Le poids des mots

Un philosophe grec a un jour demandé à son serviteur Esope qui n’était pas moins philosophe que lui (il est d’ailleurs connu pour ses fables), de lui préparer le meilleur des repas.

Et Esope lui a servi une langue en disant: Avec la langue on peut rendre heureux, on peut adoucir la douleur, soulager le désespoir, relever les abattus, inspirer les découragés, aider son semblable. Alors son maître lui a dit: Eh bien, sers -moi la plus mauvaise des choses, et il lui a derechef servi une autre langue en disant: Avec la langue on peut maudire et briser le cœur, on peut détruire des réputations, amener la discorde, la guerre au sein des familles, des communautés et des nations.

Voilà ce que disait un philosophe grec à propos de la langue.

Nous allons voir à présent ce que nous dit la Bible sur le même thème. C’est l’épître de Jacques vers la fin de la Bible pour ceux qui ont la bonne habitude de prendre la Bible avec eux pour suivre et contrôler ce qui est dit, et pour se laisser imprégner par la lecture de la Parole de Dieu. Donc, dans Jacques au chapitre 3, je lis: " Qu’il n’y ait pas parmi vous un grand nombre de personnes qui se mettent à enseigner, car vous savez que nous serons jugés d’autant plus sévèrement. Nous bronchons tous de plusieurs manières. Si quelqu’un ne bronche pas en paroles, ou, selon une autre version ne faillit pas en paroles, c’est un homme parfait, capable de tenir tout son corps en bride. Si nous mettons le mors dans la bouche des chevaux pour qu’ils nous obéissent, nous dirigeons ainsi leur corps tout entier. Voici, même les navires, qui sont si grands et que poussent des vents impétueux, sont dirigés par un très petit gouvernail, au gré du pilote. De même, la langue est un petit membre, et elle se vante de grandes choses. Voyez, comme un petit feu peut embraser une grande forêt! La langue aussi est un feu; c’est le monde de l’iniquité. La langue est placée parmi nos membres, souillant tout le corps, et enflammant le cours de la vie, étant elle-même enflammée par la géhenne. Toutes les espèces de bêtes, d’oiseaux, de reptiles et d’animaux marins, sont domptés et ont été domptés par l’homme; mais la langue, aucun homme ne peut la dompter; c’est un mal qu’on ne peut réprimer; elle est pleine de venin mortel. Par elle nous bénissons le Seigneur notre Père, et par elle nous maudissons les hommes faits à l’image de Dieu. De la même bouche sortent la bénédiction et la malédiction. Il ne faut pas qu’il en soit ainsi. La source fait-elle jaillir par la même ouverture l’eau douce et l’eau amère? Un figuier peut-il produire des olives, ou une vigne des figues? De l’eau salée ne peut pas non plus produire de l’eau douce".

Dieu a donné à la race humaine le privilège de pouvoir s’exprimer de façon précise par le moyen de la parole. Et cela fait reposer, sur nos épaules à tous, une très lourde responsabilité, parce que Dieu va nous tenir responsables de tout ce qui sera sorti de notre bouche, soit bien, soit mal. Tellement grande est l’importance que Dieu fait reposer sur nos paroles, que Dieu dit que l’homme parfait, nous venons de le lire, c’est celui qui tient sa langue en bride, c’est celui qui ne bronche pas ou qui ne faillit pas en parole. Dieu ne dit pas que l’homme parfait c’est le fin causeur, l’homme raffiné qui mesure sa cadence d’expression. On peut être d’une très grande érudition, précieux dans sa façon de s’exprimer, d’une grande puissance d’oraison, on peut être maître de sa syntaxe et être plus lamentable devant Dieu que le plus frustre des campagnards. Dieu déclare que l’homme parfait c’est celui qui ne faillit pas en parole, qu’il soit éloquent ou non, car de très mauvaises choses peuvent se dire éloquemment.

La langue, une petite chose

Par rapport à notre corps, la langue, j’ai essayé de faire le calcul sans y arriver tout à fait, la langue est, disons, mille fois plus petite que lui, et cependant, elle enflamme le cours de la vie comme la géhenne. L’exemple le plus célèbre de tous, c’est celui d’Hitler dont la parole rugueuse a enflammé tout un peuple, et a conduit à un holocauste épouvantable de cinquante millions de morts. Sa tactique était simple: " Mentez, mentez encore, ne dites pas des petits mensonges, dites-en des grands, répétez-les et on finira par les croire". Et nous savons ce que ça a donné.

