Librement assis a la table d’un roi

Mephibosheth, allez-vous dire, dans quel calendrier ses parents ont-ils trouvé un nom pareil?

Il y a dans l’Ancien Testament de merveilleux récits comme par exemple au chapitre 9 du 2ème livre de Samuel qui marque le début du règne du roi David, où il inaugure son accession au trône par un acte de grâce vraiment hors du commun .

" David dit : Reste-t-il encore quelqu’un de la maison de Saül?" Saül, c’était le roi précédent que Dieu avait destitué au profit de David. "David dit: "Reste-t-il encore quelqu’un de la maison de Saül pour que je lui fasse du bien à cause de Jonathan. Il y avait un serviteur de la maison de Saül, nommé Tsiba que l’on fit venir auprès de David. Le roi lui dit : "N’y a-t-il plus personne de la maison de Saül pour que j'use envers lui de la bonté de Dieu? "Et Tsiba répondit au roi : "Il y a encore un fils de Jonathan perclus des pieds. Et le roi lui dit : "Où est-il?" Et Tsiba répondit au roi : "Il est dans la maison de Makir à Lodebar, (dans une province éloignée)… et Mephibosheth, fils de Jonathan, fils de Saül vint auprès de David, tomba sur sa face et se prosterna. David dit : "Mephibosheth!" Et il répondit : "Voici ton serviteur." David lui dit : Ne crains point car je veux te faire du bien à cause de Jonathan ton père. Je te rendrai toutes les terres de Saül et tu mangeras toujours à ma table. Il se prosterna et dit : "Qu’est-ce que ton serviteur pour que tu regardes un chien mort tel que moi?" Le roi appela Tsiba et lui dit :"Je donne au fils de ton maître tout ce qui appartenait à Saül et à toute sa maison. Tu cultiveras pour lui, les terres, toi, tes fils, tes serviteurs, tu feras des récoltes afin que le fils de ton maître ait du pain à manger. Et Mephibosheth, fils de ton maître, mangera toujours à ma table". Et Méphibosheth mangea à la table de David comme l’un des fils du roi." -Et à nouveau il est précisé- "Mephibosheth habitait à Jérusalem car il mangeait toujours à la table du roi."

Il faut admettre que Mephibosheth est un nom qui ne court pas les rues! La vie de cet homme dont nous allons parler, est faite d’ombres et de lumières comme la nôtre. Sa naissance a dû être lumière, un grand espoir dans la famille car on l’a appelé Mephibosheth. Les Juifs excellaient à la contraction des mots ce qui donnait un sens souvent étendu à un nom. Mephibosheth veut dire textuellement :"dissipant la honte". Pourquoi? Peut-être y avait-il dans la famille une vieille affaire à régler, comme il y a dans les familles d’aujourd’hui des affaires qu’on ne règle jamais, qu’on transmet à la génération suivante pour qu’elle les règle à leur place. Ça n’est qu’une supposition de ma part. Mais il n’est pas rare de laisser les autres s’occuper d’affaires qu’il nous coûterait trop de régler nous-mêmes.

Hélas, son nom n’a pas été une prophétie car les tristes circonstances de sa vie n’ont pas confirmé qu’il s’appelait Mephibosheth, c’est-à-dire, dissipant la honte. Rien dans sa vie ne pouvait faire croire qu’il s’appelait Mephibosheth. J’en tire un parallèle.

Un nom qui sonne faux.

Voyez-vous, aujourd’hui, quand un enfant naît dans une famille, on lui choisit un beau nom à la mode et qui sonne bien. Hélas, cette petite fille à qui on a donné un nom de star, deviendra peut-être une bien vilaine mégère. Il y a des gens qui s’appellent "Aimable" et qui feraient mieux dans la peau d’un hargneux! J’ai connu un homme, qui s’appelait Désiré et qui n’avait rien de désirable. On serait presque tenté de dire :"Quel beau nom pour un si triste sire". Pensez-y, avoir un nom qui veut dire quelque chose et une vie qui ne dit rien du tout. Mieux vaut avoir un nom qui ne dit pas grand chose et une vie qui dit quelque chose. Un joli nom n’embellira jamais une pauvre vie, tandis qu’une belle vie donnera du caractère, même à un pauvre nom.

