Les vases remplis d'huile

2 Rois 4. 1-7

Si je devais résumer cette histoire de l’Ancien Testament, il me suffirait d’une seule phrase de quatre propositions: « C’est l’histoire d’une veuve qui, (1) incapable de faire face à ses obligations, (2) a eu recours à Dieu, (3) et a été délivrée. » Une principale, trois subordonnées, c’est tout !

 

Qui était cette femme ?

Quelques mois plus tôt vous ne l’auriez pas reconnue. Elle avait alors tout ce qu’il faut à une femme pour être heureuse :

-         Elle était une fille d’Abraham dans ce sens qu’ elle appartenait au peuple élu.

-         Elle était devenue l’épouse d’un serviteur de Dieu

-         Et elle était l’heureuse et fière maman de deux grands fils

Que lui fallait-il de plus pour être heureuse ; la vie l’avait comblée, elle était bénie spirituellement, moralement, matériellement.

Voilà l’image de ce qu’elle était, avant le récit que nous venons de lire. Spirituellement parlant, n’est-ce pas là l’image de quelqu’un ce soir, mais peut-être hélas l’image du passé !

La bénédiction divine est-elle classée dans vos archives, même si vous en avez bon souvenir ?

Ceux qui vous ont rencontré il y a cinq ans ou cinq mois, et qui ont fait de vous un portrait avantageux, vous reconnaîtraient-ils aujourd’hui ?

Peut-être pensez-vous avec amertume que ce qu’on a dit de vous il y a cinq ans, vous flatterait excessivement aujourd’hui. Et que ces jours bénis d’autrefois sont devenus comme les photos de vos dernières vacances qui, quand on les revoit, vous donnent un pincement  au cœur.

Si c’est un peu ça que vous ressentez, alors, vous ressentez ce que ressentait cette femme et le message de ce soir est pour vous.

 

Pourquoi et comment en était-elle arrivée là ?

I – Elle avait perdu son support naturel (1er emprunt)

Et puisque nous savons que notre souffle est entre les mains de notre Créateur, et que c’est lui qui fait vivre et qui fait mourir, c’est donc Dieu qui avait permis qu’elle perde son soutien matériel.

La réalité de sa foi fut mise à l’épreuve, et l’épreuve a révélé qu’elle vivait dans le sillage de son mari. Elle était entraînée par lui comme une feuille est entraînée par le vent. Quand le vent tombe, le mouvement s’arrête. Il était le vent, elle était la feuille. La mort de son mari fut pour elle la minute de la vérité. Elle mit en lumière son indigence personnelle.

Cette grande vérité s’adresse-t-elle à quelqu’un ce soir ?

D’où tenons-nous notre piété, notre allant, nos ressources pour la vie chrétienne ? Des parents ? Du prédicateur ? De la tradition ? Ce sont là des supports naturels qui nous sont donnés par Dieu, comme son mari l’ était. Mais ces supports ne nous sont donnés que pour un temps, pour nous lancer comme le tremplin est donné au plongeur pour le lancer et non pour le soutenir indéfiniment. C’est une force d’entraînement, une poussée, une catapulte si vous voulez, qui nous est donnée pour un temps afin de voler de nos propres ailes.

 

Une histoire de hannetons.

Quand j’étais petit, avec les gamins du quartier, nous attendions avec impatience la saison des hannetons et surtout le crépuscule. A l’aide de raquettes en bois on leur tapait dessus en plein vol dans des parties de chasse  mémorables. Le jour venu nous allions secouer les arbres pour les faire tomber pendant leur sommeil et on n’en remplissait des boîtes entières pour les détruire. Notre plaisir était alors de les faire voler. Les plus cruels d’entre nous passaient une aiguille munie d’un fil au travers de leur queue, et ensuite les faisait tourner. La force centrifuge les faisait voler tout en les retenant captifs. Moi, je faisais d’eux ce que je fais encore quand je trouve une coccinelle. Je leur imprimais un violent mouvement ascensionnel. Ainsi projetés en l’air, ils ouvraient leurs élytres et, de leur vol lourd, ils partaient.  Tous ne mettaient pas à profit le mouvement qu’on leur imprimait et lorsque la force ascensionnelle s’arrêtait, ils retombaient lourdement par terre.

Telle fut l’expérience de cette femme. Et telle sera celle de tous ceux qui, comme elle, espèrent emprunter indéfiniment de ceux que Dieu leur a donné pour un temps.

Y a-t-il parmi nous aujourd’hui des jeunes qui vivent dans le sillage de leurs parents, avec la seule force d’entraînement de l’Assemblée et des bonnes traditions ?

He ! quoi, mes amis, vous n’avez d’autre propulsion que celle des autres, et vous rêvez au mariage ! Vos doux rêves deviendront des cauchemars avant longtemps ! La lune de miel ne sera pas finie que déjà la pauvreté spirituelle vous aura atteint.

Que les jeunes filles qui pensent au mariage pensent à ce que je vais leur dire maintenant.

Si celui qui croisera votre chemin et vous invitera à la promenade ne sait pas vous parler de la Bible avant le grand jour du mariage, il y a 99% de chances qu’il ne saura pas parler du grand Livre après, même si on leur fait cadeau d’une édition de luxe ce jour-là. S’il n’a pour charmer votre oreille et gagner votre cœur que des roucoulements à vous faire entendre, ayez une franche explication avec lui. S’il peut vous attirer à l’écart pour être seul avec vous et qu’il ne sait pas vous prendre la main pour se recueillir dans la prière avec vous, vous avez la mesure de ce qui se passera une fois sautée la barrière des justes noces. Et s’il se retranche derrière sa timidité, ça  ne l’a pas empêché de vous déclarer sa flamme ; il devrait donc avoir le courage de vous dire et de vous prouver qu’il aime le Seigneur.

Et s’il n’y a rien de tout cela dans son cœur, dans sa conversation et sa façon de faire, alors méfiez-vous, car même s’il est issu de la meilleure famille chrétienne, il est comme ces hannetons de tout à l’heure qui une fois la poussée finie, retombent avec un bruit sec sur le sol.

