L’homme qui prit la clé des champs…. et qui la rapporta !

L’homme qui prit la clé des champ…

Aujourd’hui, nous irons en Turquie d’Asie qui était autrefois l’Asie Mineure ; nous irons au-delà du Bosphore, en passant par Istanbul qui résonne encore des noms de Constantinople et de Byzance; puis nous mettrons le cap sur Rome.

Je vais vous lire une lettre qui a été écrite il y a plus de 1900 ans, qui nous a été conservée et traduite en français. C’est la lettre d’un prisonnier à Rome, sous le règne de Néron. Paul, c’est son nom, a écrit ce billet à son ami Philémon qui habite la ville de Colosses. Cette courte missive constitue un des 66 livres de la Bible. Elle est moins longue que le texte que vous êtes en train de lire. J’en sélectionne un extrait pour ne pas allonger indûment.

"C’est pourquoi, dit Paul, bien que j’aie toute liberté de te prescrire ce qui est convenable, c’est de préférence au nom de l’amour que je t’adresse une prière. Etant ce que je suis, Paul, vieillard, et de plus maintenant, prisonnier de Jésus-Christ ( remarquez qu’il ne dit pas prisonnier de Néron, bien qu’il le soit, mais il s’élève d’un cran, et il dit : prisonnier de Jésus-Christ).

Je te prie pour mon enfant que j’ai engendré étant dans les chaînes, mon enfant qui s’appelle Onésime qui autrefois t’a été inutile et qui maintenant est utile à toi et à moi. Je te le renvoie, lui, une partie de moi-même (une autre version dit : " Mes propres entrailles. " ) J’aurais désiré le retenir auprès de moi pour qu’il me serve à ta place pendant que je suis dans les chaînes pour l’Evangile. Toutefois, je n’ai rien voulu faire sans ton avis afin que ton bienfait ne soit pas comme forcé, mais qu’il soit volontaire. Peut-être a-t-il été séparé de toi pour un temps afin que tu le retrouves pour l’éternité, non plus comme un esclave mais comme supérieur à un esclave ; comme un frère bien-aimé, de moi particulièrement, de toi à plus forte raison, soit dans la chair, soit dans le Seigneur. Si donc tu me tiens pour ton ami, reçois-le comme moi-même. Et s’il t’a fait quelque tort ou s’il te doit quelque chose, mets-le sur mon compte. Moi Paul, je l’écris de ma propre main, je paierai. Pour ne pas te dire que tu te dois toi-même à moi. Oui frère, que j’obtienne de toi cet avantage, dans le Seigneur, tranquillise mon cœur en Christ. C’est en comptant sur ton obéissance que je t’écris, sachant que tu feras au-delà de ce que je dis.

Nous sommes donc en Asie Mineure ( la Turquie, d’Asie d’aujourd’hui ), dans une ville appelée Colosse qui existe toujours. Il y avait un homme riche, de noble caractère qui s’appelait Philémon. Il se distinguait de ses contemporains en ce qu’il avait abandonné les idoles du paganisme et qu’il avait embrassé la foi chrétienne qu’il vivait intensément dans sa vie de tous les jours. L’Ecriture nous le présente comme un homme aimé, aimable, ayant une parole de réconfort pour tous.

L’église naissante ne se réunissait pas dans des cathédrales imposantes aux richesses fabuleuses qui sont comme un camouflet dans la figure de celui qui est né pauvre dans une étable. L’église se réunissait n’importe où, dans une clairière, ou dans la maison d’un chrétien, et ici dans la maison de Philémon. Dans cette communauté chrétienne, on pouvait y voir la population la plus cosmopolite qui soit : blancs, gens de couleur, hommes libres, et esclaves. Les distinctions et les classes étaient bannies de ce lieu où l’évangile avait pénétré.

Philémon qui avait des esclaves comme aujourd’hui un chef d’entreprise a des ouvriers, veillait, j’en suis sûr, à ce que ses serviteurs soient présents aux réunions de l’église qui se tenaient chez lui. Lui-même avait fait la prodigieuse expérience spirituelle que la Bible appelle la conversion ou la nouvelle naissance. Spirituellement parlant, il avait rencontré le Seigneur, il avait fait la paix avec Dieu, il était sauvé, il le savait et il en avait la certitude. Philémon voulait que le plus grand nombre de ces gens qu’il invitait fassent la même découverte et soient sauvés.

Contestataire

Parmi ceux qui venaient écouter la prédication de l’évangile, il y avait un de ses serviteurs, un jeune homme qui s’appelait Onésime. C’était un caractère ombrageux, marginal et révolté. Il avait intérieurement décidé de secouer le joug du meilleur des maîtres qu’il pouvait avoir, pour trouver la liberté, et, pour assurer sa subsistance, il avait décidé de se faire voleur, de puiser, comme on dit, dans la caisse du patron. Il allait ainsi faire d’une pierre deux coups. Avec l’argent qui ne lui appartenait pas, il allait mener grand train de vie et il allait aussi se soustraire à la prédication de l’évangile qu’il entendait bien malgré lui. Quand il assistait aux réunions, je me le représente s’arrangeant toujours pour être au dernier rang, ce qui lui permettait, en se courbant un peu, de se cacher derrière la tête de celui qui était devant lui. Contre son gré, il entendait parler de Dieu, de la paix du cœur, du ciel, de l’enfer, du jugement et du pardon des péchés par la foi au sang de Jésus-Christ. Il entendait parler d’une vie meilleure et je me l’imagine murmurant des paroles à soi-même et disant entre ses dents: " Une vie meilleure, une vie meilleure, c’est bon pour ce capitaliste de Philémon, mais pour moi qui ne suis qu’un esclave, qu’est-ce que l’évangile peut m’apporter ? Eh! bien cette vie meilleure dont cet hypocrite de Philémon parle tant, je vais me l’offrir à moi-même sans la recevoir de personne. Ah! que je sorte des limites de mon esclavage et que je voie les lumières de la Rome impériale! Alors là, j’aurai une nouvelle et meilleure vie ! "

Si nous remontons les siècles, bien avant ces paroles, dans le Psaume 55, nous trouvons non plus un esclave mais un roi, qui disait déjà : " Ah, si j’avais les ailes de la colombe ! Je m’envolerais bien loin et je trouverais le repos ! " Cela exprime l’idée que si seulement les choses étaient différentes, ça irait mieux. Si nos circonstances n’étaient pas ce qu’elles sont, alors nous serions heureux. Si notre travail était différent, nous en jouirions. Ah! si nous pouvions vivre dans une société mieux adaptée à nos besoins, la vie serait un délice. Si nous pouvions échapper aux anxiétés qui hantent nos jours et nos nuits, alors nous serions heureux et satisfaits. Si seulement j’avais les ailes de la colombe ! Ah! Si je pouvais aller vivre à Rome!

