Et le coq chanta

Ce matin nous avons commencé notre dimanche de Pâque en ouvrant la Bible et nous avons regardé cet événement sous un angle assez particulier. Souvenez-vous, le texte de base était : “Ils couraient tous deux ensemble” (Jean 20. 4). Pierre et Jean, qui sont allés au sépulcre pour découvrir que le tombeau était vide et que le Seigneur était ressuscité

Mais chacun d’eux a eu une approche particulière. L’un courait plus vite que l’autre, mais l’un était plus superficiel que l’autre. Et nous avons déduit de cela que le Seigneur veut que nous soyons plus profonds, plus attachés à la découverte de la vérité, à la découverte du Seigneur ressuscité.

Cet après-midi, nous allons reprendre, non pas le même texte, mais des textes précédents et nous allons aussi les regarder sous un angle très très particulier ; sous un angle dont personne ne vous a, peut-être jamais parlé et sous lequel personne ne vous parlera plus jamais.

Je lis le premier texte dans le saint évangile de Marc au chapitre 14, nous sommes dans le récit de la Passion et aux versets 26 à 31 : “Après avoir chanté les cantiques, ils se rendirent à la montagne des oliviers. Jésus leur dit : Vous serez tous scandalisés ; car il est écrit : Je frapperai le berger, et les brebis seront dispersées… Pierre lui dit : Quand tous seraient scandalisés, je ne serai pas scandalisé. Et Jésus lui dit : Je te le dis en vérité, toi, aujourd’hui, cette nuit même, avant que le coq chante deux fois, tu me renieras trois fois. Mais Pierre reprit plus fortement : Quand il me faudrait mourir avec toi, je ne te renierai pas”. De là, je passe dans l’évangile de Luc au chapitre 22 et au verset 54 je lis que “Après avoir saisi Jésus, ils l’emmenèrent, et le conduisirent dans la maison du souverain sacrificateur. Pierre suivait de loin. Ils allumèrent du feu au milieu de la cour, et ils s’assirent. Pierre s’assit parmi eux. Une servante, qui le vit assis devant le feu, fixa sur lui les regards, et dit : Cet homme était aussi avec lui. Mais il le nia disant : Femme, je ne le connais pas. Peu après, un autre, l’ayant vu, dit : Tu es aussi de ces gens-là. Et Pierre dit : Homme, je n’en suis pas. Environ une heure plus tard, un autre insistait, disant : Certainement cet homme était aussi avec lui, car il est Galiléen. Pierre répondit : Homme, je ne sais ce que tu dis. Au même instant, comme il parlait encore, le coq chanta. Le Seigneur, s’étant retourné, regarda Pierre. Et Pierre se souvint de la parole que le Seigneur lui avait dite : Avant que le coq chante aujourd’hui, tu me renieras trois fois. Et étant sorti, il pleura amèrement”.