J’en connais plus d’un de ces jeunes gens, je les vois en ce moment devant mes yeux. Ils ont été élevés dans les nids spirituels les plus enviables. Mais le malheur, c’est que le jour où ils sont sortis du nid pour aller en fonder un autre, spirituellement parlant, ils en étaient encore à la becquée et ils n’avaient pas encore de plumes à leurs ailes.

Et il est parfois bien triste de voir les meilleures de nos filles se laisser courtiser par ces avortons spirituels...

Hou ! s’écrie Cyrano avec dégoût : « J’ai cru voir glisser sur une fleur une longue limace  !!! »

Première conclusion : Quand on n’a qu’une spiritualité empruntée, même si on la tire des supports les plus légitimes, le jour où ceux-ci sont enlevés, tout s’effondre et on s’enfonce dans la pauvreté.

 

II – Elle a eu recours à un support artificiel (2ème emprunt)

Que va maintenant faire cette femme ? Simplement continuer à faire ce qu’elle a toujours fait ! Elle va vivre en comptant sur quelqu’un d’autre. Mais cette fois-ci c’est plus grave. Après avoir vécu une vie empruntée à son mari, son support naturel, elle va maintenant emprunter au créancier, un support artificiel. Elle commet la fatale erreur de vivre sur les provisions d’un usurier. Rien n’est plus dangereux, Jésus nous a prévenu que  le monde ne donne pas comme lui donne. Le monde ne donne pas, il prête. Et quand il réclame c’est le capitale + les intérêts.

L’Eglise peut emprunter au monde mais le monde est un usurier pour elle. Il ne demande que ça, se prêter à l’Eglise... avoir son mot à dire dans une société d’où il est normalement exclu. Et quand il a un pied dedans, il n’en sortira pas jusqu’à ce que ceux qui lui ont emprunté aient payé, et souvent de leurs larmes, jusqu’au dernier quadrant, jusqu’au dernier centime.

Personne ne peut vivre au-dessus de ses moyens, et l’Eglise ne peut vivre au-dessus de sa spiritualité. Et tout ce qu’on emprunte pour en rehausser l’éclat décadent ne sera qu’illusion, et l’illusion ne dure qu’un temps. Israël ne devait ni acheter, ni troquer, ni emprunter à l’Egypte qui est une figure du monde.

 

Nous pouvons aussi emprunter à la chair, cette chair dont l’apôtre inspiré dit qu’elle n’hérite pas du royaume de Dieu (1 Cor. 15 :50).

L’esprit charnel peut pour un temps venir au secours de la spiritualité défaillante mais pour le plus grand malheur de cette dernière. Il peut lui prêter une apparence de bien, d’énergie, de prestance, de zèle, de sagesse, de modernité, mais cette monnaie-là n’a pas cours dans le Royaume de Dieu. Et puis, ces emprunts qu’on aura contracté, 1 Cor.3 :12 les appelle du  bois, du foin et du chaume. Ils seront révélés comme tels au Tribunal de Christ. L’allumette sera alors mise à toute cette pacotille et l’ouvrage de chacun sera révélé par le feu.

 

-   On peut aussi faire du « doping » dans la course chrétienne. Le coup de fouet que les sportifs en tirent peut leur donner le bouquet de la victoire temps en temps, mais à l’analyse  le « doping » se fait rembourser, il s’appelle le « coup de pompe » ou l’élimination pure et simple doublée de poursuites judiciaires. Or, avec Dieu, on ne triche pas !

 

A qui peut-on emprunter ?

-   On peut aujourd’hui emprunter n’importe quoi de n’importe qui.

L’autre jour j’ai reçu 3000 litres de fuel de chauffage  et je n’ai rien payé bien qu’il fut remis dans mes cuves.

L’autre jour encore j’ai rempli un panier de marchandises prises sur les rayons d’une grande surface et je n’ai pas payé en les prenant.

N’allez pas en conclure que j’ai agi sans scrupules. Non ! Dans la semaine qui a suivi la livraison du gasoil, j’ai reçu la facture m’enjoignant de payer dans les dix jours. Et après avoir gratuitement emprunté au libre-service, j’ai dû régler à la caisse.

De plus en plus maintenant on trouve des affiches ainsi conçues : « Achetez maintenant, payez plus tard ». Cette maxime transposée sur le plan spirituel est devenue celle du diable. Péchez maintenant, payez plus tard. Et il fait croire à ses clients qu’on ne leur présentera jamais la facture. Cette philosophie du « mangeons et buvons car demain nous mourrons » conduit à contracter des dettes que seule l’éternité de remords pourra payer. La Bible nous met en garde contre cette solution de facilité par cet avertissement : «  Sache que ton péché te trouvera ». Mais parce que l’échéance semble lointaine, les clients du péché croient pouvoir désobéir à Dieu impunément. Ecclésiaste 8.11 : « Parce qu’une sentence contre les mauvaises actions ne s’exécute pas promptement, le cœur des hommes se remplit en eux du désir de faire le mal ».

Apprenez la leçon de Samson, l’hercule aux yeux crevés. Il a payé son péché par la perte de ses amis, de sa femme, de sa force, de ses yeux et enfin de sa vie. Il a découvert mais un peu tard que le système d’emprunt du diable coûtait trop cher.

Et si vous êtes déjà endettés, il n’y a qu’un moyen d’en sortir : confessez vos péchés au Seigneur qui a payé le montant de notre  dette à notre place en mourrant sur la Croix. L’ayant prise à don compte, il est le seul a pouvoir nous la remettre ; c’est ce que veut dire l’expression  « la rémission des péchés ».  Cette rémission, il est le seul a pouvoir l’accorder car il est ressuscité, donc vivant pour tenir parole. Il purifiera votre cœur selon ce qu’en dit 1 Jean 1 :9 « Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous pardonner nos péchés et nous purifier de toute iniquité ». Ensuite prenez la détermination que par sa grâce et sa direction quotidienne, vous allez vous mettre à vivre une vie dont l’avenir ne sera jamais rempli de regrets et d’amertume par des emprunts de ce type. Mais par dessus tout, ne permettez pas à Satan de vous « duper » en vous faisant croire que vous serez la première personne de l’histoire à vaincre son système d’emprunt.