La vérité, c’est qu’un changement de circonstances ou un changement géographique ne peuvent pas nous apporter le repos, la paix et la satisfaction. Les hommes travaillent en vue d’obtenir position, honneur, renom, argent, dans l’espoir que ces choses vont leur apporter le bonheur. Certes, j’admets qu’il y a une certaine satisfaction à poursuivre un but et à l’atteindre. Mais combien souvent, quand le but est atteint, les promesses de bonheur ne s’y trouvent pas. L’erreur, c’est d’attendre, des choses qui passent, la satisfaction de besoins durables et plus profonds.

Un jour, un homme âgé a demandé à un enfant : " Dis-moi, mon petit, quand est-ce qu’un homme est assez riche pour être heureux ? ". L’enfant a répondu : " Oh! Ben. quand il est millionnaire ". Il secoua la tête négativement. L’enfant reprit : " Ben, quand il l’est cinq fois, ou dix fois. " " Non ! " L’enfant a dit : " Je donne ma langue au chat ! ". L’homme répondit : " Un homme est assez riche pour être heureux quand il a un peu plus que ce qu’il a déjà, c’est à dire jamais ! Non, un homme n’est jamais assez riche pour être heureux.

Vacances romaines

Onésime n’a pas d’argent ? Qu’à cela ne tienne, il va puiser dans la caisse du patron. Pour lui, la fin justifie les moyens. Onésime n’a pas la liberté, eh! bien, il la prend. Il s’embarque sur le premier voilier en partance pour Rome et vogue la galère ! Vacances romaines ! Il a changé de circonstances, c’est vrai. Il est à Rome tout éblouissante des fastes impériales. Il s’amuse comme un fou, il roule à fond la caisse, il vit dangereusement et brûle la chandelle par les deux bouts, mais est-ce qu’il est heureux ? Je pose une question : " est-il heureux ? " Je réponds non, sans hésitation..

Il n’est plus l’esclave de Philémon, mais il est resté l’esclave de ses passions. Il a pu fuir Philémon, mais il ne pourra pas fuir ses péchés. Il les emporte avec lui. Winston Churchill a dit un jour: " L’homme a appris à maîtriser des forces qui le dépassent, mais il n’a pas encore appris à maîtriser son propre cœur. "

Et en quittant Colosse, Onésime a emporté avec lui son mauvais cœur, et dans ses nouvelles circonstances, il y a mis ses anciens péchés. Vous l’avez compris, l’argent de Philémon n’a pas duré ad vitam aeternam. Un beau jour, la chaussette était vide. Alors, comme il l’avait remplie si facilement, il a recommencé à voler. C’était si simple! Jusqu’au jour où, pour parler un langage moderne, il a senti la main d’un inspecteur de police qui se posait sur son épaule, et où il a entendu une voix qui lui disait: " Jeune homme, suivez-moi au poste! " Et c’est ainsi qu’il s’est retrouvé en prison. Pauvre Onésime, il n’a vraiment pas de chance! Quelle poisse! Lui qui ne supportait pas les réunions, lui qui détestait entendre le chant des cantiques, lui qui fuyait cette musique, arrivé à Rome, on le met au violon !  Bien sûr, le mot " violon " n’est pas écrit, mais l’expression " dans les chaînes ", s’y trouve.

A Rome, en prison, il se retrouve à côté de… devinez qui ? De l’apôtre Paul ! Il suffit de connaître un peu l’apôtre Paul, pour savoir que se retrouver à côté de lui, c’était se trouver en face de l’évangile! Tout chez Paul irradiait une vie livrée à Jésus-Christ. Tout dans sa vie parlait de l’évangile, jusqu’à ses chaînes car il était dans les chaînes à cause de l’évangile.

Tactique divine

C’est ici qu’on découvre l’amour de Dieu. Quand Onésime quitte Colosse, il tourne le dos à Dieu. Et quand il arrive à Rome, Dieu lui tend les bras. Et c’est toujours vrai, Dieu aime le pécheur. Dieu n’aime pas notre péché mais il nous aime. Dieu aimait Onésime, il le suivait à la trace depuis toujours. Il avait le regard sur lui, et il s’arrange pour que ce jeune homme qui lui tourne le dos se trouve en face de lui à Rome.

IL y a bien quelques années de cela, un jeune chauffeur de taxi londonien avait une mère chrétienne qui lui parlait souvent de l’évangile, de la nécessité de se convertir à Jésus-Christ et d’être sauvé. Cela a fini par le faire " mousser ". Il ne supportait plus l’idée d’entendre sa mère lui parler de son âme et de son salut. Un jour, il lui dit: " Ecoute, Maman, je ne veux plus que tu me parles de l’évangile. Si tu m’en parles encore une seule fois, je fais ma valise, je m’en irai et je ne reviendrai plus ".

Sa mère lui a répondu : " Mon fils, tant que j’aurai une langue, personne ne m’empêchera de te parler de Dieu et de lui parler de toi. " Il a fait sa valise sur-le-champ et il est parti avec l’intention de ne plus jamais revenir. Il est monté en Ecosse, à Glasgow où il a trouvé une place de chauffeur dans une entreprise.