Hélas, il faut dire que du haut de la chaire, une politique un peu semblable est adoptée depuis longtemps. Qu’importe pour certains prédicateurs que Dieu ait parlé dans la Bible. Ce qu’ils annoncent au peuple ce n’est plus le simple et pur évangile, ce n’est plus la voix des vieux prophètes qui disaient: " Ainsi dit l’Eternel", mais ce sont des théories édulcorées où la raison humaine s’est substituée à la Parole de Dieu avec pour résultat que les hommes n’ont plus l'occasion ou l’envie, ni de se repentir, ni de se convertir, ni d’être sauvés.

La langue, un poison

Et puis, avec la langue, quel poison ne peut-on pas distiller? Une insinuation malveillante, une plaisanterie acerbe, une médisance orientée peuvent marquer toute une vie. J’ai le souvenir récent de deux jeunes qui allaient se marier, ils s’aimaient profondément et quelques semaines avant le mariage, une épouvantable calomnie, quelques syllabes articulées avec malveillance sont venues détruire, pour toujours, deux vies promises à un bel avenir.

La langue: une souillure

Il est aussi écrit dans la Bible que: " La langue souille le corps". Dans l’évangile de Matthieu au chapitre 15 je lis ceci: Les pharisiens et les scribes vinrent de Jérusalem auprès de Jésus et lui dirent: " Pourquoi tes disciples transgressent-ils la tradition des anciens car ils ne se lavent pas les mains, quand ils prennent leur repas"? Au verset 11, le Seigneur leur répond: " Ce n’est pas ce qui entre dans la bouche qui souille l’homme; mais c’est ce qui sort de la bouche qui souille l’homme". Voyez-vous, les pharisiens avaient établi des traditions d’hommes qui souvent remplaçaient la Parole de Dieu. Pour eux, prendre un repas sans s’être au préalable lavé les mains, c’était souiller son âme. Manger tel ou tel aliment, que dans leur fantaisie ils avaient interdit de manger tel ou tel jour de l’année, c’était souiller son âme. Bien avant une certaine Eglise, ils avaient inventé des jeûnes de tout espèce qu’on était tenu d’observer comme s’ils étaient des commandements de Dieu; aussi le Seigneur leur retourne-t-il une réplique cinglante: " Ce n’est pas ce qui entre dans la bouche qui souille l’homme, c’est ce qui en sort!". Le Français ne souille pas son âme parce qu’il mange du camembert ou du Munster bien fait. Le Chinois ne souille pas son âme parce qu’il se délecte d’œufs plus très frais. Le Mexicain ne souille pas son âme parce qu’avant de couper son pain il aiguise son canif sur la plante de son pied! Non, dit le Seigneur: " Ce qui souille l’homme ce n’est pas ce qui entre en lui, c’est ce qui en sort".

Une bonne règle

Je vais vous donner une bonne règle qui vaudra mieux que tous les carêmes et tous les jeûnes que l’on peut faire, que tous les kilos de viande ou de poisson qu’il faut manger ou ne pas manger. C’est un autre philosophe grec qui a vu un jeune homme tout essoufflé venir à lui pour lui rapporter une histoire. Il l’a arrêté et lui a dit: Je veux passer ce que tu vas me dire au crible de 3 questions. D’abord la première: Est-ce que c’est entièrement vrai? Oh ben, c’est à dire que…! Deuxième question: Est-ce que c’est une bonne chose? Eh bien, non pas précisément. Troisième question: Est-ce qu’il est utile que je le sache? Ma foi, non. Alors si ce n’est ni vrai, ni bon, ni utile je ne veux pas le savoir. Voilà une bonne règle.

La langue: cette indomptée

Dans ce fameux texte de Jacques on lit que tout a été dompté. Si vous allez dans une clairière de l’Inde vous verrez les éléphants, ces énormes pachydermes, employés au charroi des troncs d’arbres et qui sont conduits par un minuscule karnac qui les dirige à son gré.