Eh bien, nous sommes peut-être nous aussi un peu comme Mephibosheth. Il est possible qu’on ait mis bien des espoirs en nous. Et outre le nom qu’on nous a donné à la naissance, il y a celui qu’on nous donne aujourd’hui. Peut-être dit-on de vous que vous êtes un gars tip top, un garçon bien, une fille comme il faut, un bosseur, un honnête homme, quelqu'un en qui on peut avoir confiance….

Dites-moi, est-ce que c’est vrai ça ? Est-ce que votre conscience tient le même langage? Qui n’a entendu parler de cet empereur romain qui s’était arrangé une belle façade de vie, qui avait édicté des lois assez justes et qui, sur son lit de mort a dit :"Ai-je assez bien joué la comédie de la vie ... ?!"

Ce qui compte, c’est de savoir comment Dieu nous voit et comment il nous appelle. Dieu nous regarde et il dit de nous dans l’épître aux Romains: " Il n’y a pas de juste, non, pas même un seul. Tous ont péché … Tous, sans exception y compris l’auteur de ces lignes "... et sont privés de la gloire de Dieu." Le nom que Dieu nous donne, c’est le nom de transgresseurs et c’est, malheureusement pour nous, une appellation d’origine contrôlée. Nous sommes des pécheurs, nous avons offensé et transgressé, quelque part et de multiples fois, la loi de Dieu. Car le péché c’est cela, c’est une offense et une transgression de la loi de Dieu. Ainsi, nous ressemblons à Mephibosheth quant à son nom car, pas plus que lui, l’opinion flatteuse qu’on peut avoir de nous ne colle à la réalité.

Une famille déchue

La deuxième chose, c’est que nous ressemblons encore plus à Mephibosheth quant à la famille à laquelle il appartenait. Comme nous l’avons lu, Mephibosheth était le petit-fils du roi Saül qui s’était fait l’ennemi de David. Il l’avait poursuivi pendant des années, il avait même voulu le tuer plusieurs fois. Dieu avait écarté Saül du trône et il l’avait remplacé par David. C’est-à-dire que Mephibosheth faisait maintenant partie du clan ennemi de la famille royale régnante. Et croyez-moi, à cette époque, il n’y avait pas de perspective plus sombre! On sait que du temps de Clovis roi des Francs, on coupait les têtes quand on estimait que le trône était en danger. Et pas seulement du temps de Clovis! Il n’y avait donc pas de situation plus sombre pour Mephibosheth que d’être l’ennemi de la famille régnante.

Mais notre situation n’est pas meilleure, parce que la Bible nous apprend que, par filiation, nous faisons partie de la famille qui est opposée à Dieu. Le grand apôtre Paul, dans l’épître aux Corinthiens, au chapitre 15, dit :"La chair et le sang n'héritent pas du royaume de Dieu." C’est-à-dire que notre naissance naturelle ne nous donne pas droit à entrer dans le royaume de Dieu. Cela, c’est difficile à admettre. Dans les évangiles, les Juifs étaient les descendants naturels, de la lignée d’Abraham, et Abraham, c’était, selon la Bible, le père des croyants. Et tous les juifs se faisaient circoncire comme Abraham et se réclamaient dans leurs prières du nom d’Abraham. Ils croyaient que par leur seule naissance dans le pays d’Israël et de parents Israélites, ils avaient droit à une sorte, je dis bien une sorte de succession apostolique, à quelque chose qui les faisait remonter à Abraham. Et ils en étaient tout fiers. "Nous, on est les meilleurs parce qu’on est descendants d’Abraham". Cela, on le trouve dans le chapitre 8 de l’évangile de Jean. Et quand ils en parlèrent au Seigneur, Jésus leur répondit : "Votre père c’est pas Abraham, c’est le diable." C’est -à-dire que leur conduite, leur haine du Seigneur, étaient telles qu’ils relevaient, non pas du père des croyants, mais du père du mensonge, Satan. Et aujourd’hui encore, il y a beaucoup de gens qui croient qu’ils sont de la famille de Dieu parce qu’ils sont nés dans un pays dit chrétien, dans une famille chrétienne. Ils se croient rachetés, sauvés parce que, s’ ils sont protestants, papa est pasteur ou, s’ils sont catholiques, ils ont un oncle ou une tante dans les ordres et qu’ils ont suivi la filière ecclésiastique... Mais la famille de Dieu, c’est une famille spirituelle et on ne peut pas y entrer pas la naissance physique. Il faut une naissance spirituelle.