Le premier jour où il a pris du service, il a amené la voiture dans la cour. Son nouveau patron au lieu de s’asseoir à l’arrière, s’est assis à côté de lui. Il s’est dit en lui-même : il veut savoir de quel bois je me chauffe, et il s’est apprêté à lui faire une démonstration de ses capacités au volant. Passé la grille, son patron se tourne vers lui et lui dit : " Jeune homme, je voudrais vous poser une question : est-ce que vous connaissez Jésus-Christ comme votre sauveur personnel ? ! Il était tombé sur un patron non seulement chrétien mais " engagé " comme on dit. Le choc a été terrible et sa première pensée a été : Dieu m’a suivi en Ecosse! Il en est tombé malade au point de devoir s’aliter. Et chaque jour son patron venait à son chevet lui lire la Bible et prier pour lui! Au bout de quelques jours, n’y tenant plus, il s’est converti et dans la première lettre à sa mère, il a écrit: " Maman, Dieu m’a suivi en Ecosse et il a sauvé mon âme! "

C’est un peu ça, l’aventure d’Onésime. Il était loin de se douter, quand il a quitté Colosse, qu’il y reviendrait en chrétien. Dieu le cherchait comme il nous cherche au travers de nos circonstances bonnes ou moins bonnes, au travers d’un accident, au travers d’un abandon, d’un échec, d’une maladie….

Onésime n’a pas voulu accepter l’évangile de la part d’un homme libre, qu’à cela ne tienne, il l’entendra de la part d’un homme enchaîné. A Colosse, il a vu un aspect de la vie chrétienne, la vie de Jésus-Christ vécue par un homme riche et il lui était loisible de penser que c’était facile d’être chrétien quand on est riche. Mais à Rome, il voit un autre aspect de la vie chrétienne. Il voit la vie de Jésus-Christ se reproduire chez un homme qui partage ses circonstances, un homme qui était en prison bien avant lui, enchaîné à un soldat. On change le soldat, mais pas le prisonnier. Et cet homme qui a devant lui l’échéance du tribunal impérial n’a aucune chance d’échapper à l’exécution capitale.

Un Saint en prison

Alors, quel est cet homme qu’Onésime rencontre ? Ses cheveux sont grisonnants, non parce qu’il est vieux, mais il a vieilli avant l’âge. Sa voix, son regard, sa paix, surtout sa paix, trahissent un quelque chose en plus, ou une série de plus dans sa vie. Onésime n’est pas sans remarquer que Paul écrit de nombreuses lettres ; il a des amis partout, jusque chez les proches de l’empereur, jusqu’en Turquie, jusqu’à Colosse. Et ce prisonnier qui aurait tant besoin que l’on prie pour lui, prie pour les autres, et dans ses prières, il cite ses amis par leur nom, tant il est vrai qu’on n’oublie jamais le nom de ceux pour qui l’on prie ; c’est pourquoi Paul dans ses lettres énumérait beaucoup de noms. Onésime n’en croit pas ses oreilles, parmi ceux pour lesquels l’apôtre Paul prie, il entend le nom de Philémon.

Alors, Onésime commence à comprendre que ces deux hommes si différents ont des choses en commun. Ce sont les mêmes prières, c’est le même nom qu’ils invoquent : au nom de Jésus-Christ. Ce sont les mêmes cantiques qu’ils fredonnent. Ils ont la même espérance, c’est le même feu qui brûle dans leur âme. Mais alors, si le Dieu de Philémon le riche, est aussi celui de Paul le prisonnier, pourquoi ne deviendrait-il pas le Dieu d’Onésime? Et c’est alors que s’élèvent dans son cœur les premiers désirs de se rapprocher de ce Dieu qu’il ne connaît pas encore, que s’élève aussi la barrière de ce que fut sa vie de révolte et de péché. Il ne sait que trop bien que Philémon était un homme juste. Il sait que Paul est d’un calibre supérieur encore, mais lui Onésime, qu’est-il ? Un mécréant et un voleur. Et tout à coup, comme dans un éclair, illuminé par ce que la Bible appelle le Saint-Esprit, il se voit avec sa triple dette : La première est envers la société. Cette dette-là, il la purge, il pourra la payer. La deuxième, c’est celle qu’il a envers Philémon qu’il a volé. Celle-là pourrait encore se régler. Mais il lui reste une troisième dette : Et cette dette-là, il ne pourra jamais la payer. C’est la dette qu’il doit envers la Justice Eternelle dont Dieu est le garant. Il se découvre être un transgresseur, il a violé la loi de Dieu et celle des hommes, et la Bible dit que le salaire du péché, c’est la mort. Il voit l’abîme devant lui, il est perdu et il le sait. Maintenant, il ne regarde plus aux hommes, il ne regarde plus aux circonstances, il regarde à Dieu, il regarde à lui-même, et il se sent perdu. Et c’est alors que, dans son cœur, ont dû naître les traditionnelles questions qui s’élèvent à ces moments-là : Comment l’homme sera -t -il juste devant Dieu ? Comment effacer un passé qui accuse ? Comment apaiser une conscience aux abois ?

Et là, dans la prison de Rome, il y a eu un cliquetis de chaînes. C’est Paul qui s’approche, il a deviné la crise et ils se sont parlé. Qu’est-ce que Paul lui a dit ? Cela ne nous a pas été rapporté, nous ne connaissons que le résultat. Mais je suis persuadé qu’il lui a dit cette phrase qu’il nous a laissée dans une autre épître : Onésime, ce que je te dis, c’est une parole entièrement digne d’être reçue, que Jésus-Christ est venu dans le monde pour sauver des pécheurs dont moi Paul, je suis le premier. Je me représente Onésime qui lève la tête d’un air étonné et qui dit : " Comment toi Paul, le grand apôtre, pourquoi t’appelles -tu le premier des pécheurs ? Paul, tu plaisantes, ce n’est pas le moment, je suis dans la détresse, pourquoi me dis -tu, toi le prince des apôtres, que tu es le premier des pécheurs ? "

Le chemin de Damas

Et l’apôtre Paul lui a raconté sa conversion. Ce qui va suivre n’est pas écrit textuellement, mais si je le fais, c’est parce que je sais que Paul aimait parler de sa conversion. Cela nous est rapporté deux fois par le détail dans ce livre d’aventures que sont les Actes des Apôtres. Paul avait quelque chose à dire, dans sa vie il y avait un hier et un aujourd’hui. Il y avait un autrefois et il y avait un maintenant, il y avait eu un événement qui avait un changé sa vie. Suspendu aux lèvres de l’apôtre Paul, Onésime sort de la prison et il apprend qu’avant de s’appeler Paul il s’appelait Saul de Tarse, qu’il était du parti des pharisiens, fils de pharisien, avec les honneurs et les avantages qui s’y attachaient.