Ce texte que nous venons de lire nous apprend qu’il y a des réveils brusques, des prises de conscience rapides. Je pense aux frères de Joseph qui avaient saisi leur frère, jeté dans une citerne et puis vendu à une caravane qui passait par là. Des années ont passé et lorsque les frères de Joseph se présentent devant le Pharaon – ils ne reconnaissent pas leur frère qui est devenu premier ministre en Égypte – et quand celui-ci les interroge sur leur identité, ils disent : “Nous sommes des honnêtes gens” des honnêtes gens ! À partir de ce moment-là, Dieu met des bâtons dans les roues en toutes circonstances et, à un moment donné alors qu’ils sont assemblés, tout à coup il y en a un qui dit : “Je vous l’avais dit, quand notre frère était là, dans la citerne et qu’il nous suppliait de le garder en vie”. Tout à coup, voyez-vous, les choses ressortent, leur conscience est endormie et Dieu se sert d’un contretemps, d’une contrariété violente pour les éveiller au sentiment de leur culpabilité. Ailleurs, dans le livre des Nombres, nous trouvons un soi-disant prophète, un Balaam, homme assez mystérieux, il bat son âne une première fois, une deuxième fois ; Dieu délie la gorge de l’âne qui lui parle et voilà que, tout à coup Balaam prend conscience de sa situation, ses yeux s’ouvrent et il voit l’Ange de l’Éternel devant lui une épée nue à la main, prêt à le tuer. Dans ce cas-là, comme le dit Pierre, Dieu s’est servi d’une ânesse muette pour arrêter la démence du prophète. Dieu donc se sert d’une contrariété, il se sert d’un âne. Dans une autre occasion, nous trouvons la ville de Ninive qui est endormie dans sa violence, dans ses péchés et Dieu va se servir d’un Jonas qui va parcourir la ville en criant : “Encore 40 jours et Ninive sera détruite”. Et dans ce cas-là Dieu se sert d’un serviteur récalcitrant. Ailleurs, dans l’évangile, nous trouvons un homme riche, insensé dont la conscience aussi ne parle plus et qui voyant son immense fortune dit : “j’abattrai mes vieux greniers, je me construirai des hangars, je serrerai ma récolte et je dirai, mon âme, tu as des biens en abondance pour plusieurs années”. À peine a-t-il fini sa phrase, qu’il entend à l’oreille une voix qui lui dit “Insensé, cette nuit même, ton âme te sera redemandée”. Et nous savons qu’il est parti dans l’au-delà, sans s’être préparé, mais il s’est réveillé juste avant la mort. Dieu se sert d’un contretemps, d’un âne, d’un serviteur récalcitrant et ici il se sert de la mort. Nous pourrions aussi parler de Samson. Samson qui, lui aussi, a une conscience qui ne lui parle plus. Il est pris par les Philistins, par ses ennemis qui lui crèvent les yeux et nous savons que pendant de longues semaines ou de longs mois il réfléchit à sa situation et ce dont Dieu va se servir pour le ramener à lui, lui redonner sa puissance d’autrefois, c’est le châtiment.

Ce sont là quelques-unes des voies dont Dieu se sert pour parler aux hommes et les tirer de leur torpeur.

Dans le texte que nous avons lu, nous trouvons l’agent de Dieu qui s’appelle… un coq ! Quelle leçon pouvons-nous tirer d’un coq ? Eh bien, si Dieu peut se servir d’un coq, il peut se servir de nous. Vous allez me dire : Mais qu’a-t-il fait d’extraordinaire, ce coq ? Il n’a rien fait d’autre que ce que Dieu lui demandait de faire, que ce pourquoi il avait été fait. Et nous savons que le coq chante clair, il croit qu’il fait lever le soleil. Pourquoi le pense-t-il, le croit-il, je n’en sais rien. Moi, je ne chante pas quand le soleil se lève, le chien n’aboie pas, le cheval ne hennit pas, mais le coq, il chante, il croit qu’il fait lever le soleil.

Dans l’épître aux Éphésiens où il est question, en particulier, de ce grand texte : “C’est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi”, c’est au chapitre 2 et au verset 10, il est aussi dit que nous sommes son ouvrage, nous avons été créés en Jésus Christ pour… pourquoi ? pour de bonnes œuvres que Dieu a préparées d’avance afin que nous les pratiquions. Le texte nous dit que nous ne sommes pas sauvés par nos œuvres, mais que nous sommes sauvés pour faire des bonnes œuvres qu’Il met devant nous afin que nous les pratiquions. Et c’est ainsi que les choses les plus humbles peuvent avoir une grande importance quand Dieu s’y trouve et vous allez le comprendre. Ce que le coq a fait, il l’a fait ponctuellement, non pas à l’heure près, ni à la minute près, mais à la seconde près. Une conjoncture extraordinaire d’événements s’est produite : le soleil se lève, il y avait eu la parole de Jésus, la sensibilité de Pierre, l’action du Saint Esprit et à ce moment-là, le cri du coq, puis le regard de Jésus. Et pierre, nous le savons, est sorti pour pleurer amèrement.