Si vous allez au cirque, vous verrez tour à tour le tigre royal ou le lion africain faire des bonds et des exercices au gré et à la fantaisie d’une frêle dompteuse de fauves. Oui, tout a été dompté, mais Dieu dit que cette furie diabolique qu’est la langue, n’a jamais été domptée et j’en veux pour preuve des tas de gens qui m’ont dit: " Je n’ai jamais volé, j’ai jamais tué, mais personne ne m’a jamais dit: " je n’ai jamais menti ". Or les mensonges, les faux témoignages, les jurons, entrent dans la liste négative des dix commandements et c’est par- là que nous connaissons que nous sommes pécheurs.

La terre sur sa rotondité a, paraît-il, plus de deux mille langues. Les plus primitives n’excèdent guère les mille mots ; les langues modernes dépassent allègrement les cent mille, mais prenez le français volubile, l’anglais chantonnant, l’allemand guttural, les familles latines, slaves, orientales monosyllabiques, vous verrez qu’elles ont toutes des particularités communes, elles peuvent susciter la haine, engendrer des guerres et pervertir la vérité.

La langue: un feu inextinguible

La langue c’est comme un petit feu qui peut allumer de grands incendies. Nous ne savons hélas que trop bien en France où chaque année, les départements du sud sont enflammés par la maladresse des campeurs ou par des pyromanes. Il y a eu dans le passé des incendies célèbres comme celui de Rome par Néron ; celui de Chicago où toute la ville a brûlé par une lampe à pétrole qui s’est renversée ; celui du magasin de l’Innovation de Bruxelles qui a fait plus de deux cents morts. Et pour les jeunes, qui ne se souvient de Saint Laurent du Pont où je passe souvent, où plus de cent cinquante jeunes qui s’éclataient dans une discothèque se sont trouvés pris comme dans une souricière en feu. Quelle fin tragique pour cette surprise-partie où ils ont tous péris dans cet incendie.

C’est pourquoi Dieu compare la langue au feu car l’un et l’autre sont de bons serviteurs mais de mauvais maîtres. Ils ont des débuts insignifiants et des résultats catastrophiques.

A titre d’exemple, savez-vous qu’à moi tout seul, je suis plus fort que dix sections de pompiers, que je suis maître des plus terribles incendies qui puissent ravager une ville ? Dans ma main droite, j’ai des vies humaines encore intactes, des richesses fabuleuses intactes. Et cette puissance terrible, je la tiens sous la forme d’une boite d’allumettes. Et de cette boîte, j’extrais devant vous un petit bâtonnet blanc a tête brune. Une seule de ces allumettes mise au mauvais endroit donnerait des fournaises inextinguibles .Mais cela ne se passera pas, tant que j’en resterai maître. Mais le jour où ces petits bâtonnets dépasseraient mon contrôle, personne ne pourrait plus répondre de ce qui se passerait. C’est la même chose avec la langue. Un proverbe arabe dit: " Nous sommes toujours maîtres des paroles que nous n’avons pas dites ". Mais une fois parties, plus moyen de les rattraper. Plus que l’encre indélébile, elles résisteront à tout. Elles feront descendre des réputations dans la tombe, elles tenailleront des cœurs jusqu’à ce qu’ils aient cessé de battre, elles seront comme des feuilles jaunies sur des arbres en fleur, elles seront comme une verrue sur un beau visage, comme un suaire sur une robe de mariée.

Mais il y a plus grave, c’est que ces paroles auront été enregistrées par Dieu. Jésus a dit: " Je vous le dis: au jour du jugement, les hommes rendront compte de toute parole vaine qu’ils auront proférée". Il faudra y être confronté et c’est Dieu qui dit " Sache que ton péché te trouvera " et " Prépare- toi à la rencontre de ton Dieu ".

Dans le prophète Esaïe au chapitre 5, ce grand prophète parle de la part de Dieu, et il va dire six paroles. Il voit le peuple, sa condition morale et voilà ce qu’il dit: 

Verset 8 " Malheur ( et ce mot il va le répéter six fois ) malheur à ceux qui ajoutent maison à maison … "

Verset 11: " Malheur à ceux qui se lèvent de bon matin et qui courent après les boissons enivrantes ".

Verset 18: " Malheur à ceux qui tirent l’iniquité avec les cordes du vice ".