" Je haïssais les chrétiens au point de demander aux autorités des lettres de pleins pouvoirs pour satisfaire contre eux mes idées meurtrières ; je respirais la haine et le meurtre et j’ai cautionné l’exécution d’Etienne le premier martyr chrétien. Je suis allé jusque dans les villes étrangères pour détruire l’Eglise chrétienne naissante. En route pour Damas, tout à coup, une lumière plus éclatante que celle du soleil m’a plaqué au sol tandis qu’une voix me disait : " Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? "

-" Mais qui es-tu Seigneur ? "

-" Je suis Jésus que tu persécutes. "

J’ai été aveugle trois jours, je suis resté sans manger, à réfléchir, à penser et à prier. Des vérités que j’avais jusque -là refusé de voir en face ont commencé à s’imposer à moi. La folie de ma vie, l’immensité de mon péché, de mon orgueil de pharisien me sont apparus, mais aussi la magnanimité et l’immense miséricorde de ce Dieu qui pardonne, qui m’a remis ma dette, qui a changé mon cœur de fauve et mis des sentiments d’amour que je ne connaissais pas. Il a déversé son amour dans mon cœur par le Saint-Esprit qui m’a dicté le plus bel hymne à l’amour qui ait jamais été écrit dans le chapitre 13 de la première lettre aux Corinthiens ".

A quelques degrés près, dans cet homme ainsi dépeint, Onésime se retrouve.

Pourquoi pas les anges ?

Savez-vous pourquoi Dieu n’a pas confié la prédication de l’évangile aux anges ? Les anges parleraient et écriraient beaucoup mieux que moi, ils n’auraient pas les hésitations ni ma syntaxe approximative, ni mes fautes de style ni mes erreurs de français. Ils pourraient parler avec une puissance que je n’ai pas. Mais les anges ne pourraient pas nous parler de leurs péchés, de leur repentance ou de leur conversion. Nous ne pourrions pas nous reconnaître en eux. Si Dieu a confié la prédication de l’évangile aux hommes, c’est pour que les auditeurs se retrouvent dans celui qui parle. Dans celui qui vous parle ou vous écrit, il y a un vis à vis, quelqu’un " qui est passé par-là ", qui a péché, qui a transgressé l’ordre de Dieu, qui a tourné le dos à Dieu, qui n’en ’a pas voulu, quelqu’un qui a gémi, qui a pleuré, mais quelqu’un aussi qui a trouvé la paix. C’est pour cela que la proclamation de l’évangile est confiée aux hommes.

L’apôtre Paul a aussi et surtout révélé à Onésime le sens de la croix. Il lui a expliqué et appliqué la signification de la croix.

Tout le monde sait que Jésus est mort sur une croix, mais tous ceux qui le savent ne sont pas sauvés pour autant. Ils ne connaissent de la croix que le fait historique Beaucoup n’ont aucune idée des raisons profondes et personnelles de la crucifixion. Une explication lumineuse se trouve dans cette phrase que Paul, en parlant d’Onésime, dit à Philémon: " S’il t’a fait quelque tort ou s’il te doit quelque chose, mets-le sur mon compte, moi Paul, je l’écris de ma propre main, je paierai ".

Eh! bien, ça c’est l’explication de la croix. Nous devons à la Justice Eternelle le paiement de nos dettes. Nous sommes des transgresseurs, je le répète, nous avons violé la loi de Dieu. C’est, avec d’autres mots ce que Jésus dit , en parlant de vous et de moi: " S’ils te doivent quelque chose, mets-le sur mon compte, moi Jésus, je paierai ". C’est ce que confirme la Bible : L’Eternel a mis sur lui (à son compte) l’iniquité de nous tous. Le salaire de notre péché c’était la mort, mais Il est entré dans la mort à notre place. Et l’explication du Christ mis en croix, c’est que Jésus a pris à son compte la mort et la condamnation qu’autrement nous aurions dû payer par une éternité de malheur.

Le dénouement.

Et tandis que devant Onésime se déroule la tragédie du calvaire, une lueur d’espoir naît dans son cœur. Quelqu'un l’avait aimé ! ! Lui qui ne se croyait aimé par personne, tout à coup découvre que quelqu’un, qui n’est autre que le fils de Dieu l’avait aimé jusqu’à donner sa vie pour lui. Cela a dû lui sembler trop beau pour être vrai…c’était un rêve assurément !

Et pourtant non, à côté de la croix centrale, il y avait un autre Onésime, il y avait un brigand, et ce brigand, ne s’est pas adressé au Seigneur en vain. Il lui a dit : " Seigneur, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton règne " et le Seigneur lui a répondu : " Aujourd’hui, tu seras avec moi dans le paradis ".

Alors, si Jésus-Christ est le sauveur de Paul, s’il est le sauveur de Philémon et qu’il est même le sauveur du brigand, c’est décidé, il sera aussi le sauveur d’Onésime.

Onésime ne cherche plus le salut dans la fuite, dans les excuses, dans l’évasion, dans la combine, Onésime trouve son salut en Jésus-Christ. C’est lui qui deviendra son Sauveur. Et tandis que dans la prison, les larmes coulent, (souvent les conversions sont accompagnées de larmes), Dieu délie dans son ciel des péchés qui viennent d’être déliés sur cette terre. Dieu, dans Son ciel, ratifie l’acte de repentance et de foi qu’Onésime vient de poser. Dieu, de Son ciel accomplit le miracle du salut, il pardonne Onésime, comme Lui seul sait pardonner. Il lui remet totalement sa dette, il lui donne le Saint-Esprit qui pénètre dans sa vie, et Onésime naît de nouveau. Il devient une nouvelle créature, il devient quelqu’un d’autre et silencieusement mais réellement le rideau tombe sur sa vie passée.

Onésime ne savait pas ce que Dieu allait faire de lui ni ce qu’il allait lui confier. Il savait simplement qu’à partir de ce jour -là, il ne serait plus le même homme.