C’est une invitation à bien faire ce que nous avons à faire, tout simplement dans la ponctualité, dans l’intégrité et dans la fidélité. Et c’est toujours vrai qu’une action de grâce bien rendue au culte, d’une façon audible peut éveiller quelqu’un, un frère, une âme à une vérité que jusque-là il n’avait pas comprise. Un message bien envoyé, à propos, au moment opportun peut tirer de sa torpeur quelqu’un de sa fausse situation, quelqu’un c’est-à-dire une âme, une famille, une congrégation, même tout un pays comme dans le cas de Ninive. Oui, ça peut être important une petite chose : une invitation que l’on donne à venir assister à une conférence, un témoignage bien rendu ; et nous pensons à ce cas de Naaman, dans l’Ancien Testament où la jeune fille prisonnière dit simplement cette phrase : “Ah ! si mon maître connaissait le prophète qui est à Samarie, il le guérirait de sa lèpre” et voilà Naaman parti pour la guérison. Jonas n’a pas fait de longs discours : “Encore quarante jours et Ninive est détruite” Jean-Baptiste n’a pas fait de longs discours : “Repentez-vous car le royaume de Dieu est proche”. Le coq non plus n’a pas fait de longs discours, mais il a été la trompette de Dieu qui, selon l’épître aux Corinthiens, ne rend pas un son confus. Et Pierre a très bien compris son langage. Pierre avait entendu des milliers de chants de coq dans sa vie, mais celui-ci était différent de tous les autres. Il était pour lui, et il était pour lui tout seul. Personne, en dehors de Pierre et de Jésus ne s’est douté de ce qui se passait… pas même notre coq ! Et, ce coq, en ce sens-là, est un exemple d’un bon prédicateur car le coq, lui non plus, n’a pas su ce qui se passait dans l’âme de Pierre. Je vous parle en cet instant mais je ne sais pas ce qui se passe dans votre cœur. Peut-être qu’en ce moment, en m’entendant parler vous êtes plongé dans des pensées qui vous amènent loin en arrière ; vous êtes en train de régler un vieux problème qui n’a jamais été réglé.

Je ne sais pas si notre coq sera au ciel, qu’en pensez-vous ? Savez-vous qu’il y a des gens qui pensent que les animaux seront au ciel ? Je me souviens avoir rencontré une sœur, nous parlions d’animaux, je suppose ; elle avait un chien et elle m’a dit : Mais, M. Legrand, mon chien, il sera au ciel. C’est qu’il est converti, mon chien. Et en effet, le chien était tellement gentil elle croyait que son chien serait au ciel ! Vous allez me dire : Oui, je vous comprends mais c’est vrai qu’il y a parfois de ces gens qui se disent chrétiens et ils sont quasi aussi hargneux que des chiens dangereux. Oui, on ne passe pas à côté d’eux sans avoir peur qu’ils ne rugissent et qu’ils ne vous mordent. Tandis que le chien lui, oui, ça ne m’étonnerait pas qu’il soit au ciel avant certains qui se disent chrétiens. Donc, je ne sais pas, je ne sais pas s’il sera au ciel, mais s’il y est, je vous garantis qu’il sera choyé par l’apôtre Pierre ! Il sera traité comme un coq en pâte… Et s’il est au ciel – bien sûr toujours sous-entendus – il sera bien surpris notre coq d’apprendre ce que son cri a déclenché ce matin du vendredi de Pâque. Réfléchissez-y : toute la vie et le ministère d’un homme – et quel homme ! – ont tenu à la fidélité d’un coq. Et si le coq avait dit : “Eh bien, moi, aujourd’hui je ne chante pas, j’en ai assez ! Le soleil se lèvera bien sans moi”. Bien sûr que le soleil se serait levé sans le chant du coq, mais le soleil de la grâce de Dieu ne se serait pas levé dans l’âme de Pierre. Quand Pierre lui demandera au coq : « Dis-moi un peu, le coq, sais-tu la fois où tu as le mieux chanté dans ta vie, quel est ton chant qui a le plus influencé l’humanité » ? Eh bien, le coq pensera à tout, sauf à celui-là, sauf à celui de ce jour-là. Il dira peut-être : « Ah, le jour où j’ai le mieux chanté, c’est sans doute le jour où je me suis marié à mon harem de poules ». Et Pierre dira : « Non ». Alors : « C’est le jour où je suis passé à la casserole » ? Non. Alors, je donne ma langue au chat. Et Pierre dira : « Tu sais, le coq, le jour où tu as le mieux chanté, c’était dans la matinée d’un certain vendredi de Pâque. » Et le coq dira : « Mais Pierre, ce n’est pas possible, j’étais enroué ce jour-là, j’ai dû m’y reprendre à deux fois ».

Pour nous, prédicateur de l’Évangile, nous faisons souvent cette expérience : ce n’est toujours quand nous pensons que nous chantons le mieux, que nous parlons le mieux que nous avons le plus d’influence et que nous avons les meilleures réussites dans notre prédication. Que de fois, n’ai-je pas dû m’y reprendre à deux fois, que de fois n’ai-je pas « raté » une prédication ne me rendant pas compte que dans l’âme de ceux qui écoutaient, il y avait un profond travail qui se faisait.