Et c’est ce que Jésus à dit à Nicodème, le théologien, le docteur de la loi, l’un des plus grands personnages du temps du Seigneur, qui connaissait, comme on dit, son catéchisme sur le bout des doigts et qui l’enseignait aux autres. Et à cet homme qui avait suivi toute la filière de la religion juive, la meilleure à cette époque, le Seigneur a dit : "Nicodème, il te faut naître de nouveau. Si un homme ne naît de nouveau, il ne peut voir, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu."

Il y a bien des années de cela, en Angleterre, un évangéliste du nom de Taylor, a été invité à donner dans une de ces grandes abbatiales d’Angleterre, une série de prédications. Un soir, un évêque anglican assistait à la prédication et Taylor prêchait sur la nécessité de la nouvelle naissance. Il appuyait sur :"Si un homme ne naît de nouveau, il ne peut voir ni entrer dans le royaume de Dieu". Le lendemain, cet évêque a demandé à rencontrer l’évangéliste Taylor. Je vous rapporte le résumé de l’entretien. Il dit ceci :"Taylor, hier soir vos paroles m’ont débusqué. Pendant 30 ans j’ai été un dignitaire de l’église anglicane et je me suis aperçu que je n’étais pas né de nouveau, que je n’étais pas sauvé." Non, ce n’est pas la pratique scrupuleuse de la religion, si bonne soit-elle qui peut nous sauver. Tant que nous n’aurons pas expérimenté cette nouvelle naissance, nous resterons dans la famille ennemie de Dieu, c’est-à-dire, éloignés de Dieu.

Perclus des pieds

La troisième chose que j’apprends sur Mephibosheth , c’est qu’il était perclus des pieds, il était boiteux. Dans sa petite enfance, lors d’une circonstance de guerre, il s’était cassé les deux jambes et il en avait traîné les conséquences toute sa vie. Si nous sommes sincères, nous devons admettre qu’en nous, il y a quelque chose de cassé. C’est évident, quand nous sommes tiraillés, quand nous devons choisir entre un acte honnête qui va nous coûter quelque chose et une passivité malhonnête qui va nous rapporter quelque chose. Le prophète Elie tonnait dans les oreilles des indécis: "Jusqu’à quand clocherez-vous des deux côtés?". Il les traite de boiteux spirituels. Ne sommes-nous pas des boiteux quand nous ne parvenons pas à vivre de la hauteur de nos meilleures pensées? N’avons-nous pas tous fait, moi le premier, l’expérience rapportée par l’apôtre Paul dans l’épître au Romains.: "Je ne fais pas le bien que je veux, et je fais même le mal que je ne veux pas et quand je veux faire le bien, le mal est attaché à moi." Devant Dieu et devant notre conscience, on est tous des boiteux. Même quand on essaye de faire de son mieux on va cahin-caha, claudiquant tantôt d’un côté, tantôt de l’autre.

Le prince fugitif

La quatrième chose que j’apprends, c’est qu’ il était un fugitif, il s’était enfui dans une province lointaine. Or l’homme n’a pas été fait pour fuir Dieu. Nous avons été faits pour régner, pour vaincre, nous sommes des princes! L’homme a été créé à l’image de Dieu pour vivre en communion avec lui. Mais nous n’avons pas pu dompter des bêtes qui étaient en nous et nous avons pris la fuite. J’en mentionne une, celle dont parle Jacques dans sa fameuse épître, un petit membre qui est dans notre corps, tout petit, et que nous n’avons jamais dompté: la langue! Quel jour où Dieu va mettre son répondeur en route et où tout va repasser, tout ce que nous aurons dit dans nos conversations téléphoniques secrètes, toutes les paroles oiseuses, propos rapporteurs, médisance, calomnie….! Parce que ne vous y trompez pas, Dieu va tout repasser. Quelqu’un se récriera: Dieu nous espionne! Non, il nous regarde! Voyez comment il s’exprime dans le Psaume 50:

"Toi qui hais les avis,

Et qui jettes mes paroles derrière toi!