Je ne sais pas ce qu’est le plan de Dieu pour vous, et cela ne me regarde pas, je ne sais pas ce qu’il va faire de vous. Sachez seulement que Dieu a un plan pour votre vie et il vous appartiendra de le découvrir. Fera-t-il de vous un mari, une épouse, des parents chrétiens ? Ou un missionnaire, un évangéliste, un pasteur, un moniteur d’école du dimanche, une infirmière en Afrique ? Je ne sais pas. C’est son affaire à Lui et ça deviendra la vôtre. Je sais simplement une chose, c’est que si quelqu’un d’entre vous, comme Onésime " craque " devant Dieu, avoue ses transgressions et reçoit Jésus comme son sauveur personnel, je sais que plus jamais, mais alors, plus jamais, vous ne serez le même homme, vous ne serez la même femme.

La décision vous appartient. Il vous appartient de regretter, peut-être de pleurer ou de lui dire : " Seigneur, j’ai péché, je t’ai tourné le dos, je ne t’ai pas voulu dans ma vie, dans mes sentiments, dans mes affaires, je ne t’ai voulu nulle part ! J’ai voulu vivre à ma guise, j’ai voulu prendre la fuite, je suis parti loin de toi, mais Seigneur, je reviens aujourd’hui, et je t’accepte dans mon cœur comme mon sauveur personnel. "

et qui la rapporta ! 

Revenons-en à notre histoire d’Onésime, que j’ai volontairement scindée en deux parties parce qu’elle aurait été trop longue pour la raconter en une seule fois.

Au contact de l’apôtre Paul, Onésime s’est converti dans la prison de Rome. Les semaines passent et Onésime, toujours en prison, prouve la réalité et la profondeur de sa conversion. Ce n’est pas un sentiment superficiel, ce n’est pas un frisson qui lui est passé le long de l’échine, ni un feu de paille sans lendemain, non, c’est la chose vraie, profonde, et durable : Une authentique nouvelle naissance.

Onésime, ayant purgé sa peine, sort de prison transformé. Dans sa ceinture, il serre une lettre de l’apôtre Paul dont nous possédons une copie aujourd’hui encore, lettre qu’Onésime doit porter à Philémon, son ancien maître vers qui Paul le renvoie.

Quelqu’un va peut-être s’écrier : " Comment ? C’est ça l’évangile ? C’est ça la promotion sociale de l’évangile ? Il retourne à Colosse, à son ancien maître, à son esclavage ? "

Si je lis avec soin, je trouve ceci : " Reçois-le non plus comme un esclave, mais comme supérieur à un esclave, comme un frère bien-aimé, comme moi-même ".. C’est-à-dire que quand Dieu sauve quelqu’un, il ne touche pas tellement à ses circonstances, il touche son cœur et il sait ce qu’il fait, car désormais, Onésime va occuper auprès de Philémon, la place la plus proche, la plus élevée qui soit, celle d’un frère en Christ.

J’ai un ami chrétien qui flotte dans les hautes sphères sociales. Par rapport à lui, moi je fais lanterne rouge, mais quand il vient chez moi je le reçois dans la modestie de mon foyer et quand je vais chez lui, il me reçoit mieux que si le Président de la République venait lui rendre visite ; nous sommes devenus des frères en Christ. Idem pour Onésime. Il est entré dans une nouvelle relation tant devant Philémon que devant Dieu.

C’était un homme nouveau qui rentrait à Colosses et ce changement est expliqué par deux mots : " Il t’a été inutile " et maintenant, " il est utile ". Si, comme lui, nous voulons un changement de qualité, un changement de relation, comme lui il nous faudra faire l’expérience de la nouvelle naissance, il nous faudra devenir des nouvelles créatures.

Une nouvelle naissance.

La doctrine de la nouvelle naissance, c’est l’enseignement de base de l’Ecriture quant au salut.

Déjà dans l’Ancien Testament, dans le prophète Ezéchiel 36 :26, l’Eternel dit : " Je vous donnerai un cœur nouveau et je mettrai en vous un esprit nouveau ; j’ôterai de votre corps le cœur de pierre et je vous donnerai un cœur de chair ". Et Jérémie 31 :33 complète la pensée : " Je mettrai ma loi au-dedans d’eux, je l’écrirai dans leur cœur ".

Dans l’évangile de Jean, au chapitre 3, le Seigneur explique au théologien Nicodème que si un homme ne naît de nouveau, il ne peut voir, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu. Il faut naître de nouveau. Et dans les pages explicatives des épîtres de Paul, nous trouvons en 2 Corinthiens 5 cette phrase bien connue : " Si quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle créature (ou création) ".

Quand un adulte ou un jeune prend conscience de sa faillite morale et spirituelle, quand il prend conscience de ses péchés et de sa perdition et qu’il se tourne vers le Sauveur, qu’il avoue ses péchés et s’abandonne à lui par la foi, à ce moment -là, Dieu intervient dans sa vie. Il le pardonne, il le sauve, il le transforme en lui donnant son Saint-Esprit, et à partir de ce moment -là, tout devient nouveau pour lui.

Si Onésime a pu retourner à Colosse, c’est parce que tout était nouveau chez lui et sans ce renouveau, jamais il ne serait retourné à son point de départ.

Une nouvelle connaissance.

Quelqu’un demandera : " Qu’est-ce qu’il y avait de neuf chez lui ? " Il y avait beaucoup de choses nouvelles ! D’abord, il avait une nouvelle connaissance. Paul dit dans 2 Cor 5 : " Si nous avons connu Christ selon la chair, nous ne le connaissons plus de cette façon-là ".

Par exemple, avant ma conversion, je connaissais Jésus-Christ comme un exemple, un grand homme, quelqu’un de bien. J’avais entendu des gens qui disaient : " Si tout le monde faisait comme Jésus-Christ, ça irait mieux dans le monde " Et moi, comme un âne qui a entendu braire et qui brait, je pensais la même chose, mais ça ne m’empêchait pas de ne pas faire comme Lui et je n’avais nulle envie de Lui emboîter le pas. Jésus était pour moi un personnage historique, il avait vécu il y a très longtemps. Deux mille ans me séparait de lui

Mais aujourd’hui, je le connais autrement. Pour moi ce n’est plus le personnage lointain mais c’est le Christ Sauveur proche et vivant, celui qui m’a aimé et qui est mort pour moi, qui est présent, qui traverse les siècles, qui me parle par sa Parole et par le Saint-Esprit qui habite en moi. Ce que je dis est biblique, et peut même s’illustrer scientifiquement.