C’est ainsi que le Seigneur, je me répète là aussi, nous invite à dire, à faire les choses les plus humbles fidèlement. Un témoignage à dire et à redire pour les mamans qui doivent élever leurs enfants dans la crainte du Seigneur. Que de fois ne faut-il pas, comme on dit, redire cent fois les mêmes choses et ce sera la cent unième fois qui portera. Oui, apprendre à faire joindre les petites mains chaque soir ou à préparer la famille pour se rendre au culte tous les dimanches ; des petites choses qui peuvent avoir une porte éternelle.

Eh bien, mes chers amis, que cela nous encourage à être fidèles dans les petites choses comme notre coq a été fidèle chaque matin de sa vie à annoncer le lever du soleil. Il est écrit dans le livre des Psaumes, je n’ai pas la référence, il est écrit que “ma langue est la plume d’un habile écrivain” (Ps. 45. 2) ou “ma langue est comme la plume d’un habile écrivain, je dirais les choses que j’ai composées pour le Roi”. Il n’est pas dit : Je tairai ces choses, je les reporterai à plus tard, non, ma langue est comme la plume d’un habile écrivain je dirais les choses que j’ai préparées pour le Roi.

Eh bien, que le Seigneur nous aide dans notre vie de chaque jour à dire au moment opportun dans une de ces trois choses que j’ai citées : les dires avec ponctualité, avec intégrité et avec fidélité pour qu’elles portent du fruit éternel et à Sa gloire ! Et que Dieu nous bénisse dans l’exercice de cette fonction qui est à la portée de chacun de nous.

Ils courraient les deux ensemble

Les deux Ensemble Lecture : Jean 20 : 1 à 8 " Le premier jour de la semaine, Marie de Magdala vint le matin au sépulcre, comme il faisait encore nuit; et elle vit la pierre ôtée du sépulcre. Elle courut donc, et vint vers Simon Pierre et vers l’autre disciple que Jésus aimait, et elle leur dit: On a enlevé du sépulcre le Seigneur, et nous ne savons où on l’a mis. Pierre donc sortit, et l’autre disciple, et ils s’en allèrent au sépulcre. Et ils courraient tous les deux ensemble; et l’autre disciple courut en avant plus vite que Pierre, et arriva le premier au sépulcre; et s’étant baissé, il vit les linges à terre; cependant il n’entra pas. Simon Pierre donc, qui le suivait, arriva; et il entra dans le sépulcre; et il vit les linges, et le suaire qui avait et sur sa tête, lequel n’était pas avec les linges, mais plié en un lieu à part. Alors don l’autre disciple aussi, qui était arrivé le premier au sépulcre, entra, et il vit, et crut... ".  



Dans ce récit nous rencontrons deux hommes dont l’un s’appelle Pierre et l’autre Jean, mais nous allons, l’espace d’un instant, oublier leur nom. Ces deux hommes ont existés de tout temps et ils sont représentés ici parmi nous dans ce matin de dimanche de Pâque.



a) Recherche. Ces deux hommes sont à la recherche de la Vérité, à la recherche de la Vie, à la recherche du Christ ressuscité. On leur avait dit que...mais il veulent en savoir plus, la rumeur ne les satisfait pas, ils ne se contentent pas d’à-peu-près, ils veulent des certitudes.

Tous les hommes ne cherchent pas la vérité, mais en voici deux qui la cherchent.



b) Courraient. Le verbe courir est ici employé deux fois. Ils ne remettent pas la chose à demain. Pour eux la vérité est une affaire sérieuse qui ne souffre aucun retard, elle en vaut la peine. La vérité est du côté, de ceux qui la recherchent passionnément.



Les deux ensemble. Au début il n’y a pas de différence, ils sont côte sur la même ligne de départ, ils ont le même but et c’est la même énergie qui les anime.

Plus vite. L’un des deux, nous est-il dit, courut plus vite que l’autre. Sans doute était-il physiquement plus alerte, plus apte que l’autre à l’exercice corporel et moins vite à bout de souffle.



Quelqu’un pourrait dire : Ce n’est pas juste, l’un est défavorisé par rapport à l’autre ! Une minute, s’il vous plait !