-    

 

 

Sombre situation.

Pour en revenir à cette pauvre femme, voyez sa sombre situation. Elle a perdu son mari. Elle a perdu son avoir. Elle va perdre ses deux fils. Oh ! le terrible prix à payer. Oh ! l’échéance du désespoir. Elle avait hypothéqué ce qu’elle avait de plus cher au monde, ce qu’elle aimait plus que sa propre vie. C’est ce que le péché fait dans la vie d’un chrétien. Il est une hypothèque mise sur ses plus précieuses possessions. Le péché hypothèque le témoignage auprès de nos familles nos enfants, notre voisinage, de la société dans laquelle nous évoluons, en un mot comme en cent, il dévalue la vie divine que nous portons en nous. Cette Vie, pour laquelle nous préférions mourir plutôt que la perdre, où la renier, c’est cette vie là que nous cautionnons quand nous péchons.

 

-   Que va-t-elle devenir ? Elle est dans une impasse. Pourra-t-elle en sortir ? Que va-t-il se passer ? Il va se passer ce qui s’est passé aux noces de Cana. Dans la vie il arrive que le vin et la joie qu’il représente vient  à manquer et qu’il n’y a plus rien d’autre que des cruches (amphores ou bouteilles) vides. Mais si Jésus est l’invité d’honneur comme à Cana, tout peut changer ; quand le vin de la terre vient à manquer, il vient y suppléer en donnant le vin du ciel. C’est encore ce qu’Il fait aujourd’hui. Il prend des vies qui ont drainé leur dernière goutte de joie terrestre et il les comble de ses bienfaits spirituels. Quand les choses d’ici-bas ne peuvent plus rien, si nous avons le Sauveur avec nous, il nous donnera comme à Cana de nouvelles joies, bien meilleures que celles du monde, et en inépuisable abondance. Qu’ils sont à plaindre ceux qui n’ont pas Christ dans leur vie et à qui il ne reste plus qu’une coupe vide quand le vin de cette terre vient à manquer.

 

Nous avons vu : I – support naturel / II – support artificiel.

 

III – Elle a eu recours à un support surnaturel (3ème emprunt)

C’est à Dieu qu’elle s’adresse dans sa situation inextricable, car il est le Dieu de l’impossible, le Dieu de la dernière extrémité. Paul dit de Lui, qu’il est le Dieu qui délivre ceux qui n’ont plus d’espérance, même plus celle de vivre, et qui regardent pour certains leur arrêt de mort (2 Cor.1 :9).

Et si elle s’est adressée à Dieu au travers d’Elisée, c’est parce que trois choses la poussaient à le faire.

1/ Elle avait conscience de ses besoins

2/ Elle ne pouvait faire face à ses obligations

3/ On allait prendre ses fils

Frères et sœurs, un plus grand que le prophète Elisée est parmi nous ce soir. Mais pour s’adresser à lui, il faut prendre conscience de ces trois choses que ressentait cette femme.

 

1/ Avons-nous conscience de nos besoins ou sommes-nous satisfaits de nous-mêmes comme  l’Eglise de Laodicée qui disait : « Je n’ai besoin de rien » ? Notre stérilité spirituelle ne nous donne-t-elle pas le vague à l’âme ? Est-ce qu’il vous arrive de pleurer sur vous-même ? Les larmes sacrées ne sont-elles pas votre nourriture de temps à autre ? Votre poitrine ne se gonfle-t-elle pas de soupirs après Dieu ? Que Dieu nous accorde la grâce d’être des gens de besoins. Heureux ceux qui ont faim et soif de justice...disait Jésus.

 

2/ Pouvons-nous toujours faire face à nos obligations ?

Je sais, en tous cas, et cela dure depuis que je sers le Seigneur, que c’est souvent in-extremis que Dieu remplit mon vase d’huile, et que s’il ne l’avait pas fait, je me serais retrouvé devant mes échéances aussi impuissant que cette femme devant ses créanciers.

-   Nous avons peut-être reçu des talents, et notre incapacité se démontre en ce que nous sommes incapables de les faire fructifier. Nous avons été les enterrer là où ils ne rapportent que des intérêts en jugement contre nous. Incapables de progresser, de vaincre, de brûler pour le Seigneur. De quand date notre dernière victoire sur nous-même, sur notre caractère ?

 

3/ Avons-nous conscience que comme on allait prendre ses fils qui étaient la lumière de ses deux yeux, le Seigneur nous a menacé d’ôter notre chandelier, notre témoignage si nous ne veillons pas. Connaissons-nous notre situation aussi bien qu’elle la sienne ?

 

IV – Voyons maintenant ce qui va se passer

Elle s’est adressée à celui qui donne autrement que le monde, à celui dont les dons et les appels sont sans repentance, à celui qui a dit : « Demandez et vous recevrez ».

Et Dieu est honoré quand nous nous adressons à lui pour qu’il comble nos besoins, aussi grands soient-ils.

Nous ne sommes pas invités à lui demander la moitié de nos besoins. Elle n’a pas demandé l’intervention pour un de ses deux fils seulement. Elle a présenté ses besoins dans leur entièreté, car elle s’adresse à celui qui pourvoit à tous nos besoins selon ses richesses  et avec gloire comme le dit Phil. 4 :19. Remarquez que ce n’est pas selon nos besoins qu’il pourvoit, mais selon ses richesses et avec gloire. Et qui peut évaluer la grandeur de ses richesses !

 

Le pot d’huile.

Reprenons maintenant notre récit,

-   Qu’as-tu dans ta maison, lui demande Elisée ?

-   Rien !

-   En es-tu sûre ? Regarde bien, n’y aurait-il pas quelque chose de reste ?

-   Ah ! oui ! Un fond d’huile dans un pot. (Certains commentateurs ont émis l’idée que ça pouvait être de l’huile d’onction dont se servait son mari pour des occasions spéciales)

C’est à partir de ce qui reste que le Seigneur veut faire quelque chose, même si c’est à nos yeux une quantité négligeable.

N’avez-vous vraiment rien pour commencer ?

