai noté les questions qui revenaient sans cesse à la suite de mes conférences, puis je les ai mises en forme pour y répondre dans des ouvrages. Dans «So steht’s geschrieben» (1985), j’ai montré qu’on pouvait faire confiance à la Bible dans tous les domaines. Dans «Das biblische Zeugnis der Schöpfung» (1983), je souligne que toutes les affirmations bibliques en matière de création résistent à la critique scientifique moderne. Sous une forme plus conviviale et facile à comprendre, le livre «Si les animaux avaient la parole» (1990), j’aborde à nouveau la question de la création. Je le fais en soulignant des détails très parlants du règne animal, des détails qui suscitent non seulement l’étonnement, mais incitent à la foi. Dans le livre «Und die anderen Religionen?» (1991), je traite sous l’angle biblique la question de savoir si les autres religions peuvent conduire au salut. Ce livre qui présente aussi la solution biblique du salut convient bien pour l’évangélisation. On me dit souvent que les lecteurs sont en manque d’ouvrages qui associent les faits scientifiques avec le message de la Bible. C’est sur cet aspect que se concentrent mes ouvrages. Les livres de poche «Signale aus dem All - Wozu gibt es Sterne?» (1993), «Am Anfang war die Information» (1994) et «Faszination Mensch» (1996) vont dans ce sens.

Tous ces livres partent du principe que l’on peut faire confiance aux déclarations scientifiques de la Bible, mais cherchent également à éveiller la foi en Jésus-Christ.

En 1990, j’ai découvert une toute nouvelle activité, à la suite d’un appel téléphonique d’une personne inconnue. Le correspondant me déclara être né en Union soviétique et avoir étudié là-bas. Il est Allemand et maîtrise parfaitement la langue russe parlée et écrite. Son fardeau était le suivant: «J’ai lu quelques-uns de vos livres. Que diriez-vous d’organiser des tournées dans l’ancienne Union soviétique pour y faire des conférences? Je me chargerai de la traduction en russe.» Je lui demandai un temps de réflexion. Lorsqu’il me rappela quelque temps plus tard, je donnai mon accord. C’est ainsi que je partis pour Moscou en mai 1991 et restai dix jours dans cette ville. J’eus l’occasion de prendre la parole en différents endroits (lycées, écoles professionnelles, hôpitaux, usine et même une caserne) pour y annoncer l’évangile. Dieu ouvrit le cœur de plusieurs auditeurs à ce que je dis, et quelques personnes prirent l’engagement personnel d’accepter le Seigneur Jésus. Qui est cet homme avec qui Dieu me mit en contact de façon si providentielle? Il s’agit du Dr Harry Tröster qui travaille au département développement de l’usine Mercédes-Benz. Depuis, nous avons organisé une tournée chaque année. Notre itinéraire nous a conduit une deuxième fois à Moscou, mais aussi au Kazakhstan, en Kirghizie et dans la partie russe de la Prusse du nord. Nous n’entreprenons jamais seuls ces déplacement dans les pays de l’est; nous nous faisons accompagner d’une équipe bien rodée. C’est chaque fois l’occasion de transporter beaucoup de littérature évangélique qui étaient autrefois acheminée par camion. Bien sûr nous ne négligeons jamais d’emporter des Nouveaux Testaments et des Bibles pour enfants.

1991 restera gravé dans ma mémoire puisque j’ai eu l’occasion d’annoncer l’évangile pendant 9 jours dans la grande salle des fêtes de Braunschweig. A l’endroit précis où j’avais pris moi-même une décision en 1972, j’ai pu appeler d’autres personnes à suivre Jésus-Christ par des messages d’évangélisation. De plus en plus, j’ai l’occasion de tenir sujet de la foi et la réflexion, et ceci en Allemagne et à l’étranger. C’est en 1977 lors d’une prédication de Paul Meyer sur le jeune homme riche que pour la première fois j’avais senti l’appel à m’engager dans ce travail. Durant l’été 1978, j’avais fait mes premiers pas en tant qu’évangéliste à l’occasion d’une mission sous tente à Nienhagen, près de Celle. Curieusement, cette même année j’ai été nommé directeur et professeur. Ne serait-ce qu’un effet du hasard? Pour moi, c’est la confirmation vivante de la parole de Jésus: ‹Préoccupez-vous d’abord du royaume de Dieu et de la vie juste qu’il demande, et Dieu vous accordera aussi tout le reste› (Mt 6:33).