S’il est vrai que l’un va plus vite, remarquez qu’il est moins tenace, moins profond. Certes il arrive bon premier mais il ne prend pas la peine d’entrer. Il se tient sur le seuil, il se baisse, jette un coup d’œil rapide dans le sépulcre dont la pierre avait été ôtée et que voit-il ? Des bandes traînant par terre et le tombeau vide. Le résultat pour lui c’est le vide et le désordre.



L’autre, lui, plus ordonné, plus méthodique, vit ce qu’il y avait d’ordonné et de méthodique dans la résurrection. Le premier voit l’aspect superficiel ; le deuxième voit l’aspect profond et réel.

Une première conclusion s’impose : Non, dans les choses de Dieu un coup d’œil ne suffit pas ! Certes, il peut suffire d’un regard pour être sauvé. C’est ce que nous dit l’épisode rapporté en Nombres 21. Ceux qui en Israël avaient été mordus par les serpents à cause de leur péché, ne devaient leur salut qu’à un simple regard posé sur le serpent d’airain que Moïse avait fait et dressé sur une perche. " Un regard sur ta Croix sanglante... " dit le beau cantique. Mais ce regard de la foi, ce n’est pas le coup d’oeil détaché du dilettante. Jésus dit en Jean 6 :40 que " celui qui voit le Fils (le discerne, le contemple) a la vie éternelle ". Oui, rien qu’un regard, mais quel regard profond que celui de la foi qui sauve.



On découvre ici que le bon exemple est communicatif. L’autre y entra et crut à son tour. Remarquez qu’il ne crut que lorsqu’il fut entré. Ce qui confirme qu’un coup d’œil ne suffit pas. Nous y reviendrons.



Appliquons-nous maintenant ce récit.



Ceux qui vont plus vite c’est :

1- ceux qui sont naturellement religieux. Ils sont plus aptes que d’autres à saisir des éléments d’ordre mystique. Ils ont une plus grande envergure mentale. La religion est un domaine où ils se déplacent plus vite et où ils se sentent dans leur élément.

Mais de nombreux exemples dans la Bible nous apprennent qu’il faut plus, beaucoup plus qu’un sentiment religieux pour être sauvé, il faut se convertir, il faut naître de nouveau. N’est-ce pas ce qu’à dit Jésus au pieux Nicodème ? C’est précisément à ce grand théologien en Israël que Jésus a dit : " Il te faut naître de nouveau ". Ce qui lui manquait assurément.



2 - Ceux qui sont enfants de parents chrétiens vont aussi plus vite que les autres. Ils sont familiers avec les Ecritures dont les récits les ont baignés dès leur enfance ; ils connaissent presque mieux la vie du Seigneur que la leur. Mais il faut plus qu’une piété familiale pour être sauvé, il faut une foi personnelle.



3 - Ceux qui vont plus vite ce sont aussi ceux qui ont un esprit clair et lucide : ils ont la logique philosophique, l’analyse d’un texte leur est chose facile, on les dit cartésiens, leur cerveau est un classeur électronique, une sorte d’ordinateur portatif.

Mais la sève, la moelle de la Bible est ailleurs que dans la classification des paragraphes et des idées ; elle est plus profonde ; pour la connaître il faut descendre dans l’intimité de Jésus-Christ. Car on peut n’avoir de lui qu’une image plane, en noir et blanc. Il reste d’autres teintes et d’autres dimensions à découvrir. C’est ce que disait l’apôtre Paul : " ... afin de le connaître Lui, la puissance de sa résurrection, la communion de ses souffrances et la conformité dans sa mort... " (Philippiens 3 :10).

Jésus a fait allusion à l’effort qu’il vaut la peine de faire si l’on veut entrer dans la pleine connaissance de la Vérité. En Matt.7 : 24 à 27, il nous raconte l’histoire bien connue de ces deux hommes dont l’un construit sa maison sur le sable et l’autre sur le roc. Tandis que le premier pose déjà les tuiles sur le toit, l’autre en est encore à creuser pour assoire les fondations sur le roc. Quand la pluie, le vent et les torrents sont venus frapper les deux constructions, il ne faut pas être devin pour savoir ce qu’il est advenu de celle qui a été construite plus vite que l’autre.