N’avez-vous pas gardé un vieux talent, qui à force d’être cloîtré sent le rance comme de l’huile qui a vieilli ?

Quoi, n’auriez-vous pas cinq pains et deux poissons comme le petit garçon qu’André a amené à Jésus ?

N’y aurait-il qu’un air de nostalgie dans votre âme ? Un soupir de sainteté serait assez pour commencer le miracle et multiplier ces saints désirs et les transmuer en réalités vivantes et palpables.

Pour elle, un fond d’huile dans un pot fut le début d’une aventure de foi ! Et si vous voulez le meilleur de la bénédiction de Dieu, il faut risquer sur Jésus-Christ tout ce que vous avez. Et il faut le risquer avec cette pensée que si il venait à manquer, ce serait la banqueroute. C’est ce que cette femme a fait. Elle a misé tout ce qu’elle avait sur la Parole de Dieu. Et je pense que sa main a tremblé quand elle a versé le peu d’huile qu’elle possédait encore. Je m’imagine volontiers qu’elle a versé dans le plus grand vase en se disant : « Si il doit y avoir un miracle autant que ce soit un qui en vaille la peine. »

 

Quand Elisée l’a envoyée chercher des vases chez ses voisines, cela a dû lui sembler bien étrange. Mais elle était décidée à suivre la Parole de Dieu coûte que coûte. Elle est allée voir les voisins qui savaient qu’elle avait besoin d’argent pour payer ses dettes et qu’elle n’était pas solvable. Mais elle ne leur a pas demandé d’argent, elle leur a demandé des vases, des bidons vides ! Ils ont dû croire que la douleur avait affecté sa raison. On lui a sûrement demandé quel genre de bidons, de vases elle voulait. Pas d’importance, qu’ils soient, longs ou courts, dodus, ventrus, bossus, cornus, pourvu qu’ils voient vides.

 

Un emprunt d’un nouveau genre.

Mais avez-vous remarqué qu’Elisée l’envoie emprunter à ses voisins ? Elle qui a vécu d’emprunt toute sa vie, et qui n’en a récolté que misère, la voici qui s’en va emprunter encore une fois. N’est-ce pas étrange ?

Oui, elle emprunte, mais c’est dans un tout autre esprit que précédemment. Ce que nous ne devons pas emprunter au monde, c’est son esprit. Car c’est de l’esprit du monde que découle tout ce qui se fait de mal dans le monde. Mais n’ayons pas peur d’aller dans le monde pour emprunter leurs lieux à usage séculier et de les remplir l’huile de l’évangélisation et de la spiritualité. N’ayons pas peur d’aller emprunter au monde ses meilleures inventions et de lubrifier ses rouages avec l’huile de l’onction sainte. Empruntons l’électronique et commençons par y verser le peu que nous possédons. Que Dieu, lui, remplisse ces vases jusqu’au ras bord. N’est-ce pas ce que nous faisons ces jours-ci dans cette belle salle municipale qui nous accueille et qui retenti de nos cantiques, de nos prières et de la lecture et de l’étude de la Parole de Dieu? Mais par dessus tout donnons-lui ce grand vase qu’Il désire remplir, notre corps, et qu’au lieu de la vie charnelle à laquelle il est le plus souvent utilisé, nous le laissions remplir par la vie divine. N’est-ce pas ce que dit le fameux texte de Rom.12 1,2 ? « Je vous exhorte, frères, par les compassions de Dieu à offrir vos corps en sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu ». Mais l’apôtre ajoutera prudemment :  « ne vous  conformez pas au siècle présent mais soyez transformés par le renouvellement de votre intelligence afin de discerner la volonté de Dieu bonne, agréable et parfaite ».

Et que tous ces vases, qui servaient un temps à un usage vil, soient maintenant offerts à Dieu pour qu’il les remplisse de sa précieuse bénédiction.

Et agir de la sorte, c’est faire comme cette femme, c’est emprunter au monde sans rien lui céder de la vraie spiritualité.

C’est emprunter au monde sans compromis.

C’est emprunter au monde sans s’appauvrir.

C’est emprunter au monde sans se cautionner, sans hypothéquer.

 

Ce qui est arrivé ?

Il est à peine nécessaire de le rappeler. La provision divine couvre les erreurs du passé. La valeur de l’œuvre divine paie la dette du passé, assure abondamment le présent et contient une garantie  pour l’avenir. Jusqu’à quel point Dieu est-il intervenu ? « Tant qu’il y aura des vases »… C’est-à-dire que Dieu va jusqu’à nos disponibilités. Le flot ne dépendait pas de Dieu. Il dépendait des vases.

Combien ce soir vont-ils se rendre disponibles pour Dieu et vont crier à lui pour qu’il les remplisse de sa plénitude ? Car si l’huile est un symbole du Saint-Esprit, cette image veut donc nous dire : Soyez remplis de l’Esprit (Eph. 5 :18).

Il y a une délivrance pour quelqu’un ce soir, quelqu’un  qui  se découvre insolvable comme cette femme face à son déficit spirituel, mais qui va s’adresser à Celui qui est plus grand qu’Elisée.

Nous nous inclinons dans la prière. Seigneur, il y a des échéances auxquelles certains de tes enfants ne peuvent pas faire face. Tu t’es révélé à nous ce soir comme le Dieu de cette femme acculée à la faillite, comme le Dieu d’Elisée, mais surtout comme le Dieu qui, en Jésus-Christ, vient lui-même régler le contentieux qui existe entre nous et toi. Merci, ô Dieu, de ce qu’en Jésus tu nous a signé un chèque en blanc qui comble tout le passif de notre vie. Ainsi libérés de la condamnation qui nous menaçait, nous nous engageons à ne plus désormais emprunter que de toi et des infinies ressources de ta Grâce que tu mets librement à notre disposition. Merci de nous avoir ouvert un tel compte à la banque de ton ciel. Amen.