Verset 20: " Malheur à ceux qui appellent le mal bien et le bien mal ".

Verset 21: " Malheur à ceux qui sont sages à leurs propres yeux ".

Verset 22: " Malheur à ceux qui ont de la bravoure pour boire du vin ".

Puis on passe au chapitre 6, et là le langage change: Esaïe voit la gloire de Dieu, il voit le temple de Dieu ouvert, il voit les séraphins qui se voilent la face avec leurs ailes, et il les entend crier " Saint, saint, saint est l’Eternel, toute la terre est peine de sa gloire!" et il dit au verset 4 que " par le retentissement de leur voix, les portes furent ébranlées dans leurs fondements, et la maison se remplit de fumée. " C’est alors qu’il s’écria " Malheur à moi!". Six fois, il crie: Malheur aux autres, mais la septième fois il dit: " Malheur à moi! je suis perdu, car je suis un homme dont les lèvres sont impures, et j’habite au milieu d’un peuple dont les lèvres sont impures". Il vient de découvrir le péché de la langue; il se prend en horreur et il s’abîme dans la repentance. Heureusement le texte continue par: " l’un des séraphins vola vers moi, tenant à la main une pierre ardente " (un charbon ardent dans une autre version) qu’il avait pris sur l’autel avec des pincettes, il en toucha ma bouche, et il dit: ceci a touché tes lèvres ; ton iniquité est enlevée et ton péché est expié".

Voyez-vous, ce qui s’est passé pour Esaïe doit se passer pour nous aussi. Le cri d’Esaïe " Malheur à moi", c’est sa repentance. Esaïe était pourtant un homme juste. Quel grand prophète! N’a-t-on pas appelé son livre le cinquième évangile ? N’était-il pas le serviteur de Dieu qui, selon la tradition, allait donner sa vie pour le service de l’Eternel ? Il finira en martyre, scié en deux, paraît-il. Oui, c’est un homme juste, qui tout à coup découvre la faille de sa vie. Et quelle est cette faille? La langue! Et il le confessera en avouant: " Je suis un homme aux lèvres impures, au milieu d’un peuple aux lèvres impures". C’était sa repentance, et cette repentance, Dieu la veut aussi chez nous et elle viendra le jour où comme Esaïe nous jetterons les yeux à la bonne place, sur l’Eternel des armées, le roi de gloire. Non pas sur un mécréant, nous pourrions dire, je vaux mieux que lui. Non pas sur un homme juste, nous pourrions dire: je vaux autant ou presque autant que lui. Mais le jour où nous regarderons la vie de Jésus-Christ, où nous écouterons ses paroles, où nous découvrirons sa sainteté, sa pureté, personne ne nous entendra plus jamais dire " je suis bon, juste, et honnête" mais plutôt comme Pierre nous nous écrierons: " Seigneur, retire-toi de moi, parce que je suis un homme pécheur" (Luc 5:8). Le récit d’Esaïe s’achève par un charbon ardent tiré de l’autel qui touche sa bouche, et dont la conclusion est: " Ceci a touché tes lèvres ; ton iniquité est enlevée et ton péché est pardonné".

Remarquable symbolique

Quelle remarquable symbolique que cet autel brûlant et ce charbon ardent appliqués à Esaïe. Connaissez-vous l’endroit le plus brûlant de l’histoire des hommes et de l’univers? Ce n’est pas Waterloo, Verdun, Stalingrad; ce ne sont pas les plages du débarquement ou la chute de Berlin. L’endroit le plus brûlant du monde, c’était en dehors des portes de Jérusalem sur le lieu dit du Crâne où une croix a été dressée et où Toutes les ardeurs de ta colère ont passé sur moi, est-il écrit. Quand Jésus-Christ a été élevé sur la croix pendant six heures, et qu’en particulier pendant les trois dernières heures, le soleil est parti, Dieu aussi est parti. Et c’est là que le Saint et Juste Fils de Dieu a poussé ce cri terrible, le cri des damnés en enfer: " Mon Dieu, mon Dieu pourquoi m’as-tu abandonné?". Il l’a poussé pour que vous ne le poussiez jamais, pour que personne ne se retrouve dans la géhenne de feu dont parle Jacques, pour que de cet endroit brûlant puisse descendre le pardon. Et, en réponse à notre repentance et à notre foi en Jésus-Christ comme seul moyen de salut, Dieu nous pardonne. Il est écrit: " Si nous confessons nos péchés il est fidèle et juste pour nous les pardonner et nous purifier de toute iniquité".