De même il y a une solidité d’opinion, une découverte de la Vérité qui tient de la persévérance. L’épître aux Hébreux (6 :15) dit en parlant d’Abraham à qui Dieu avait fait de grandes promesses : " ...C’est ainsi qu’Abraham ayant persévéré (V.Segond) obtint ce qui lui avait été promis ". Il avait la promesse mais c’est dans la persévérance qu’il en a eu l’effet.

Or, la persévérance et l’effort sont des denrées plutôt rares aujourd’hui. Nous vivons dans le siècle de l’image, de l’illustré, de la bande dessinée, du digest, du facile, du préfabriqué, du mâché et cela risque de déteindre sur notre vie spirituelle.



Danger !

Le danger pour nous c’est d’être des chrétiens de bordure, de ne connaître que les frontières du Royaume de Dieu.

Dans mes nombreux voyages j’ai eu l’occasion de visiter des grottes Mais pour découvrir les trésors qu’elles contiennent, il ne suffit pas lire les panneaux de publicité, de payer sa place et d’aller jusqu’à l’entrée, il faut faire comme l’un des deux apôtres, il faut y entrer !



La frontière des choses.

Car il est possible de s’en tenir à la frontière des choses comme par exemple :

1) La frontière de la prière.

On peut se contenter des prières que l’on fait (récite) aux repas. Lorsque avec un bol de soupe bien fumante et appétissante sous le nez on dit : " Seigneur, béni ces aliments et bénis le monde entier, Amen ! ". Certes, ce n’est pas faux, mais est-ce cela entrer dans la prière ? Ou celles que l’on fait dans les grandes occasions ? Ou la prière finale du culte à laquelle on ajoute distraitement son Amen. Est-ce cela entrer dans la prière, c’est-à-dire trouver du temps pour être seul avec Dieu ?



2) La frontière de la lecture de la Bible.

On peut se contenter de la lecture du feuillet du jour du calendrier, ou de la méditation du pasteur ou d’un ancien ou d’un diacre de l’Eglise le dimanche matin. Ou bien ouvrir la Bible au hasard et lire des textes sans suite. Comme l’apôtre Jean, on ne découvre dans la Parole de Dieu que vide et désordre. La Bible apparaît alors un livre sans harmonie.

Au contraire, Paul exhortait Timothée en ces termes : " ... attache-toi à la lecture...occupe-toi de ces choses, sois-y tout entier afin que tes progrès soient évidents à tous...persévère dans ces choses... " (1 Tim. 4 :13-16).



3) La frontière de la Vérité. On peut se contenter de la rumeur publique, ne pas descendre dans la réalité des faits. Quand un bruit est rapporté sur quelqu’un et implique une décision, on peut se tenir et à la lisière du racontar et s’en contenter, refuser d’appliquer le commandement de la Parole qui nous dit entre autres " de faire des recherches avec soin " ( Chapitres 17 et 19 du Deutéronome , Rom. 25 :16 etc...)

Un coup d’œil dans une affaire ne suffit pas, un seul témoin non plus. On n’y voit que du désordre et l’action que l’on prend alors est vide de sens et désordonnée.

Mais dans une investigation plus profonde, tout s’ordonne et se met en place.



4) La frontière de la sanctification

On peut se contenter d’un vernis de christianisme, d’une forme de piété de laquelle la force intérieure est absente, se contenter de ce que Jésus appelait la justice des pharisiens qui n’affectait que l’extérieur.



5) La frontière de l’Eglise. Nombreux sont ceux qui vivent à la frontière de l’Eglise. Ils viennent à ses assemblées mais ils n’en font pas partie. Ils savent que le Seigneur a institué le baptême qui, selon 1 Pierre 3 : 21, est l’engagement d’une bonne conscience devant Dieu mais ils ne s’y engagent ni ne se font baptiser en tant qu’adultes responsables. Ils vivent ainsi à la porte d’entrée de l’Eglise sans jamais y entrer tout à fait. Jamais ils ne prennent leur place dans l’Assemblée, place que le Seigneur a pourtant payée à si grand prix et préparée pour eux, mais jamais ils ne l’occupent.

L’Eglise Réformée a une jolie expression à leur adresse, ce sont des " Périphériques ! ".