La chambre du prophète

2 Rois 4. 8-16

Dans ce récit, nous sommes à Sunem, petite ville qui, plus tard, au temps de notre Seigneur prendra le nom de Sychar et fera partie de la Galilée. Elle s’appelle aujourd’hui Naplouse.  C’est là que vit une famille pieuse, un couple sans histoire. Les gens heureux, dit-on, n’ont pas d’histoire ! Mais il a plu à Dieu de les faire sortir de l’ombre et, en les faisant venir au premier plan, de nous donner une leçon de premier choix.
Avant d’entrer dans le vif d’un sujet si lumineux, laissez-moi vous parler de sa seule ombre au tableau.
- Nous trouvons la femme à l’avant plan, alors que le mari aurait dû s’y trouver.
Il avait une piété défensive et effacée. Elle, avait une piété offensive.

Cet homme est l’inverse d’Abraham. Lorsque les anges vinrent rendre visite à Abraham aux chênes de Mamré, c’est lui qui prit les rênes en main et entraîna Sara sa femme dans une piété toute pratique : “ Vite, prends trois mesures de fleur de farine, pétris et fais des gâteaux ” Lui, de son côté court à son troupeau, choisi un veau tendre et bon et le fait préparer. Mais ici dans ce récit qui nous intéresse, c’est elle qui prend l’initiative.
- Est-ce un mal, me direz-vous?
- Assurément non, mais c’est toujours dommage quand un homme ne tient pas sa place et, dans un sens plus étendu, quand un chrétien n’occupe pas le poste que Dieu lui a confié. Oui, c’est toujours dommage  quand une Déborah doit forcer la main à un Barak ;  quand un inconnu comme Simon de Cyrène doit se charger de la croix de Jésus, alors que Pierre et les autres auraient dû être là pour le faire ; quand Dieu doit mettre en première ligne des êtres qui par leurs dispositions naturelles sont faits pour être plutôt en retrait.
Oui, c’est la seule ombre au tableau, mais il n’y a d’ombre que sur lui, et pas sur elle. Cette femme remarquable n’usurpe rien. Elle ne brille que par l’absence d’éclat de son mari. Quand la lune brille fort, c’est que le soleil est absent. Et de même on est forcé de dire avec tristesse que si il y a de grands chrétiens dans le monde, c’est peut-être parce qu’il y a trop de petits chrétiens ! La grande lumière des uns peut n’être due qu’à l’absence d’éclat des autres. Or nous devrions tous, hommes et femmes,  jeunes et vieux, être des champions pour Jésus-Christ.
Puisque c’est cette femme qui est à l’avant plan, c’est surtout d’elle que nous allons parler ce soir.

Femme de distinction
Nous découvrons qu’elle est qualifiée de distinction. La distinction dont Dieu parle ici, n’est pas celle de sa position, de son éducation ou de sa naissance ou de sa fortune.
Certes elle devait provenir d’une famille aisée, et vivre elle-même dans l’aisance car ils avaient des employés de maison. Cela veut dire que si Dieu recrute ses enfants dans les couches les plus humbles de la société, il n’en fait cependant pas une règle. Saul de Tarse était l’intellectuel de son temps et lorsque après sa conversion spectaculaire sur la route de Damas  il prêcha à l’Aréopage d’Athènes, parmi les gens qui se convertirent, il y avait des gens de qualité comme Denys l’Aréopagite et une femme non moins distinguée nommée Damaris. On peut être de haute naissance, et être pieux.
- Mais ce qui distinguait surtout cette femme, c’était sa grandeur d’âme et sa spiritualité. L’intérêt pour les choses de Dieu sera toujours un sujet de distinction.  Quelqu’un qui commentait la piété du roi de France Louis IX  a pu dire dans notre siècle où les valeurs chrétiennes font plutôt sourire : La sainteté ne passe pas de mode ! Et si cela était vrai au temps des rois apostats d’Israël, cela est tout aussi vrai de nos jours, où l’irréligion et l’indifférence tiennent le haut du pavé et où la plupart des ceux qui ont une religion ne se distinguent en rien de ceux qui n’en ont pas. La vraie piété elle, et j’appuie sur le mot « vraie » sera, toujours un sujet de distinction, car ceux qui en vivent, seront toujours pour ceux qui n’en vivent pas, des gens pas comme les autres, avec un quelque chose de différent, avec des actes ayant une portée qui leur échappe. La vraie piété donne à la vie une tonalité qui la distingue de celle des autres.

 

Son Credo.
- Ce qui la distinguait, ce n’était pas tant un credo différent de celui des autres, bien qu’à certains égards. Son credo c’est surtout celui se son attachement au seul vrai Dieu comme l’appelle l’Ecriture au milieu des idole du paganisme grandissant en Israël.
Il est aussi vrai qu’on peut toujours, avec un peu d’imagination, se distinguer des autres à bon compte. Il me suffirait d’aller acheter à la Société Biblique une belle et grande Bible à reliure en cuir blanc pour qu’on me connaisse comme le prédicateur à la Bible blanche ! ! La couleur de la couverture de ma Bible deviendrait mon misérable objet de distinction.
Non, ce qui distinguait cette femme, ce n’était pas seulement la couleur théologique de son credo, mais le fait qu’elle vivait son credo.

 

L’hospitalité. 

Parmi les éléments qui lui prêtaient sa distinction, il y avait son hospitalité.
A peine a-t-elle reconnu le serviteur de Dieu qu’elle se dépense pour lui. Cette femme a la vision, non pas de ses peines, de ses odeurs de cuisine, d’une charge supplémentaire, mais elle a, comme Moïse, les yeux fixés sur  la rémunération, et elle sait déjà par avance ce que Jésus dira plus tard, “ un verre d’eau donné en mon nom à l’un de ces petits, ne perdra pas sa récompense ”, aussi s’empresse-t-elle de lui donner tout un repas. Voilà du travail qui n’est pas perdu et qu’elle retrouvera dans l’Eternité à venir. Tout travail n’est pas vain quand il est fait dans le Seigneur, nous dit 1 Cor. 15 :58 “ Ainsi mes frères, soyez fermes, inébranlables, abondant toujours dans l’œuvre du Seigneur, sachant que votre travail n’est pas vain dans le Seigneur ”.