C’est de cet endroit qu’un brigand qui avait employé ses mains, son corps, sa langue pour faire le mal et pour maudire, tout à coup ouvre sa bouche pour dire ces paroles: " C’est justice, nous recevons ce qu’ont mérité nos crimes mais lui n’as rien fait qui ne se dût faire; Seigneur, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton règne". Et des lèvres quasi exsangues du Roi des rois, le pardon est descendu dans ces paroles sublimes que j’aime citer, et je ne le fais jamais sans émotion: " En vérité, en vérité, je te le dis, aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis".

Mais l’usage de la langue ne finit pas avec cette vie, tout ne se finit pas au cimetière comme certains voudraient le croire. Quand on lit Apocalypse 5, on y voit un grand trône qui est dressé dans le ciel; c’est le même trône qui a fait trembler le prophète Esaïe. Autour, il y a des multitudes d’êtres qui, chose surprenante, eux, ne tremblent pas. Pourquoi? Parce qu’ils sont revêtus de vêtements aussi blancs que le trône est blanc, ils ne détonnent pas sur ce fond de pureté absolue. Qui sont-ils, des êtres exceptionnels? Non, ce sont ces mêmes bouches qui autrefois ont blasphémé, ont menti, ont médit et calomnié, ont parlé à la légère, ont mis comme le dit le Psaume 69, le nom de Jésus dans la chanson des buveurs, ce sont les mêmes langues mais elles ont été pardonnées et purifiées par le sang de l’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde et leur langage, comme leur vie, a changé. Il en vient de toute tribu, toute famille humaine, toute nation, peuple, race et langues nous dit l’Apocalypse à plusieurs reprises, et ils parlent maintenant une langue unique, la langue du ciel. Et dans cette foule, j’y vois le brigand dont je viens de parler, qui a dit: Seigneur souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton règne. J’y vois, entre autres, Anne, la maman du futur Samuel, dont l’âme est immensément triste et qui prie sans pouvoir articuler un mot car ses lèvres seules remuent, mais son cœur est en prière devant Dieu. J’y vois des hommes et des femmes de simple extraction, qui n’ont rien fait, ni rien dit d’extraordinaire dans leur vie, qui ont cru en Jésus-Christ comme en leur Sauveur personnel, qui ont tout simplement élevé leur famille à la gloire de Dieu, qui ont appris à leurs enfants à prononcer et à aimer le nom du Seigneur Jésus, ils sont tous là. Voyez-les se prosterner ensemble et écoutez-les dire à l’unisson: " A l’Agneau qui a été immolé soit l’honneur, la gloire, la force et la puissance aux siècles des siècles". Et les harmonies du ciel entonnent le prélude du cantique nouveau, et tandis que les musiciens du ciel entonnent l’ouverture de ce nouveau cantique, les Beethoven, les Mozart, les Bach s’estompent et disparaissent devant la majestueuse orchestration des chœurs éternels; des myriades de voix entonnent l’hymne triomphal à la gloire de l’Agneau et comme le dit un de nos chants:

" Nombreux comme le sable des plages"

" Quand au sein d’un vaste océan d’anges"

" Nos cohortes déversent leurs flots"

" L’univers tremble au son des louanges"

" Plus de combats, de pleurs, de sanglots"

 