Si tu vois un voleur tu te plais avec lui,

Et ta part est avec les adultères.

Tu livres ta bouche au mal,

Et ta langue est un tissu de tromperie.

Tu t’assieds et tu parles contre ton frère,

Tu diffames le fils de ta mère.

Voilà ce que tu as fait, et j’ai gardé le silence.

Tu t’es imaginé que je te ressemblais;

Mais je vais te reprendre, et tout mettre sous tes yeux.

Prenez-y donc garde…."

L’homme a pu dompter, dit Jacques, tous les animaux de la création. Oui, mais il y a des animaux en nous que nous n’avons jamais pu dompter et qui ont eu le dessus sur nous, à commencer par nos pensées. Baudelaire parlait des monstres hurlants, sifflants, glapissant dans la ménagerie infâme de nos vices. Ah! il voyait clair, Charles Baudelaire. Il y a des bêtes en nous devant lesquelles nous avons pris la fuite. Ça s’appelle un fichu caractère, un tempérament emporté, des élans colériques, la jalousie, l’envie, l’impureté, la superstition, la séquence pornographique le soir très tard à la télévision. Tout cela, ce sont les bêtes qui sont en nous et qui nous dominent. Et c’est pour cela que Mephibosheth était fugitif, Il avait mauvaise conscience d’être ce qu’il était et il avait fui. Et nous avec lui, parce que comme l’a dit Jésus: "Ils ne viennent pas à moi parce que leurs œuvres sont mauvaises", et la mauvaise conscience en particulier nous éloigne de Dieu.

La peur

Et puis, s’il avait fui, c’est parce qu’il avait peur. Mais l’homme n’a pas été fait pour la peur. Nous avons été fait pour l’amour, pour l’amour de Dieu. Mais depuis le jour où le premier homme à transgressé la volonté de Dieu, la peur a régné partout et l’homme a mis la peur dans tous les compartiments de sa vie, elle est tapie partout. L’homme a peur, peur de la feuille qui tremble, peur de l’orage, peur des éléments déchaînés, peur de l’obscurité, peur du passé, peur que son passé le rattrape, peur dans les études, dans le travail. L’homme a peur de ses inventions, il a peur pour sa santé, peur pour son argent, peur de la mort, peur de l’au-delà ! Il la porte en lui et il la met dans tout ce qu’il entreprend. Eh! oui, c’était tout ça Mephibosheth, nous lui ressemblons passablement !

Et puis une dernière chose négative, c’est qu’il avait fui à Lodebar dans un coin invraisemblable. Lodebar était un endroit qui voulait dire : "Terre sans pain", un endroit aride où rien ne pousse ou alors si peu. Mais l’homme n’a pas été fait pour vivre dans la disette morale et physique, il a été fait pour festoyer devant Dieu. Quand Dieu a créé le monde, il l’a fait en plusieurs étapes et l’homme, chef-d’œuvre de sa création, a été fait en dernier, à la fin du sixième jour et le lendemain c’était… le jour du repos! L’amour de Dieu nous a fait pour entrer dans son repos. Quand l’homme est apparu, tout était prêt et dès son premier jour de vie, c’était un jour de repos. Nous sommes faits pour cela. Mais voyez-vous, quand on tourne le dos à Dieu, on se met dans des situations où, quoi que l’on fasse, on reste sur sa faim, rien ne rassasie, rien ne satisfaisait, on a le cœur tout plein de vide. Même avec tous les plaisirs du monde, on peut se sentir tout seul au milieu de la foule. Voilà, j’ai fini ma première partie négative. Mais quel portrait pour nous que celui de Mephibosheth!

Le côté positif

Heureusement il y a du positif dans la deuxième partie de la vie de Mephibosheth où c’est David qui prend l’initiative. Dans la réconciliation, dans le salut, n’oublions jamais ceci : toujours et toujours, c’est Dieu qui prend l’initiative. Dieu est à l’origine de notre salut. Il le fait, il le paie, il le donne et il nous prépare pour le recevoir.