Il était sans doute de bon ton, déjà à cette époque reculée, de se faire prier avant d’accepter l’offre de quelqu’un car elle dut vaincre la réserve du prophète. Elle le pressa, elle insista avec tant de persuasion qu’il finit par accepter.
Dans toute entreprise, même spirituelle, c’est la première fois qui coûte le plus. Voyez le résultat : son premier acte lui est devenu une bonne habitude, et Elisée lui aussi a pris l’habitude de ses bonnes habitudes ; il est devenu l’hôte attitré de la maison.
- Mais pour en arriver là, elle a dû prendre de l’initiative, créer l’occasion. Quelles possibilités s’offraient à une femme de son époque ? Bien peu. La bienséance voulait que la femme reste confinée dans son petit monde à elle, et qu’elle ne connaisse rien ou si peu en dehors de son petit horizon . Et c’est justement dans son petit monde étroit et à courte vue, que cette femme a mis des choses grandes et de portée éternelle. Quelles sont les possibilités pour la femme moderne où son émancipation  est chose acquise ? Si elle le veut, son horizon peut être aussi large que celui de son mari. Tant de droits lui sont acquis aujourd’hui que la femme chrétienne qui ne prend aucune initiative spirituelle est celle qui ne veut en prendre aucune.

 

Petit commencement.
- Cette femme a commencé par donner un repas, puis toute une série de repas. Ah, si certaines sœurs voulaient donner … Euh, au fait, c’est vrai, que pourrait-elles bien donner ? Eh bien, pourquoi ne donnaient leur mari de temps à autre pour une visite aux malades ou aux personne âgées de l’Eglise ou à une famille d’ inconvertis ? Elles prendraient peut-être la bonne habitude de le donner pour une série de visites ponctuelles ou pour faire un remplacement de prédication que l’occasion impose.
Oh, je sais que si je continue je vais me faire mal voir à la sortie. Serait-ce un sujet qui fâche ? Tant pis, je continue !
On les a connus fiancés ; ils étaient pleins de bonnes résolutions. Ils ont décrété d’un commun accord que Dieu aurait la première place dans leur vie de couple et qu’aucun d’eux ne ferait obstacle à l’autre pour servir le Seigneur.
Mais, je vous le demande, où sont ces belles résolutions un an après le mariage ? Toutes ses soirées, il devra les passer près d’elle, rien que pour elle. Il ne pourra pas envisager de donner au service de Dieu, ne fut-ce qu’une petite soirée par semaine pour la cellule de prière, ou une par mois pour des réunions spéciales. Et s’il le fait malgré tout et malgré elle, ce sera au risque de la paix du foyer. S’il a du sang dans les veines, il passera outre aux récriminations égoïstes de son épouse ; mais si au lieu de sang dans les veines, il n’a que du jus de citron, il cèdera et se tiendra coi, et c’est l’œuvre de Dieu qui en pâtira.
Je sais qu’il est des maris qui, rentrant un peu tardivement après une visite d’Eglise, savent  que moues et mauvaise humeur les attendent à la maison. En chemin leur prière monte à Dieu pour qu’il attendrisse le cœur de « La mégère (pas encore) apprivoisée » de William Shakespeare ! ! ! 

Toutefois, je m’empresse de le dire, toutes les femmes ne sont pas des mégères et toutes les sœurs ne peuvent pas non plus donner leur mari, c’était le cas de cette femme de distinction. C’était à lui de prendre l’initiative, d’aller au-devant du prophète, à faire les frais de la conversation, mais son engagement n’allait pas jusque là. Ne pouvant donc pas donner un mari, elle a donné ce qu’elle pouvait : un repas. Peut-être, mes chères sœurs, avez-vous un mari comme celui-là. Si c’est le cas, comme je vous plains ! Alors, demandez à Dieu la grâce de voir ce que vous pouvez faire pour le Seigneur. Et il vous le montrera, soyez-en sûres.

 

Réactions en chaîne

 

Mais ce n’est pas tout. Une première initiative en crée une autre. Le bien, comme le mal, produit aussi des réactions en chaîne. Son hospitalité vient de lui offrir le couvert, maintenant elle veut aussi lui offrir le gîte.
On s’étonne parfois du chemin parcouru par certains chrétiens, mais il n’y a pas lieu de s’étonner. La fin de cette histoire serait bien faite pour nous étonner si nous ne savions pas qu’elle a débuté par une chose toute simple, comme le don et la préparation d’un repas. Et c’est une succession de choses petites en elles-mêmes, qui ont donné un tel relief à la vie de cette femme.
Le principe de cette femme est simple, même si c’est une lapalissade et nous devrions tous nous en inspirer :  “ Pour arriver quelque part, il faut partir d’où l’on est ”.  Et parmi les résultats atteints il y a celui-ci : son esprit d’initiative communique à son mari le désir d’enfin faire quelque chose pour Dieu, et ils finissent pas s’y mettre à deux. Au couvert, ils vont maintenant ajouter le gîte.

 

Ils veulent donc offrir l’hospitalité, mais cette hospitalité n’a rien de magique, elle ne sort pas comme un lapin du chapeau du prestidigitateur. Ils devront la créer. Ils devront aller jusqu’à faire construire une extension à leur maison (Heureusement pour eux qu’à cette époque  les tracasseries de l’urbanisme et du permis de construire n’existaient pas !)

 

Deux motivations.