En contrebas

Mais pendant que cela se passe dans le ciel, il faut compter avec ce qui se passe en contrebas. Dans l’évangile de Luc au chapitre 16, nous trouvons l’histoire d’un homme qui avait sa petite idée sur la religion mais qui, agissant à contresens, s’est occupé de cette vie qui passe sans penser à l’autre, qui ne s’est pas mis en règle avec Dieu, qui n’a pas fait la paix avec lui. Et tandis qu’un certain Lazare aurait voulu se rassasier des miettes qui tombaient de sa table, il préférait se vêtir de pourpre et de fin lin, faire, chaque jour, joyeuse et brillante vie, et il s’est retrouvé après son dernier soupir, dans les ténèbres du dehors. Ecoutez-le: il parle, il a toujours l’usage de sa langue qui ne se termine pas avec cette vie, et il s’adresse à Abraham. Il voudrait prier mais il est trop tard. Il cherche miséricorde mais il est trop tard. Il va même envisager d’évangéliser mais il est trop tard. De là où il est, il voit Lazare qui lui aussi est dans l’au-delà, mais du bon côté; c’est ce même Lazare à qui autrefois il a refusé un verre d’eau, et il voudrait qu’il aille tremper le bout de son doigt dans l’eau pour qu’il lui rafraîchisse la langue. Oui tout n’est pas fini avec la mort, en fait, ce sont les choses sérieuses qui commencent.

Le grand silence

Je veux que vous voyiez la scène qui conduira à une éternité de malheur ceux qui n’ont pas pris la peine de chercher le pardon et l’amour de Dieu. C’est le grand jour du jugement, l’heure H a sonné. Maintenant Dieu s’arrête de parler en grâce, c’est fini, il va maintenant parler en jugement. Les tribunaux sont vides, l’heure des plaidoyers est passée. Les études d’avocats sont à l’abandon. Les émetteurs de radio sont silencieux, les haut-parleurs se sont tus. Plus de chuchotement, plus rien, notre globe est désert. Et un trône d’une éblouissante blancheur est dressé dans le ciel. Les trompettes sonnent, et Dieu amène les morts à la barre de son jugement. Et ils viennent de partout, des profondeurs de la mer, des cimetières militaires, des cimetières oubliés: ils vont à la rencontre de Dieu. Et dans cette foule, j’y voit des rois, des princes et des empereurs. Dans cette foule il y a Hitler aux discours rageurs qui fascinaient la jeunesse prussienne. J’y vois Voltaire, j’y vois des conférenciers athées dont la plume et la langue suintaient le fiel. J’y vois des avocats, des maîtres du barreau, des prédicateurs du faux évangile, des acteurs dramatiques, des philosophes, modernes et de l’antiquité, des présentateurs de la radio, des stars du film parlant et de la télévision, et ce qu’il y a de terrible, c’est aucun de ces maîtres de la parole ne trouve un mot à dire pour sa défense personnelle. Eux qui ont remué des foules par leur seul style oratoire, sont comme effondrés devant la catastrophe qui les atteint. Mais pourquoi? Pourquoi? Parce que Dieu dit: En ce jour là, toute bouche sera fermée (Rom.3:19). Toute bouche sera fermée. La blancheur éclatante et immaculée du trône de Dieu fermera la bouche à chacun. Mes amis, si vous êtes là, plaise à Dieu que vous n’y soyez pas, mais si vous êtes là qu’allez-vous trouver pour une timide défense? Rien ne tiendra. Supposons même, que vous essayiez de vous défendre comme certains m’ont dit un jour, " Quand je serai devant le Bon Dieu je m’expliquerai avec lui et il va m’entendre". Mais on ne pourra plus s’expliquer. Personne n’en aura envie et ne pourra le faire. Mais supposons que vous le puissiez. Que lui direz-vous? Sur qui rejeter la faute de n’être pas sauvé?

Allez-vous dire au Seigneur ce que certains m’ont dit: Je n’ai pas eu le temps de me convertir! Dieu répondra: la conversion ne demandait pas du temps, elle ne demandait que du désir, et vous ne l’avez pas eu.

D’autres lui diront: Seigneur, moi c’est le contraire, j’ai cru avoir bien le temps! Et il vous dira que vous aviez vu à la Toussaint, lors de la visite annuelle au cimetière, qu’ il y avait là des gens de votre âge et même plus jeunes. Vous saviez qu’il y avait des morts subites, vous saviez que, même jeune, on ne peut pas se vanter du lendemain car nul ne sait ce qu’un jour peut enfanter. Non, ça ne tiendra pas.

Un autre va dire: mais Seigneur il y avait tant de faux chrétiens, le Seigneur dira " Oui mais il y en avait des vrais! Et cela aussi vous le saviez! Comme vous saviez qu’il y a aussi des faux billets de banque, ce qui ne vous a pas empêché de vouloir les vrais! Cela non plus ne tiendra pas.