L’Esprit de Dieu est comme les ondes qu’on ne voit pas mais qui peuvent venir habiter dans un poste de radio et se mettre à parler.

Eh! bien Jésus-Christ, c’est ça. Ce n’est pas un concept philosophique, c’est une personne, c’est la divinité qui peut venir habiter en nous et parler à notre esprit par le Saint-Esprit.

Paul va plus loin encore, il ne dit pas seulement, si nous avons connu Christ, nous ne le connaissons plus de cette façon, il ajoute : si nous avons connu " quelqu’un " selon la chair, nous ne le connaissons plus de cette façon.

Avant, je connaissais les chrétiens selon la chair, c’est-à-dire avec mes sentiments à moi. Je les avais en grippe et je les prenais pour des gens atteints de déviations mystiques qui " grésillaient du trolley! ". Mais aujourd’hui, je les connais autrement, je partage leur joie, leur espérance, je recherche leur compagnie, je vais dans les mêmes lieux, je chante les mêmes cantiques et je lis le même livre. J’ai, comme Onésime, une nouvelle connaissance de Jésus-Christ et des hommes et s’il a pu retourner à Colosse, c’est qu’il avait maintenant une nouvelle connaissance de Dieu.

Un nouveau nom

Si Onésime a pu rentrer à Colosses, c’est aussi parce qu’il avait une nouvelle appellation. Jusque -là, il était d’une appellation incontrôlée et maintenant, il avait une appellation contrôlée. Oui, il avait un nouveau nom.

Quand Onésime est venu au monde, ses parents lui ont donné un nom qui voulait dire utile. Jusque là ce n’était pas une prophétie, car toute sa vie, il avait été inutile ! Tout à coup, par la puissance de l’évangile, il devient quelqu’un d’utile. Et, c’est vrai que quand on se donne au Seigneur, on perd son appellation de condamné, et on a une nouvelle appellation, on est justifié, on est rendu juste, on a un autre nom. Avant l’engouement pour le féminisme, c’était toujours avec joie que la jeune épousée perdait son nom de jeune fille pour être appelée du nom de celui qu’elle aimait. Nous, c’est un peu ça, quand on se donne au Seigneur, on a un nouveau nom, on est appelé du nom de Christ ( chrétien ). Et si, au départ, c’était un terme de moquerie, qu’importe, nous saisissons la balle au bond et nous nous glorifions d’appartenir au Seigneur Jésus-Christ. Onésime avait une nouvelle appellation, la même que celle de Philémon et c’est pourquoi il a pu rentrer chez lui. Un tel changement s’était opéré en lui que l’impossible d’hier devenait le possible du lendemain.

Un nouveau cœur

S’il a pu rentrer à Colosses, c’est aussi parce qu’il avait un nouveau cœur.

Dans le livre des Proverbes, il est dit : " Mon fils, donne- moi ton cœur ". Chacun sait que quand on a le cœur de quelqu’un on a tout. On aime les choses que l’on détestait, et on laisse les choses que l’on aimait.

Sur les bancs de l’école primaire, nous avons appris à dire, presque à réciter : " Nos ancêtres les Gaulois….." pour en arriver à Clovis qui se serait converti après la bataille de Tolbiac. Il s’est fait baptiser par Saint Rémi qui lui aurait dit : " Baisse la tête fier Sicambre, brûle ce que tu as adoré et adore ce que tu as brûlé ". C’est un bouleversement de ce genre qui se produit lorsque Dieu fait irruption dans une vie.

Lorsque le roi Saül a été appelé aux fonctions royales, il a dû faire face à des nouvelles obligations qu’il était incapable de remplir. Il est écrit en 1 Samuel 10 :6 : " L’Esprit de l’Eternel te saisira …et tu seras changé en un autre homme ".

Personne ne peut remplir les obligations de la vie chrétienne, personne ne peut être utile dans le royaume de Dieu, sans être passé par la conversion du cœur. Et croyez-moi, Onésime ne serait jamais retourné à Colosses s’il n’avait eu un nouveau cœur transformé par la grâce de Dieu.

Une nouvelle vision

Une nouvelle connaissance, une nouvelle appellation, un nouveau cœur, et maintenant une nouvelle vision des choses et des gens. Vous savez que l’on peut avoir des yeux et ne pas voir. D’ailleurs, c’est l’évangile qui dit : Il y a des gens qui ont des oreilles et qui n’entendent pas. Ils ont des yeux et ils ne voient pas. Il y a des situations où l’on croit qu’on voit clair mais on ne voit rien. Prenez par exemple, un jeune homme de bonne famille qui s’amourache d’une fille de piètre réputation; ses copains consternés lui disent : Mais enfin, elle n’est pas pour toi, ouvre donc les yeux ! Soyez assurés qu’il va les remballer en leur disant : " Je vois aussi clair que vous, mêlez- vous de ce qui vous regarde ! ". Il épouse la fille et six mois après, il voit clair. Il voit qu’il ne voyait pas. Ceci tout simplement pour dire qu’on peut avoir des yeux et ne pas voir. Quand le Seigneur vient en nous, il nous prête son éclairage et on voit les choses de la vie sous un angle différent.

Vous pensez peut-être que tout ça c’est du bla bla bla. Dire que les chrétiens voient les choses autrement, à d’autres ! Parlons de choses concrètes : Est-ce que vos yeux de chrétiens ne voient pas l’immoralité flagrante, les minijupes ou la publicité pornographique qui s’affiche partout? Oui ou non est-ce que vous les voyez ?