Nous allons maintenant poser la question :

Pourquoi certains aiment-ils la frontière des choses ?



a) J’ai connu un homme jeune qui aurait aimé se marier. Il avait été mis en contact avec plusieurs jeunes personnes avec lesquelles il commençait une fréquentation en vue du mariage, mais chaque fois la chose n’aboutissait pas. Il se tenait pour ainsi dire à la frontière de l’amour sans jamais y entrer. Le résultat c’est qu’il est devenu ce qu’on appelle un vieux garçon. Je n’ai rien contre les vieux garçons et je crois que s’ils n’existaient pas, il faudrait les inventer ! Mais pourquoi n’est-t-il pas entré dans ce qu’il désirait pourtant ? On en est réduit à des déductions. La plus plausible c’est que si il y a des découvertes exaltantes dans le mariage, il y a aussi de nombreuses responsabilités et sans doute n’était-il pas prêt à les assumer.

De même, quand on entre plus profondément dans la découverte de la Vérité, il y a des évidences qu’on ne peut plus ignorer ou faire comme si ça n’existait pas. Plus vous empoignez la Vérité, plus elle vous empoigne et vous tient captif. Plus vous la maîtrisez, plus elle vous maîtrise. Plus vous prenez Jésus-Christ au sérieux plus aussi il s’empare de vous et vous subjugue.

Quelques semaines après le récit qui nous occupe, les autorités ont enjoint à Pierre avec menace de ne plus parler du Christ ressuscité, il leur a répondu : "  Jugez s’il est juste de vous obéir plutôt qu’à Dieu, car nous ne pouvons pas ne pas parler de ce que nous avons vu et entendu " (Actes 4 :19). Il voulait dire : Je sais qu’il est ressuscité, je suis entré dans la tombe et elle était vide, puis l’ai vu vivant, je l’ai vu de mes yeux, entendu de mes oreilles, touché de mes mains, il est vraiment ressuscité ! Mettez-moi en prison, battez-moi de verges, crucifiez-moi la tête en bas, mais jamais je ne pourrai m’arrêter de crier : Je sais qu’Il est vraiment ressuscité !

b) D’autres aiment d’en rester aux frontières de la Vérité parce qu’ils sont naturellement superficiels. Le Seigneur l’a dit dans la parabole du semeur où une partie de la semence tombe dans des endroits pierreux, où il n’y a pas beaucoup de terre et où le sol est peu profond, elle reste en surface et sèche parce qu’elle n’a pas de racines. Beaucoup ressemblent à ce terrain. Ca ne les intéresse pas vraiment; juste un peu de vérité, un peu de Christ pour chatouiller le sentiment religieux mais pas le combler. Comme l’aubergiste du récit de la nativité, il cédera son écurie au Fils de Dieu mais pas son hostellerie. Jusque là mais pas plus loin !

c) D’autres restent à la lisière des choses parce qu’ils sont trop engagés dans d’autres directions. Je m’émerveille parfois de voir une jeunesse studieuse s’engager avec tant de sérieux dans la carrière qu’ils ont choisie. Ils y mettent du temps, du sérieux ; ils se privent de sorties, de liberté, de confort, de nourriture même dans certains cas, pour ne pas manquer le but qu’ils poursuivent. Ils connaissent leur matière sur le bout des doigts

Comme je voudrais voir chez les jeunes chrétiens le même engagement pour leur Seigneur, la même connaissance du Livre saint qu’ils ont pour leur profession. Je crains que beaucoup ne soient comme le chien de la fable et qu’ils ne lâchent la proie pour l’ombre. Car il restera toujours vrai que les choses visibles (tout utiles qu’elles soient) sont pour un temps, et que les invisibles sont éternelles (2 Cor. 4 :18). Et l’apôtre Paul a ajouté pour conforter cette pensée que l’exercice corporel (tant prisé aujourd’hui) est utile à peu de chose tandis que la piété est utile à tout : elle a la promesse de la vie présente et de celle qui est à venir (1 Timothée 4 :8).

Conclusion.

Le texte inspiré qui a servi de base à cette méditation se termine par : le deuxième entra aussi et crut. Remarquez qu’il ne crut que lorsqu’il fut entré. Le bon exemple est communicatif. Souvent c’est le mauvais qui prévaut, mais ici c’est le bon qui l’emporte. Donc, que par plus de sérieux, plus de persévérance et par un esprit de recherche des profondeurs du Christ ressuscité, nous puissions en entraîner d’autres à notre suite.