David pensait à Mephibosheth bien que Mephibosheth ne pensait pas à David. Idem en ce qui nous concerne: Dieu pense à nous, Dieu pense à vous, même si vous ne pensez pas vraiment à lui. Dieu dit comme David : "Y a-t-il quelqu’un qui soit mon ennemi, quelqu’un qui l’a été par ses actes et par ses pensées, quelqu’un qui a fui ma présence, quelqu’un qui m’a tourné le dos, quelqu’un qui a peut-être mis le nom de mon Fils dans la chanson des buveurs?" Y a-t-il quelqu’un qui ne recherche pas audience auprès de Dieu?" Eh! bien, Dieu cherche audience auprès de lui. Et cette audience est possible parce que Jésus-Christ nous l’a gagnée. Ce qui se tenait entre nous et Dieu et qui empêchait cette réconciliation : nos solutions boiteuses, nos fuites, nos démissions, notre appartenance à une famille ennemie, eh! bien, tout ce qui nous séparait de Dieu, Jésus-Christ l’a pris sur lui. Il a pris sur lui ce qui faisait barrage à la bénédiction de Dieu. Il a ôté l’obstacle en le prenant sur lui. Le chemin est libre. Le vieux prophète Esaïe dans son fameux chapitre 53 nous dit ceci :"L’Eternel a mis sur lui les péchés de nous tous." Ce qui nous barrait le chemin du royaume de Dieu, Jésus-Christ est venu le prendre à son compte. Et comme la Bible dit que le salaire du péché c’est la mort, il en est mort, non pas parce qu’il était pécheur, mais parce qu’il a pris à son compte tout ce qui nous condamnait à mort.

 

Les Piranhas.

Laissez-moi illustrer cela. Dans les immenses plaines de la Pampa en Argentine, les gauchos conduisent leurs troupeaux et il leur arrive parfois de devoir traverser des rivières. Et dans ces rivières, il y a les fameux poissons-tigres de l’Amérique du sud : les piranhas. Les piranhas ne sont pas de très gros poissons mais ils ont une mâchoire aux dents acérées comme des lames de rasoir. Les gauchos savent que s’ils engagent tout le troupeau dans l’eau, il va être décimé. Alors ils s’arrêtent au bord de la rivière et choisissent dans le troupeau une jeune bête chétive, et il l’obligent à s’engager dans la rivière. La pauvre bête fait quelques brasses tandis qu’un banc de piranhas l’entoure qui tout à coup lancent le signal de l’attaque. Soixante secondes après, l’animal est râpé jusqu’à la carcasse, mais pendant ce temps tout le troupeau passe sans coup férir.

C’est ce qui s’est passé à la Croix du Calvaire. Jésus a attiré sur lui la colère de Dieu comme le dit le livre des psaumes :"Tous les flots de ta colère ont passé sur moi." Tout ce qu’il y a de réprobation dans le cœur de Dieu pour le péché, a été mis sur Jésus-Christ. Il a été le para-tonnerre divin qui a attiré la foudre de la justice de Dieu sur lui. Il a poussé un terrible cri qui a retenti dans la nuit : "Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné?" Savez-vous ce qu’est ce cri? C’est celui des damnés en enfer où ils seront éternellement abandonnés et où ils s’écrieront :"Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné?" Mais si Jésus a poussé ce cri, c’est pour que nous ne le poussions jamais. Il a pris notre place, il nous a remplacés. Le terrible péché s’est acharné sur Jésus-Christ comme les piranhas sur leur victime; vous pouvez passer maintenant, le chemin est libre et Dieu vous attend. En vous réclamant du nom de Jésus-Christ, vous pouvez maintenant être accueilli par Dieu. C’est ça le salut! "Crois au Seigneur Jésus" dira l’apôtre Saint Paul, "crois et tu seras sauvé."

Peut-être que quelqu’un dira : "Oui mais comment viendrais-je devant ce Dieu si grand?" Eh! bien, comme Mephiboshet est venu à David. Au verset 8 on lit : "Il se prosterna et dit: "Qu’est-ce que ton serviteur pour que tu regardes un chien mort tel que moi?" Voilà comment il faut venir devant Dieu pour entrer dans le salut. Il ne faut surtout pas sauter la repentance. Ecoutez-le dire "Un chien mort tel que moi." Et pour les Hébreux, chien, ça voulait tout dire. C’était la pire insulte qu’on pouvait dire à quelqu’un : Chien! Ce n’était pas les toutous de salon de chez nous, c’était des animaux impurs selon la loi. Et non seulement il s’identifie à un chien, mais encore à un chien mort. Comment dit-on la chose en français? J’ose à peine l’écrire; on dit un chien crevé. Mais la Bible a ses élégances, elle ne dit pas le mot mais le suggère.