Charles Spurgeon, le prince des prédicateurs, disait ceci : Je ne peux pas empêcher les oiseaux de voler au-dessus de mon jardin, mais je peux les empêcher de venir y faire leur nid. Bien sûr que je ne peux pas m’empêcher de voir ce que je vois, mais voilà où l’évangile intervient, c’est qu’il me donne la force et le courage de ne pas m’y vautrer. Je peux dire comme Job : " J’ai fait avec mes yeux le pacte de ne pas les arrêter sur une vierge ". J’ai eu la chance de naître à une époque où la pornographie n’existait pratiquement pas, mais quand elle a commencé à se répandre, j’ai fait le pacte de Job de ne pas m’attarder sur ce que le monde corrompu jette en pâture devant mes yeux. Le Seigneur ne nous ôte pas la vue de ces choses mais il nous permet de les voir autrement, il nous permet de ne pas nous y complaire..

Dans le deuxième livre des Rois au chapitre 6, il y a un épisode de la vie du grand prophète Elisée, qui nous montre qu’on peut avoir des yeux pour ne pas voir et que, quand on appartient au Seigneur, on voit les choses autrement. Elisée est pris en chasse par le roi de Syrie qui en veut à sa vie. Il s’est réfugié dans une petite ville que toute une armée encercle pour le capturer. Elisée est pris au piège et son serviteur en voyant cette armée tremble de tous ses membres. Il regarde son maître et il le voit impérial et serein. Il lui demande s’il ne se rend pas compte de la situation. Elisée lui répond : "Ceux qui sont avec nous sont plus nombreux que ceux qui sont contre nous ". .

Le jeune homme écarquille les yeux pour voir ce que voit son maître mais il ne voit rien. Alors, le prophète fait une prière : " Eternel, ouvre ses yeux pour qu’il voie ". Et l’Eternel ouvrit les yeux du serviteur qui vit la montagne pleine de chevaux et de chars de feu pour protéger Elisée. C’est la raison pour laquelle, quand on appartient au Seigneur, on peut faire face avec sérénité aux grandes tragédies de la vie et de la mort parce que les yeux de la foi contemplent des réalités qui échappent à ceux qui ne connaissent pas le Seigneur.

Il est écrit dans le Psaume 121 : " Je lève les yeux vers les montagnes… d’où me viendra le secours ? Le secours me vient de l’Eternel des armées qui a fait les cieux et la terre ". Et c’est vrai que, quand le Seigneur est dans le cœur, il change non pas seulement notre connaissance, notre cœur, mais notre façon de voir et de percevoir les choses de la vie. Quand on appartient au Seigneur et qu’on doit passer par la salle d’opération, on voit plus loin que la main du chirurgien. Derrière la main de l’homme on voit la main de Dieu. Et s’il faut passer par la mort, on voit plus loin que le croque-mort. On voit et on salue celui qui a fait les promesses, et qui les a authentifiés en sortant victorieux du tombeau. Nous avons en Jésus-Christ un maître qui a vaincu la mort. C’est pourquoi nous pouvons envisager ce grand passage, avec cette paix, cette sérénité que je retrouvais chez ma mère. Chaque fois que j’allais la voir, elle me parlait de sa mort et de son départ. Je peux assurer que ça n’avait rien de lugubre, au contraire c’était serein, heureux et j’en sortais toujours encouragé. On n’est pas éternel sur cette terre, me disait-elle, le Seigneur est allé me préparer une place et bientôt, je vais l’occuper.

Quelqu’un pense peut-être intérieurement : une telle paix, ce n’est pas pour moi. Plus je regarde à mes problèmes, moins j’y vois clair ! Laissez-moi vous expliquer, c’est que prenez les choses à rebours. Vous voulez solutionner les grands problèmes de la vie avant d’être passé par la nouvelle naissance. Vous mettez la charrue devant les bœufs. Autant demander à un aveugle de vous décrire des couleurs qu’il ne voit pas. Il doit d’abord recouvrer la vue.

La première chose à faire, c’est de naître de nouveau. Alors vous verrez les choses de la vie d’une nouvelle hauteur, avec de nouveaux yeux.

Dans Mat. 9 v 16, le Seigneur dit : "Personne ne met une pièce de drap neuf à un vieil habit, car elle emporterait une partie de l’habit et la déchirure serait pire. " C’est ce que vous faites. Aux difficultés de votre vie, vous collez des pièces. C’est comme si vous mettiez une nouvelle obligation sur le vieil Onésime. C’est comme mettre des obligations chrétiennes sur quelqu’un qui n’est pas véritablement devenu chrétien, la déchirure est pire.

Dieu ne fait pas du rafistolage, il ne répare pas, il crée. Celui qui est en Christ, est une nouvelle création et non pas réparation. Le racheté n’est pas un bricolé. Nous, nous sommes des bricoleurs. Là où le péché a fait un trou, on y colle une pièce. On y colle une bonne œuvre, une prière, une petite larme, un billet de cent francs dans le tronc. Ça, c’est du trompe l’œil. Nous n’avons pas besoin d’être raccommodé, nous avons besoin d’être refaits. La Bible dit que la chair et le sang n’héritent pas du royaume de Dieu. La vieille étoffe de notre vieille vie, ça n’hérite pas du royaume de Dieu.

Neuf ou seulement réparé ?

Il y a quelques années, en Angleterre, un ami chrétien avait des contacts avec un entrepreneur de réparation de bateaux de plaisance, homme intègre, droit et consciencieux. Cet ami essayait de lui parler de la nécessité de la nouvelle naissance, mais il n’y avait rien à faire, cet entrepreneur ne voulait rien entendre. Pour lui, il était juste, il ne trompait pas ses clients, il n’était pas le genre d’homme à cacher une fente avec du mastic. Non, l’endroit faible était soigneusement décapé et remplacé par un bois solide. Il agissait avec probité devant les hommes et devant Dieu, et il croyait qu’en ce faisant, tout irait pour le mieux quand il comparaîtrait devant Dieu ; il ne voyait pas la nécessité de naître de nouveau. Un jour, notre ami vint le voir. Il était devant un yacht magnifique. Il lui dit : 

"Beau bateau, il est neuf je suppose ? 

-Non, répondit l’entrepreneur, seulement réparé.

Mais on ne voit pas les réparations, on dirait un bateau neuf !

- Peut-être, répondit-il, mais c’est moi qui l’ai réparé et on ne peut pas appeler un bateau réparé un bateau neuf. "

Saisissant la balle au bond, cet ami répliqua : " Bien dit! de même, on ne peut pas appeler un homme rafistolé avec des bonnes œuvres, une nouvelle créature en Christ, vous devez naître de nouveau! ". Ces quelques mots ont suffi pour lui faire comprendre qu’il n’était qu’un homme rapiécé avec des bonnes œuvres mais pas une nouvelle créature en Christ.