-         Il y a me semble-t-il, deux raisons qui ont  motivé cette construction.
La première est celle-ci : C’était trop petit chez eux, ils auraient  été à l’étroit, alors ils ont décidé d’élargir. Ne trouvez-vous pas qu’il fait trop petit chez nous ? Il y aurait peut-être pas mal d’espace à bâtir pour en arriver à pouvoir dire comme Paul : “ Ô Corinthiens, vous n’êtes pas à l’étroit dans notre cœur ”.
C’est vrai qu’on peut avoir un cœur trop petit. Parce que l’hospitalité ne se fait pas seulement dans les limites de la propriété, mais surtout dans les limites du cœur. Et puisque l’hospitalité est un état d’âme, ce dont nous avons besoin, c’est d’une grandeur d’âme, où nos invités se sentent à l’aise. Cette grandeur d’âme nécessaire pour accueillir les autres, c’est Jésus qui l’incarne et qui la donne, car Lui, le Fils de l’homme qui n’avait pas un lieu pour reposer sa tête, qui n’avait pas une maison pour offrir l’hospitalité, a néanmoins offert à tous la vraie hospitalité du cœur, celle qui lui a fait dire : “ Venez à mois vous tous qui êtes fatigués et chargés et je vous donnerai du repos… ”
La deuxième raison qui est peut-être la bonne est celle qui nous est rapportée au verset 10: “ afin qu’il s’y retire ”, c’est-à-dire : afin que chez eux, il ait son chez soi. Vous saisirez mieux la nuance si je vous l’illustre. Il y a deux façons d’accueillir les gens en leur disant :

-         1/ Faites-vous de la maison, ou

-         2/ Faites comme chez vous.
                                                                                   
Quand on dit : “ Faites-vous de la maison ”, d’une certaine façon on limite la liberté de l’autre en l’astreignant a prendre des habitudes qui sont les nôtres.

-         Mais quand on lui dit : « Faites comme chez vous » on le libère de tout car on lui permet d’être dans ses habitudes  et de tomber la veste quand ça lui plaît.

-         Et c’est cette distinction subtile mais empreinte de délicatesse que je retrouve dans cette phrase : “ afin qu’il s’y retire » ” c’est-à-dire afin qu’il se sente chez soi.
Est-ce que les autres peuvent venir à nous ? Est-ce qu’avec nous les gens se sentent chez eux, à leur aise, ou sentent-ils qu’ils gênent ? Notre cœur est-il disponible pour les autres ?
Regardez Jésus. On se sentait chez soi à son contact. N’importe qui avait accès auprès de lui. Et tout en les entreprenant sur leur terrain à eux, il laissait derrière lui quand il les quittait des hommes et des femmes qui n’étaient plus jamais les mêmes.

-         La Vraie hospitalité
Mais  il faut bien le reconnaître, il y a plusieurs genres d’hospitalité, comme aussi il y a plusieurs genres de communion fraternelle.

I – Celle de l’obligation.

-         Il y a celle de l’obligation comme  celle de l’hôtelier qui n’avait pas de place pour Jésus dans son auberge et qui au mieux lui a cédé son étable. C’était sa façon à lui de ménager la chèvre et le chou ! C’est une hospitalité qui s’inquiète non pas des autres mais de soi-même. On verra c’qui reste, peut-être qui rest’ben un p’tit coin quéq’part ! On verra s’il reste assez de force à la commissure des lèvres pour esquisser un sourire  ou assez de vigueur dans les doigts pour ne pas  serrer la main comme une chiffe molle. On trouvera bien quelques phrases conventionnelles à dire..

II – Celle de la courtoisie
Il y a celle de la stricte courtoisie. “On va lui faire quatre murs ”
Oui, peut-être quatre murs nus, blanchis à la chaux, sans un tableau pour égayer l’ensemble. Autrement dit, une courtoisie, une affabilité dure et nue, qui laisse dans l’âme de celui avec qui on communie de la sorte, un grand vide et une grande tristesse.
 Autrement dit c’est la communion des quatre murs qui sentent les quatre planches,  car rien n’est courtois, rien n’est policé, rien n’est digne et feutré comme une chambre mortuaire.

III – Celle du cœur
Il y a celle du cœur, C’est celle qui meuble la chambre d’un lit, d’une chaise, d’une table, d’un chandelier, de quelques fleurs dans un vase et qui y accroche un tableau au mur.
C’est la communion du cœur qui meuble la vie des autres. La communion avec Jésus était toujours une source d’enrichissement. Même ses détracteurs ont dû dire : “ Jamais homme n’a parlé comme cet homme ”. Il offrait une communion avec un cœur. Il mettait dans la vie des autres une empreinte indélébile. Il meublait la vie des autres de sa bonté, de sa beauté morale, de sa noblesse. Personne ne rentrait à vide de la communion avec Jésus. Et c’est à cela que nous devons tendre, dans notre communion fraternelle. J’ai appris d’un frère en Christ que la poignée de main qu’il donnait à un frère était différente de celle qu’il donnait aux autres. Il y mettait une chaleur particulière.

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L’ameublement de l’hospitalité

 

Voyons de quoi nous pouvons meubler notre hospitalité :
a) Un lit.
Quand le prophète arrivait, il était lassé, fatigué de la route. Il trouvait dans l’hospitalité offerte de quoi reposer sur un lit son corps fatigué. Le lit représente le lieu où on peut s’étendre,  se détendre, s’en remettre à un repos réparateur.
Si le Seigneur nous a donné la communion fraternelle, c’est parce que tous, à des degrés divers, nous sommes lassés, fatigués et même meurtris par la vie. Personne n’y échappe, et même celui qui dans son cœur offre le plus souvent l’hospitalité à d’autres, est celui qui a aussi besoin de la communion des autres. Les plus forts auront toujours un compartiment de leur vie qui connaîtra la lassitude et ils seront tout heureux de trouver cette communion qui sera pour eux la détente nécessaire, et qui aura pour leur âme la douceur moelleuse que le lit offrait au cœur et au corps du prophète. Aussi n’oublions pas d’orner la chambre de notre communion d’un lit de repos. Le lit peut aussi représenter la première action possible de l’amour fraternel envers les accidentés de la vie car le repos est un des premiers soins qu’on donne aux blessés. Jésus avait meublé son hospitalité d’un lit car il a dit : “ Venez à moi vous tous qui êtes fatigués... et vous trouverez le repos pour vos âmes ” (Matt. 11 :28,29).