Le fils prodigue de la célèbre parabole n’a pas dit autre chose. "Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils. J’ai péché contre le ciel et contre toi." Notre péché monte jusqu’au ciel, aussi haut que ça! Nos péchés touchent Dieu.

Dans une autre parabole, on voit un publicain, homme supposé de mauvaise vie qui monte au temple pour prier et qui se sent tellement indigne qu’il n’ose pas se tenir debout devant Dieu. Il va se mettre dans un coin du temple et il se frappe la poitrine en disant :"Oh! Dieu soit apaisé envers moi le pécheur." Et nous savons qu’il est rentré chez lui justifié bien plus que le pharisien, le propre juste, qui se vantait de ses bonnes œuvres et de son casier judiciaire vierge. Il s’est estimé digne du salut et il est sorti du temple perdu, tandis que l’autre qui s’est estimé indigne comme Mephibosheth a été sauvé.

Ne crains rien!

Regardez maintenant ce qui suit. Le salut de l’Evangile ne s’arrête pas au salut. Dieu ne nous sauve pas pour nous sauver seulement. Il nous sauve pour nous avoir à lui, pour rétablir une relation qui était perdue, pour que nous entrions en communion intime avec lui.

"Ne crains rien." La première chose que David fait, c’est de le rassurer. J’aimerais vous dire que le premier résultat de ma conversion a été celui-là. J’avais peur de la mort. Oh! je ne le laissais pas voir, je bombais le torse, je roulais les mécaniques. Mais quand je me retrouvais tout seul dans ma chambre, la nuit, et que je pensais à la mort, à l’éternité, à l’idée de rencontrer Dieu, je vous assure que je n’étais pas fier. Et le jour où je me suis donné au Seigneur, cette crainte est partie pour toujours. Certes, la mort existe toujours, elle est incontournable; si c’est pas pour demain, c’est pour après-demain comme on dit, mais son aiguillon est parti comme le dit si bien 1 Corinthiens 15: "O mort, où est ton aiguillon, O mort, où est ta victoire? La mort a été engloutie dans la victoire!"

Saviez-vous que dans la Bible, l’expression : "Ne crains rien" ou expression similaire, se rencontre 366 fois. C’est-à-dire une fois pour tous les jours de l’année, y compris les années bissextiles! Si donc vous appartenez au Seigneur, si vous avez fait la paix avec lui, si la réconciliation est faite, le Seigneur vous dit : "Ne crains rien." Les circonstances de la vie sont parfois à craindre mais le Seigneur vous fait une promesse : "Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la consommation du siècle", jusqu’au- delà de la mort même, ce qui fera dire à l’apôtre Paul dans sa lettre aux Philippiens: " Christ est ma vie et mourir m’est un gain".

Restauration

Le récit va plus loin. Non seulement David apaise les craintes de Mephibosheth, mais il lui rend ses possessions. Il redevient prince. Autrement dit, quand Christ réintègre un homme dans son plan de salut, le péché ne le domine plus. L’animal que nous portons en nous, et que nous porterons jusqu’au bout de notre vie terrestre, aura beau rugir, il est muselé. L’équilibre est revenu. Quand la conversion s’opère dans un cœur, on ne continue plus à boitiller de côté et d’autre, ne sachant pas de quel côté tourner. Non, on n’est plus une girouette qui tourne selon le vent : le vent de l’opinion des autres, le vent du voisin, du "qu’en dira-t-on". Car c’est bien ça qui fait tourner les gens, la crainte de ce qu’on va penser d’eux! Mais quand on se convertit à Jésus-Christ, finie la girouette, on devient l’aiguille aimantée de la boussole qui, elle, ne tourne pas comme une girouette. Parmi bien des oscillations, ça je l’admets, elle donne une direction dominante : le nord. Et quand Jésus-Christ entre dans un cœur, la direction dominante d’une vie maintenant c’est la personne de Jésus-Christ, c’est le ciel.

Après la restauration, le restaurant!