Certains diront: mais Seigneur dans ta parole, il y avait tant de choses difficiles à comprendre! Le Seigneur répondra: mais mon salut n’était pas intellectuel. Il était mis à la portée des enfants, " laissez venir à moi les petits enfants".

Alors, que direz-vous ce jour là? Eh bien, puisqu’il n’y aura plus rien à répondre, ce qu’il y a de plus sage à faire, c’est de parler aujourd’hui. Dire quoi? Ecoutez encore le prophète Esaïe, c’est Dieu qui parle au travers de lui et Il dit: " Venez, plaidons ensemble, dit l’Eternel". Alors venez. Puisque c’est Dieu qui dit: Plaidons ensemble c’est qu’il est encore temps de le faire aujourd’hui.

Mais vous allez dire plaider quoi? Plaider coupable! Et c’est ça qui sauve, c’est de plaider coupable. C’est de lui dire comme le brigand qui a été sauvé in extremis: moi aussi Seigneur, je plaide coupable.

Le prophète Osée au chapitre 14 dit: Reviens à l’Eternel car tu es tombé par ton iniquité. Et voici ce qu’il ajoute: " Apportez avec vous des… des paroles". tout simplement. Apportez avec vous des paroles vraies parce que Dieu ne nous sépare jamais de nos paroles. Apportez avec vous des paroles et revenez à l’Eternel et dites-lui " Pardonne toutes nos iniquités et reçois-nous favorablement". Et si vous venez avec des paroles sincères, voici la réponse de Dieu pour vous ce soir: " Je réparerai leurs infidélités, j’aurai pour eux un amour sincère car ma colère s’est détournée d’eux et je serai pour eux comme la rosée" Prenez avec vous des paroles . C’est ce que dira l’apôtre Paul dans son fameux chapitre 10 de l’épître aux Romains: " Si tu crois dans ton cœur et que tu le confesses de ta bouche, tu seras sauvé ". J’aime mieux une autre expression parce que confesse ça semble dire confessionnal, confesser dans le langage biblique ça veut dire: si tu le proclames, si tu l’affirmes, si tu le crois dans ton cœur et si tu le dis de ta bouche, tu seras sauvé.

Etre sauvé, et pour l’éternité, y a-t-il au monde quelque chose qui puisse nous rendre plus heureux? Je souhaite ardemment que tous vous entriez dans ce salut et que vous en ayez la certitude, et vous pouvez l’avoir ce soir. Tenez, il est 21h 03 à ma montre ; entre 21h03 et 21h 04 vous pouvez être sauvé. Je le répète, ça ne demande pas du temps, ça demande du désir. Alors tournez-vous vers le Seigneur et dites-lui: Seigneur ce samedi soir du mois d’avril deux mille et tant… je fais la paix avec toi. Je crois dans mon cœur et à la sortie je le dirai de ma bouche. Alors, faites-le. Donnez-vous au Seigneur dans la minute de silence qui va suivre et si vraiment la chose est réglée, en nous disant au revoir à la sortie, dites-moi en nous serrant la main: la chose est faite. Et je me réjouirai avec vous de ce que vous pourrez dire: la question de mon éternité a été réglée ce soir.

Nous nous inclinons tous à présent.

Seigneur, nous allons ensemble nous tourner vers toi, merci parce que tu es à l’écoute de ce que nous allons te dire. Tu as dit: prenez avec vous des paroles; eh bien, des amis vont le faire comme peut-être ils ne l’ont jamais fait. Ils vont te parler avec des mots de chaque jour, ils vont te le dire dans un soupir, peut-être avec des larmes dans des yeux. Seigneur c’est vrai que nous avons à nous frapper la poitrine, nous croyons qu’il n’y a pas de péché plus universel que celui que nous avons abordé aujourd’hui. Seigneur, que de raisons de te demander pardon. Daigne écouter ce que ces amis ont à te dire. Ceux qui n’ont pas encore l’assurance du salut mais dont le cœur a vibré ce soir et qui se sont laissé toucher par ta parole, qui mettent leur foi en ton Fils mort à la Croix pour payer la dette de leurs péchés, accueille-les maintenant et donne-leur l’assurance du salut par ta Parole et par le Saint-Esprit.