b) Une table.
Mais il ne faut pas qu’un lit à notre hospitalité. Les genoux chancelants dont nous parle Pierre ont besoin d’être affermis par autre chose qu’un repos. Il leur faut un repas, la table chargée de nourriture, solide et liquide. Jésus avait une communion ornée d’une table. Il proposait à tous sa chair pour nourriture et son sang pour breuvage. Il l’expliquait en disant en Jean 6 que manger sa chair, c’était venir à lui et que boire son sang, c’était croire en lui. Et cette hospitalité garnie d’une table, nous pouvons la donner, car si nous croyons en lui, des fleuves d’eau vive couleront de notre sein nous dit la chapitre suivant. Si les autres ne trouvent pas dans notre communion une table dressée, c’est peut-être parce que nous n’avons rien à mettre dessus. N’aurions-nous pas pour les autres un verre de cette eau qui désaltère pour l’éternité?
Je sais par expérience qu’on peut passer soi-même par un temps de sécheresse spirituelle et se trouver comme incapable de donner aux autres. Mais que dire quand cette situation devient chronique ? Quand un puit ne donne plus d’eau à la saison sèche, on attend la saison des pluies, mais si même à la saison des pluies l’eau fait défaut en permanence, on le rebouche. Quand le figuier ne porte pas de fruit à mettre sur la table, le Seigneur attend un an, mais si la situation se prolonge, il y met la cognée. Pas une goutte d’eau pour les autres dans notre cœur ? Pas un fruit pour les autres au figuier de notre vie ?

c) Une chaise.
Le mot hébreux est décrit dans ma concordance comme désignant une sorte de tabouret capitonné d’étoffe. Nous l’appellerions peut-être aujourd’hui un “ pouf ”. Certes, je ne l’appellerais pas un prie-Dieu, mais c’est la pièce d’ameublement la plus propice pour passer de la station debout à la position agenouillée. Il suffit de ployer les genoux et on est en prière.
Nous avons là le troisième élément indispensable à la communion fraternelle. C’est peut-être le meuble qu’on voit le moins, mais ce n’est pas le moins important. Qu’est-ce que la communion si elle n’est pas accompagnée de l’intercession ? Si Jésus savait si bien parler aux hommes, c’est tout d’abord parce qu’il savait très bien parler à son Père. Ses paroles aux hommes étaient toutes empreintes des conversations qu’il avait eues avec Dieu. Il priait avec instance pour ses disciples et avec eux, et il nous a aussi montré ce que Paul dira plus tard, que nous devons prier en tout temps et  les uns pour les autres.

d) Un chandelier.
Il y avait une lampe, une lumière dans la chambre. Et cela nous apprend que pour Elisée le grand prophète, cette femme remarquable était une lumière, une illumination. Oui notre hospitalité doit être un éclairage, une inspiration pour les autres. Il ne suffit pas de leur donner le repos, le repas, la prière, il faut encore les aider à y voir clair dans leur cheminement, dans leur appel et ils ont besoin de cet éclairage que représente la lampe qui illumine.
Je bénis Dieu d’avoir souvent placé sur mon chemin des frères et des sœurs qui ont été pour moi le lit, la table et le tabouret de la communion chrétienne, mais qui ont aussi été une lampe et une inspiration. Je bénis Dieu parce que certains petits actes de leur vie ont été une lumière pour m’éclairer et une inspiration pour aller de l’avant. Et j’ai aussi su que chez eux il y avait l’hospitalité du cœur et que leur vie était pour les autres un repos, un repas, une prière, une illumination.

La récompense.
Il est bon de relever qu’en plus cette femme n’était pas vénale. Non, sa piété n’était pas à vendre ! Elle aimait Dieu non pour ce qu’il lui apportait pour ce qu’il était. Mais Dieu n’est jamais notre débiteur. L’épître aux Hébreux 6.10 dit qu’il n’oublie pas notre travail d’amour et qu’il le récompensera.
Et c’est dans le choix de sa récompense que nous trouvons la profondeur de la piété de cette femme. Elisée lui fit dire : Faut-il parler pour toi au roi ou au chef de l’armée ? Que va-t-elle choisir ? Ni l’un ni l’autre car les hommes ne peuvent  rien pour elle. Ce n’est pas le roi ni le chef de l’armée, c’est le Roi des rois et l’Eternel des armées qui seul pourra lui apporter ce que désire son cœur. Ce qu’elle veut c’est, comme le dit Prov. 10 :22 ,« la bénédiction de l’Eternel  qui enrichit et qui n’est suivie d’aucune peine ». Ce qu’elle désire, Dieu seul d’ailleurs peut lui donner, elle veut un fils et Dieu seul est celui qui a le pouvoir de faire vivre. Nous avons de la peine à nous imaginer ce que cela représentait pour une femme juive de cette époque de ne pas avoir d’enfant. On peut mieux l’évaluer aux paroles d’Elizabeth, la future mère de Jean-Baptiste quand elle s’écrie à l’annonce de la promesse de naissance : “ Le Seigneur as ôté mon opprobre parmi les hommes ”. Et effectivement, un an après, cette femme serrait sa précieuse récompense dans ses bras. Son opprobre avait été roulée. Est-ce que la stérilité de notre vie chrétienne a été roulée ? Avons-nous des enfants spirituels ?  N’est-il pas écrit : « Celui qui gagne des âmes est sage » ?(Prov.11 :30).  Si nous lisons plus loin, nous voyons que son histoire ne s’arrête pas là. Ce fils unique et bien-aimé mourut frappé de ce que nous appellerions aujourd’hui une méningite foudroyante.
Il est vrai que le diable essayera toujours de nous ravir le fruit, le prix de notre travail d’amour. Mais Jésus a dit : “ Je veux que vous alliez et que vous portiez du fruit et que votre fruit demeure ”. Il n’est pas dans les plans de Dieu que nous que nous laissions entre les mains de l’adversaire le fruit de nos plus belles expériences, de nos plus grands travaux. Et pour que le fruit qu’il lui avait donné demeure, Dieu lui a rendu son fils par la résurrection.
Et ainsi, cette initiative qui a débuté par un simple repas donné au nom du Seigneur, trouve un épilogue glorieux car l’histoire de cette femme se retrouve dans le chapitre 11 :35 de l’épître aux Hébreux ; dans la galerie des héros de la foi, on y trouve condensé en une courte phrase : « Par la foi...des femmes recouvrèrent leurs morts par la résurrection ».  Ainsi, au milieu de noms célèbres comme Abel, Noé, Abraham, Moïse … nous retrouvons celui de cette femme dont le droit à l’immortalité a été scellé par un repas donné au nom du Seigneur.