Car ce n’est pas tout: Mephibosheth mange maintenant à la table du roi! Fini Lodebar, terre sans pain, c’est maintenant l’Elysée, c’est Buckingham Palace! On est en plein psaume 23 :"Tu dresses devant moi une table à la face de mes adversaires." Ah! mes amis, quand les adversaires sont là, ce n’est pas le moment de passer à table. Mais quand Jésus est dans un cœur, on peut se mettre à table même face à l’adversité.

Alors, où en êtes-vous? Si, après 5 ans, 10 ans d’efforts, 20 ans peut-être, vous n’êtes pas encore repus, si vous n’êtes pas rassasiés des biens du ciel, si vous n’avez pas l’assurance de votre salut, dites-moi, est-ce qu’un jour de plus ou un an de plus vont changer quelque chose? C’est aujourd’hui qu’il faut décider. Je pourrais vous parler de centaines de cas où, dans une soirée de conférence comme celle qui vous est rapportée par écrit, des gens ont vu leur vie basculer dans les bras du Sauveur et pour qui plus rien n’a jamais été le même. Ils ont expérimenté la puissance de l’Evangile :"Les choses anciennes sont passées. Toutes choses sont devenues nouvelles."

Le monde et ses plaisirs, ses vains plaisirs, ne seront jamais que des Lodebar qui ne peuvent pas remplir le ventre ni donner des forces. J’ai été au Congo et j’ai vu ces enfants noirs avec un gros ventre, énorme. Ce n’est pas tellement parce qu’ils n’ont rien à manger mais parce qu’ils ont une nourriture qui ne tient pas au ventre. Le manioc qui est à la base de leur alimentation est très pauvre en valeur nutritive. Ils sont sous-alimentés avec un ventre plein. Autrement dit, ce que le monde vous offre, ses plaisirs factices, sa gloire, son clinquant, ça ne tient pas au ventre. Et le fils prodigue en a fait l’expérience. Il est parti de la maison de son père où il y avait de tout. Il a fini chez les cochons et là il s’est écrié: "Dans la maison de mon père, il y a des biens en abondance et ici je meurs de faim!"

Moi aussi j’ai fait comme le fils prodigue. J’ai tourné le dos à Dieu et je suis arrivé à mes cochons. Et c’est là, comme je le raconte dans mon auto-biographie "Le Rouquin", que j’ai compris qu’il fallait retourner à Dieu. Et ce fut la volte-face, le demi-tour de la conversion, car la conversion c’est un changement de direction. Et c’est dans ce retour à Dieu que j’ai trouvé une paix qui ne m’a plus jamais quitté. Mais, autant le dire tout de suite, une fois admis à la table du Seigneur on peut pas manger à deux râteliers, celui du Christ et celui du monde. Entre les râteliers du monde et les biens du royaume de Dieu, il y a un choix à faire sur lequel on ne revient plus.

Comme un fils du roi.

Après le :"ne crains rien", et la rentrée en possession de ses biens, et l’accueil à la table du roi, la réconciliation est si complète qu’il est traité comme un fils du roi.

Dans notre siècle informatisé, nous sommes tous répertoriés chez IBM. Un jour, un chef d’atelier m’a dit cette phrase terrible de dépersonnalisation: "Pour moi, vous êtes un numéro de matricule avec un coefficient de production." Dieu est trop grand pour nous donner une si petite place dans son cœur. Il nous traite non pas comme des numéros de matricule avec un coefficient de production, mais il nous traite comme ses enfants. Et quand nous venons à lui dans une repentance sincère et une conversion réelle à son Fils, nous devenons des enfants de Dieu. Il est écrit :"Il (Jésus) est venu chez les siens et les siens ne l’ont pas reçu, mais à tous ceux qui l’ont reçu, il a donné le pouvoir de devenir des enfants de Dieu." Dieu le Créateur devient notre Père, véritablement notre Père, et le chemin qui conduit à lui, c’est Jésus-Christ. D’ailleurs il l’a dit :"Je suis le chemin." Il l’a dit non pas dans le sens où, pour être sauvés, nous devrions imiter Jésus-Christ, que Dieu m’en garde! Comment d’ailleurs y arriverais-je puisqu’il est écrit : "Lui qui n’avait pas de péchés." Si je commence par vouloir être sans péché pour imiter Jésus et être sauvé, je n’y arriverai jamais. Jésus est le chemin en ce sens qu’il a frayé le salut jusqu’à Dieu, il l’a payé, il l’a entrepris à notre place, il l’a mené à bien et il nous l’offre. Et c’est à partir de cette offre gratuite du salut qu’il nous dit :"Toi, suis-moi."

