Calvin prouve par les Pères que certaines doctrines romaines s'écartent de la foi "catholique" et sont donc "hérétiques".
Ces Pères anciens ont écrit avec sagesse des choses excellentes, il leur est aussi arrivé, de se tromper.
Nos détracteurs adorent seulement les erreurs et les fautes des Pères comme si leur seul souci était de recueillir de la fiente dans de l’or.
Il n’est pas question d’observer une même règle pour le bornage des champs et pour l’obéissance de la foi.
Pourquoi ne prennent-ils pas pour Pères les apôtres eux-mêmes, dont il n’est pas permis d’arracher les bornes, plutôt que tout autre?
s’ils veulent que les limites des Pères soient observées, pourquoi les franchissent-ils si audacieusement?
Il était Père celui qui a dit que voir, dans les temples des chrétiens, une image ou de Christ ou de quelque saint était une horrible abomination(28). Cela n’a pas été dit seulement par un homme particulier, mais a aussi été décidé par un concile ancien (Concile d’Elvire)(29) : que ce qu’on adore ne soit ni une peinture ni un portrait. Il s’en faut de beaucoup qu’ils respectent ces limites, lorsqu’ils ne laissent pas le moindre petit coin vide de simulacres dans leurs églises.
Un autre Père de l'Eglise (Saint Ambroise) a conseillé de laisser reposer les morts après avoir effectué leur sépulture(30). Nos détracteurs débordent les limites lorsqu’ils requièrent qu’on se préoccupe constamment des défunts.
C’est aussi un Père (pape saint Gélase Ier), qui a dit que la substance et la nature du pain et du vin demeurent dans le sacrement de la cène(31). Ils ne tiennent pas compte de cette limite lorsqu’ils font croire qu’immédiatement après que les paroles sacramentelles ont été récitées, la substance du pain et du vin est anéantie.
Ils étaient également des Pères de l'Eglise ceux dont l’un a ordonné que soient entièrement rejetées de la participation à la cène les personnes qui, prenant l’une des espèces, s’abstenaient de la seconde(34).
Saint Augustin était aussi au nombre des Pères de l'Eglise: il affirme qu’il est illégitime de déclarer quelque chose d’obscur sur un point ou sur un autre, sans témoignages clairs et évidents de l’Écriture(37). Nos détracteurs ont bien oublié cela en élaborant des constitutions, des canons et des décisions doctrinales, sans une seule parole de Dieu.
C’est un Père qui a soutenu que le mariage ne devait pas être interdit aux ministres de l’Église, et qui a déclaré que la compagnie d’une femme légitime était l’équivalent de l’état de chasteté(41) ; et ceux qui étaient d’accord avec lui étaient des Pères de l'Eglise(42). Ils ont franchi la limite, quand le célibat a été ordonné à leurs prêtres.
Saint Cyprien a écrit: "on doit écouter Christ seul, n’ayez pas égard à ce qu’auront fait ou dit les autres avant nous,
mais suivez seulement ce qu’aura commandé Christ, qui est le premier de
tous"(43). Il était un des plus anciens Pères de l'Eglise.
Nos détracteurs ne se sont pas maintenus dans ces limites et n’ont pas permis que les autres s’y maintiennent,
lorsqu’ils ont institué au-dessus d’eux, comme des autres, des maîtres nouveaux en dehors de Christ.
C’est un Père (Saint Augustin) qui a maintenu que l’Église ne doit pas se préférer à Christ, puisque lui juge toujours droitement, mais que les juges ecclésiastiques, peuvent souvent se tromper(44). Ils rompent bien une telle limite en estimant que l’autorité de l’Écriture dépend du bon plaisir de l’Église(45).
J’aurais trop à dire si je voulais exposer avec quelle insouciance ils rejettent le joug des Pères de l'Eglise, dont ils disent vouloir être les obéissants disciples. Il me faudrait y passer des mois et des années. Et pourtant, leur impudence est telle qu’ils osent nous reprocher de ne pas respecter les limites anciennes des Pères de l'Eglise!