De nouvelles aspirations.

Si Onésime est retourné à Colosses, c’est aussi parce qu’il avait de nouvelles aspirations.

Quand j’étais jeune, je cherchais ces beaux grands papillons aux ailes jaunes soulignées de traits noirs et rehaussées d’un point orange, les plus beaux de nos régions.

Leurs chenilles, on les trouvait dans les parcs de carottes. Je les mettais dans une boîte où elles se transformaient en chrysalides et, l’année d’après, je voyais éclore ces magnifiques papillons. Dans le parc de carottes, sélectionnons deux de ces chenilles d’un beau vert tendre striées d’orange et de noir. Elles se rencontrent, se saluent, mangent, et taillent une bavette. De quoi peuvent bien s’entretenir les chenilles ? Du temps qu’il fait, de la cherté de la vie, de la dernière taxe sur les graines de carottes, de l’emploi des pesticides qui menacent leur descendance etc., et tout ça sans perdre un coup de mandibule !

Mais voilà que tout à coup, l’une des deux chenilles est prise d’une aspiration bizarre. Elle descend le long de sa tige, elle va se mettre dans une encoignure où elle se ratatine, se transforme en chrysalide. L’autre qui la voit partir la traite de vieille folle. Elle continue à manger en pensant : Tant pis pour elle, tant mieux pour moi ! Mais voilà qu’un premier gel, où la main du jardinier saccage le parc de carottes et tue la chenille trop terre à terre. L’autre qui a eu des aspirations bizarres est là dans son coin, l’hiver vient, il gèle à moins dix degrés, elle résiste et au printemps vers le mois de juillet on voit voler un magnifique papillon. Qui est-il ? C’est notre chenille de l’automne dernier qui, maintenant métamorphosée, dédaigne le parc de carottes. A lui les parterres de fleurs aux parfums suaves !

C’est ça que le Seigneur produit dans le cœur de ceux qui écoutent sa voix. Il met en eux d’autres aspirations que les choses bassement matérielles. Certes, ils ne font pas l’unanimité dans leur entourage. L’apôtre Pierre le disait déjà dans sa première lettre chapitre 4 et verset 4 : " Ils trouvent étrange que vous ne vous précipitiez plus avec eux dans les mêmes débordements (bourbier de corruption)…et ils vous calomnient ". Pourquoi font-ils plutôt " bande à part " ? Pour deux raisons.

La première est dans la continuation de la phrase de Pierre qui vient juste d’être citée et qui dit : " Ils rendront compte à Celui qui est prêt à juger les vivants et les morts ". Et ils prennent la chose au sérieux.

La deuxième raison c’est qu’ils savent qu’un jour, selon les promesses authentifiées par le Seigneur, ils vont aussi quitter cette chrysalide, cette gangue terrestre qu’est leur corps mortel pour être revêtus de Christ et posséder à jamais les choses nouvelles auxquelles ils ont aspiré.

Un nouveau Maître

Onésime avait une nouvelle connaissance, une nouvelle appellation, un nouveau cœur, une nouvelle vue, et de nouvelles aspirations, mais surtout, s’il a pu retourner à Colosses, c’est parce qu’il avait un nouveau maître. Son maître n’était plus Philémon ni lui-même mais le Seigneur..

Tant de vies ont sombré dans l’inutilité, parce qu’elles ont été prêtées au péché. C’est comme un outil, si vous le mettez dans des mains mal intentionnées, il y a une détérioration de l’outil et un gâchis du travail.

Parmi de nombreuses histoires qui courent sur le compte de Paganini, le prestigieux violoniste, il en est une qui rapporte qu’il avait annoncé un concert avec un violon valant plusieurs millions. Il a joué devant une foule énorme, et quand il a fini son ouverture sous un tonnerre d’applaudissement, il s’est approché d’une chaise sur le dossier de laquelle il a fracassé son violon. Les gens étaient stupéfaits. Un violon pareil ! Il dit alors aux auditeurs : " J’ai joué sur un violon que j’ai acheté ce matin même chez un brocanteur, pour moins de cent euros. Je vais maintenant vous jouer sur celui qui vaut des millions ". Ils avaient applaudi à un violon de brocante! Cela veut dire que c’est le maître, le Maestro qui fait l’instrument !

Je vous pose donc une question : " Combien vaut votre vie ? "

Certains doivent se dire, il est des jours où j’ai l’impression qu’elle ne vaut pas grand chose…

Eh! bien, même si votre vie sonne faux, donnez-la au Seigneur, c’est Lui qui la fera sonner juste. Onésime était aussi désaccordé qu’un violon de brocante pouvait l’être. Il a suffi que Jésus le divin Maître passe dans sa vie pour que tout soit changé.

Pour avoir une vie utile, le seul moyen, c’est de se repentir, de confesser ses péchés et d’appeler le Sauveur. Il vous rachètera de la boutique du péché, de ce brocanteur du diable Il accordera votre vie à la sienne et, sous l’archer du Saint-Esprit, il mettra dans votre vie un nouveau son, un nouveau volume, une nouvelle tonalité et de nouveaux accords.

Il mettra une nouvelle souplesse dans votre marche et une nouvelle émotion dans votre âme.

Jamais Onésime n’aurait fait le chemin inverse vers Colosses s’il n’avait fait l’expérience racontée dans la Bible. Jamais le fils prodigue ne serait rentré à la maison de son père s’il ne lui avait dit : " J’ai péché contre le ciel et contre toi " et s’il n’ était sûr d’être reçu.

Pour vous comme pour lui, l’impossible d’hier deviendra le possible demain si aujourd’hui vous appelez Jésus, le divin Maestro. La conversion, le salut, ne sont rien moins qu’un miracle, le plus grand miracle de l’univers parce qu’il a une portée éternelle. Alors, cédez-Lui votre vie et entrez à votre tour dans cette prodigieuse et bouleversante expérience que l’apôtre Paul appelait : " Une repentance à salut dont on ne se repent jamais ".