Cela veut dire qu’il y a une décision à prendre. Vous pouvez lire ce que j’ai écrit et l’apprécier ou moins l’apprécier. Mais même acquiescer intérieurement et reconnaître que Jésus est le chemin du salut n’est pas suffisant. Il faut s’y engager, Il y a une décision à prendre. Et de peur que la nécessité d’une prise position nette vous échappe (elle m’a échappé à moi pendant longtemps), je vais vous donner une illustration un peu loufoque mais vraie, que j’ai déjà rapportée dans une autre occasion. Veuillez me pardonner si c’est pour vous une double lecture.

Voulez-vous prendre pour époux…?

C’est une histoire qui s’est passée en Angleterre il y a quelque temps. Il y est question d’un mariage et qu’y a-t-il de plus banal et de plus sérieux qu’une cérémonie de mariage. Quand les deux futurs époux se sont présentés devant l’autorité compétente, les questions traditionnelles ont été posées. "Monsieur Untel, voulez-vous prendre pour épouse mademoiselle Unetelle?" Il a dit : "Oui" ("Yes, I will" en anglais). Et puis la question a été posée à l’autre partie :"Mademoiselle, voulez-vous prendre pour époux ...?" Elle n’a pas répondu.

Croyant qu’elle n’avait pas entendu, l’officiant a répété un peu plus fort: "Voulez-vous prendre pour époux monsieur Untel?" Et elle n’a toujours pas répondu. Rendez-vous compte, la gêne qui s’est installée parmi les invités. L’officiant lui a soufflé : "Dites "oui!". Et elle n’a pas voulu dire oui!

Alors on a dû annuler, décommander la cérémonie et renvoyer les invités. Cette affaire s’est répandue comme une traînée de poudre et a fait du foin dans toute la contrée, au point que le lendemain ou le surlendemain, des journalistes sont venus trouver la jeune fille et lui ont dit :"Mais enfin, mademoiselle, mais pourquoi n’avez-vous pas dit oui?" Et elle a répondu : "Ben, j’ai quand même pas dit "non!" Mais c’était comme si elle avait dit non.

Vous non plus, vous n’avez pas dit non à Jésus-Christ. Vous ne liriez pas ce texte s’il en était autrement. Vous défendriez le nom du Seigneur si on le blasphémait devant vous. Vous éprouvez un certain respect pour les choses de Dieu et je suis sûr que vous ne lui avez pas dit non. Mais là où le bât blesse, c’est que vous ne lui avez pas dit "Oui!" Vous ne lui avez pas encore dit: Oui, Seigneur, c’est toi maintenant qui vas devenir mon Sauveur et Maître; je me repents, je me donne à toi, je te dis le oui qui lie mon âme à la tienne, Oui, Seigneur, je viens." Or, si vous n’avez pas dit oui, vous êtes encore perdus. Il faut décider et vous pouvez le faire maintenant.

Je vous propose, comme je le fais habituellement, d’avoir une minute de recueillement que nous appellerons la minute de vérité. Nous allons courber nos têtes, nous oublierons ce qui nous entoure et nous nous trouverons chacun devant notre vie, notre passé et devant le Seigneur qui vous tend la main du salut, une main trouée, percée par les clous d’où a coulé le sang qui purifie de tout péché. C’est à vous de mettre votre main dans la sienne et de lui dire lentement en pesant vos mots :"Seigneur je ne t’ai jamais dit non mais je ne t’ai jamais dit oui; alors je te dis "Oui" maintenant." Dites-le dans votre cœur au Seigneur et ce sera la réconciliation. D’un seul coup, en un instant, Dieu vous pardonnera, il effacera votre vie passée, il la nettoiera pour toujours, il déversera le ciel dans votre cœur en y mettant le Saint-Esprit, la troisième personne de la trinité qui viendra habiter en vous. Et croyez-moi, à partir de ce "OUI", votre vie ne sera plus jamais, plus jamais la même.